CHRONIQUE PAR ...
Archaic Prayer
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Kev "Screaming" Mahoney
(chant)
-Kurt Habelt
(guitare)
-Henry Clarke
(basse)
-Rob Williams
(batterie)
TRACKLIST
1) Drop Dead
2) Conform
3) Life of Hate
4) Starvation
5) Armageddon
6) Sad but True
7) Walls
8) Cold War
9) Grim Reaper
DISCOGRAPHIE
Il est acquis que Venom et Discharge, par un heavy pur et dur pour le premier et un punk particulièrement enragé pour le second, ont créé une fissure où l'ensemble du thrash et du hardcore s'est engouffré. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est plutôt le thrash / hardcore américain, emmené par Cryptic Slaughter et D.R.I. Leur point commun ? Avoir commencé par le hardcore le plus énervé, puis avoir absorbé les accents métalliques du moment par la suite. Et surtout avoir influencé le grindcore de Napalm Death, les débuts de Bolt Thrower et de Doom, par exemple.
Mais s'il existe un groupe qui a marqué le genre par un seul enregistrement, c'est bien Siege. Groupe de hardcore kamikaze, il constitue un sacré OVNI, culte parmi les moshers et punks du monde entier. Leur carrière, nantie en tout et pour tout de deux enregistrements en studio et à la radio, puis un passage à la télé locale de Boston, ne laisse aucune place au doute quant aux influences du tarés aux baguettes et à la double pédale qu'est Mick Harris (même le fait que l'EP contienne deux enregistrements distincts est un signe !). Réunis dans un CD en 1994 par Relapse records, puis un vinyle récemment, les morceaux se scindent en deux : huit titres dans la même veine rongée par le même cancer que chez D.R.I, puis un morceau long rappelant plus tard le délire free-jazz de John Zorn. Mais rarement un E.P. aura été aussi court et si extrême, aux côtés du Violent Pacification du groupe cité. Haineux, spontané et urgent, Siege venait en 1984 d'égaler le record de vitesse à la batterie, et venait de créer un punk particulièrement corrosif aux côtés d'autres groupes comme Negative Approach ou SS Decontrol.
La première partie vous lâche un gros hardcore bien sale et rapide, et agrémenté d'un chant écorché, par moments growlé. Punaise, quelle violence dans ces morceaux exécutés pied au plancher, préfigurant totalement le sommet du pire musical que constituera Scum. Si la cadence est cassée pour mieux être alourdie ("Conform" et son écrasante intro de basse, plus tard reprise par Napalm Death, justement), les autres ne vous laissent pas souffler une seule seconde, quitte à rendre certains passages difficilement audibles ("Armageddon" et surtout "Life of Hate" qui fait tâche). Hormis Dirty Rotten Imbeciles, Destruction et Bathory, il était dur d'aller aussi vite en cette année où le speed devint peu à peu un style bien établi. Le morceau long en question plombe, hélas, l'ensemble qui se voulait destroy de bout en bout (Argh, "Starvation" et "Walls"). Armé d'un saxophone, il est certain que Kev "Screaming" Mahoney et sa clique de cinglés ne voulaient faire plaisir qu'à ceux qui ne juraient que par les déluges de décibels dans tout les sens. Heureusement, cette bizarrerie sera sauvée par une accélération à la fin.
Véritable bombe sale de punk-hardcore un peu trop courte, mais extrêmement violente, Drop Dead est un EP à réserver à ceux qui ne s'intéressent pas qu'au discours satanique et sanglant du thrash de l'époque et qui trouveront un trésor de plus à ranger avec Dirty Rotten Imbeciles, Broken Bones ou encore S.O.D. (et même Anal Cunt, puisque Seth Putnam fit partie d'une réunion). Et inutile de dire que ce groupe a grandement influencé les groupes de grindcore (y compris Repulsion, qui comptait aussi Slayer et Celtic Frost dans ses influences) les plus brutaux. Alors fous de hardcore, si ce n'est pas déjà fait, jetez vous sur la réédition de Deep Six et ses 17 minutes de brutalité intense !