CHRONIQUE PAR ...
Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Jorge Herrera
(chant)
-Jake Kolatis
(guitare+chœurs)
-Rick Lopez
(basse+chœurs)
-Marc Eggers
(batterie)
TRACKLIST
1) My Blood, My Life, Always Forward
2) Behind Barbed Wire
3) Resistance
4) Modern Day Slaves
5) Warriors on the Road
6) South East Asian Rebels
7) Morality Police
8) Brick Wall Justice
9) Always Walk Alone
10) Constant Struggle
11) It's Coming Down on You
12) Life On the Line
13) No Hope
14) Corazones Intoxicados
15) Soul of Fire (bonus track)
16) Voice of the Outcast
DISCOGRAPHIE
Alors pour vous faire une idée sur The Casualties, ben imaginez-vous que The Exploited ait été cryogénisé dans les années 80, en plein rush punk britannique, et qu'on les aurait réveillés de l'autre côté de l'Atlantique il y a quelques semaines pour leur faire sortir un album, sauf qu'on aurait changé le nom du groupe. Le look typique de l'époque est respecté avec une orthodoxie presque flippante, idem pour la musique pratiquée. Résultat : street punk, motherfuckers ! Pour autant, même le street punk le plus basique mérite qu'on s'intéresse à lui, bah oui ! En plus celui pratiqué par The Casualties n'est pas dénué de tout intérêt...
Bon, autant être cash, ça ne casse pas non plus des briques. Les fans de punk ne seront pas déçus, voire seront plutôt comblés sans être transcendés, mais les autres, les profanes, ne risquent pas non plus d'avoir l'impression qu'on se fout de leur gueule, ce qui est déjà pas mal. Pas de fioritures (un euphémisme), une prod' correcte (étonnant, seraient-ce alors des fake ? Honte à eux !), un poivrot aviné qui beugle des paroles anti-à-peu-près-tout avec une voix à la Blackie Lawless rappelant également, sans grande originalité, les vocaux d'un Ceremony ou encore d'un Fucked Up pour prendre des références un peu plus contemporaines. Sur le fond, pas de révolution donc, du bon gros punk hardcore à l'ancienne à fond dans son cahier des charges à crête et à pointes. En général, les morceaux commencent sur un riff pas bien compliqué suivi par une lead en mode alarme / sirène (rayez la mention inutile), le brave Jorge Herrera éructe quelques lignes pas très sympa avec l'ordre établi, le refrain arrive et il est soutenu presque systématiquement par des « woooh oooh hooo » tellement typiques du genre qu'on se croirait dans un petit train touristique traversant le village du street punk à l'anglaise ("Behind Barbed Wire", "Modern Day Slaves" et tant d'autres)... Joué par des Yankees ou pas, la recette est la même, pour tout dire y a même des « oÏ oï oI » de partout ("Warriors on the Road"). Et c'est à peu près la même recette sur chaque morceau, batterie « poum-tac-poum-tac », basse au diapason, riffs simples, redondants et sans aucune forme d'originalité mais bien accrocheurs au demeurant, etc ("Morality Police", "Life On the Line").
Les thèmes abordés sont aussi clichesques que la musique, pour autant on sent le groupe très concerné et sincère dans son propos : gouvernement, religion, ordre, police et autres militaires, tout le monde en prend bien pour son grade à base de « You can't control us - woooh hooo ohhh, (évidemment)» et c'est toujours aussi efficace et rafraichissant. S'étendre sur les lyrics rendus difficilement intelligibles par l'accent au hachoir du frontman et sa façon d'éructer de façon très énervée est un peu inutile, encore une fois on est dans du classique de chez classique, les titres des morceaux suffisent à s'en convaincre ("Constant Struggle", "Resistance"). Le tempo est majoritairement élevé, ce qui aurait tendance à placer The Casualties du côté des groupes de punk plutôt bourrins (à la différence d'un Ceremony, par exemple) et à les rapprocher de la scène hardcore (pas mal de riffs rappellent, sans erreur possible, les canons du hardcore old school). Après, l'ennui avec ce genre de combos est et restera toujours cette terrible impression de redondance, qui s'installe après seulement quelques minutes pour ne plus jamais quitter l'auditeur. Un peu comme à un concert de The Exploited quoi, on se demande si les mecs ne jouent pas plusieurs fois le même morceau à différents moments tant certains riffs, certaines lignes de chant (d'autant que le bonhomme ne varie pas sa voix d'un iota, street cred' punk oblige, il va pas chanter correctement non plus, si ?) et surtout certains chœurs se ressemblent jusqu'au quasi-mimétisme. Donc à moins d'être un authentique zélote du street punk (auquel cas, bonne chance dans la vie !), cet album fatiguera assez vite l'auditeur malgré une prod' vraiment bonne pour le genre pratiqué et une énergie débordante.
Très loin d'être un mauvais album donc, Resistance est à se passer si vous êtes vraiment vénère contre cette aliénante société de consommation et que vous avez envie d'entendre d'autres gueuler tout haut ce que vous vous dites tout bas. Loin d'être un chef d’œuvre également, mais là n'est pas le propos, on parle de street punk, donc bon, l'ampleur des compositions, l'originalité, la technique, le feeling, les morceaux inoubliables, pour tout ça faudra repasser. L'aspect brûlot revendicateur est réussi, pour un résultat pas désagréable bien qu'un peu « hors du temps ». A conseiller aux gros fans du genre sans grand risque de se planter. Les autres auront l'impression d'écouter du The Exploited, et ils ne seront pas bien loin de la vérité.