CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7/20
LINE UP
-Berenice Musa
(chant)
-Miguel Ángel Marqués
(guitare+chant)
-Adrián Miranda
(basse)
-Doramas Párraga
(batterie)
TRACKLIST
1) The Scent No. 13th
2) Golem
3) Mermaid And Loneliness
4) Vampiress Of The Sunset Street
5) Ancient Pine Awaits
6) Lost Boys
7) Fallen Hero
8) Of A Raven Born
9) Wolves And A Witch
10) Ran Into The Forest
DISCOGRAPHIE
Je suis sans doute un éternel optimiste, mais je crois toujours qu'un groupe peut, à partir d'une recette établie et somme toute plutôt classique, surprendre. Je reste convaincu qu'il est encore possible, en utilisant des ingrédients maintes fois proposés, de créer quelque chose qui fasse réagir et penser que, dites donc, cette idée, là, c'est vachement chouette, presque étonnant que personne n'y ait pensé avant. J'y crois. Fort. Malgré le nouvel album de Tears Of Martyr.
Les ingrédients dont il est question ici ? Un metal symphonique/death, avec une chanteuse. Donc avec des tas de violons partout, des riffs et du growl, et une chanteuse d’opéra qui fait des tas de trémolos avec sa voix. Recette, on l'a dit, clairement vue et revue, et dont seuls les aficionados ultimes de ce genre d'exercice ne se lassent pas tant les clones sont nombreux et tant l'approche est quasiment toujours la même. On prend un gros son metal, les passages méchants sont growlés, les parties plus douces sont chantées avec lyrisme et émotion par la demoiselle, le tout est enrobé de mélodies sirupeuses et d'émotion en carton, tout ce petit monde prend un air très concerné et roulez jeunesse, on obtient le Spanish Female Metal Award 2009, on tourne avec Epica, To/Die/For et Dark Tranquillity, on se fait enregistrer en Italie par Enrik Garcia (Dark Moor) et hop, on balance un album stéréotypé sur un marché déjà saturé. Vous l'aurez compris, pour la surprise et l'étonnement, il faudra repasser.
Car tout ici est formaté, tristement calibré pour plaire à un public déjà convaincu que le metal avec une voix lyrique, c'est le top de la tendance et du raffinement, quand bien même le mouvement étouffe depuis quelques années sous le déluge de femmes au micro – ce qui en soi n'est en rien un problème : c'est juste qu'elles font toutes la même chose, à de rares exceptions près. Tears Of Martyr semble ne faire aucun effort pour s'extraire de cette masse en proposant quelque chose d'un peu audacieux et ne parvient qu'à plonger l'auditeur dans une semi-torpeur d'ennui. Peu de titres surnagent dans cet océan de platitude – citons éventuellement "Of A Raven Born" et "Golem" – qui fort heureusement a le bon goût de ne pas s'éterniser au delà des quarante minutes. Si au moins le pendant masculin du groupe avait un growl digne de ce nom, mais même pas : le chant de Marques manque tellement de puissance et de charisme qu'il ne contraste pas efficacement avec la belle voix de Berenice, rendant ses passages death inefficaces et faiblards. Reste que le plus gros soucis de de Tales, c'est la fadeur des mélodies et l'insipidité des compositions, faisant de cet album une chose molle et dégoulinante.
Raté. Mes espoirs sont une fois de plus douchés par la prévisibilité navrante de ces groupes pensant être au top de l'audace en engageant une chanteuse et en lui demandant de faire du lyrique quand cela confine de plus en plus à une stratégie marketing dont l’essoufflement est provoqué par un manque presque total de créativité d'un nombre toujours grandissant de groupes. Tears Of Martyr n'en est qu'un triste représentant de plus.