CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Marc Martins
(chant)
-Miguel Espinosa
(chant+claviers)
-Carlos Lozano
(guitare)
-Jordi Gorgues
(guitare)
-Toni Mestre
(basse)
-Marc Mas
(batterie)
TRACKLIST
1) Flying Sea Dragons
2) Mind as Universe
3) The Great Reality
4) Zazen Meditation
5) The Majestic of Gaia
6) Consciousness Pt.1: Sitting in Silence
7) Consciousness Pt. 2: A Path to Enlightment
8) Inner Fullness
9) Metta Meditation
10) Upward Explosion
11) Spiritual Migration
12) Returning to the Source
13) Outro
DISCOGRAPHIE
Tout le monde connait ce sentiment, je suppose. On attend quelque chose ou quelqu’un avec impatience, délectation même, et puis bam… la mauvaise suprise. Exemple numéro un : le gars qui, après avoir flashé sur une fille qui a miraculeusement accepté ses avances, se rend compte par une exploration corporelle adéquate, que ladite fille est doté d’attributs qui ne cadrent pas avec le sexe annoncé. Exemple numéro deux : le Winter qui avait beaucoup apprécié le death atmo un peu technique de Persefone sur Shin-Ken, et a beuglé comme un fou pour avoir la promo (et même saboté le lecteur MP3 d’un chroniqueur ambitionnant l'album, saura-t-il me pardonner ?), et qui à la première écoute de Spiritual Migration, a été pris d'une grosse envie de pleurer. D’ailleurs si je n’avais pas dû chroniquer l’opus, je l’aurais tout de suite effacé de ma mémoire et de celle de mon PC. J’aurais quand même eu tort.
Spirituelle ou non, il est clair que Persefone a opéré une migration entre l’œuvre précédente et l’album actuel. Exit le death atmo, il faut voguer avec son temps, les grunts très graves et les passages simples, facilement mémorisables, c’est pour les has-been ! Les Andorrans l’ont bien compris et ont donné un coup de djeunz à leur musique : joué à une vitesse souvent faramineuse, le death metal de Spiritual Migration se veut une alternance virevoltante de passages techno-death « djentisés » où se répondent chant clair et voix éraillée (déjà présente sur l'album précédent), et d’ambiances instrumentales beaucoup plus apaisées. Dans les deux cas, Persefone ne lésine ni sur la quantité de claviers (sonorités d’orgue Hammond, nappes de clavier éthérées, solos type prog-rock, timbres orientaux, ils sortent le grand jeu...) ni sur la dose d’interventions guitaristiques, tantôt en mode shred, tantôt en phrasés plus intelligibles.
Pendant plus de soixante-dix minutes, l’auditeur est soumis au régime de la douche écossaise et, les changements d’ambiance n’étant pas cadencés en séquence régulière, il ne sait jamais trop ce qui va lui tomber sur le coin de la figure. Le résultat ? « Una de cal, otra de arena », comme disent leurs voisins espagnols, du bon et du mauvais en somme. Du côté des réussites on citera plusieurs choses : d’une part, le côté déroutant d’une œuvre, située à des millions de kilomètres de la structure couplets/refrains, qui devrait ravir les amateurs de contrepieds musicaux. D’autre part, nos amis montrent une fois de plus leur qualité technique : du coup, tous les passages instrumentaux mélodiques sont au pire intéressants, au mieux magnifiques. La deuxième partie de "Consciousness" et son côté prog 70s est à cet égard un vrai régal. Au registre des échecs, il faut reconnaître que les passages plus violents sont parfois bien indigestes, voire insupportables par séquence.
Si "The Great Reality" est une réussite du début à la fin grâce à un chant clair convaincant et une sauvagerie maîtrisée, si l’orientalisant "Returning to the Source" est également percutant et harmonieux jusqu’au bout, la construction de titres comme "The Majestic Of Gaia" ou "Inner Fullness" est à revoir. Les riffs s’enchaînent sans fil conducteur et les passages en voix clair semblent avoir été improvisés au moment de l'enregistrement. Cette sensation mi-figue, mi-raisin atteint son paroxysme sur "Spiritual Migration" où l'impression d'avoir habilité la fonction random du lecteur devient carrément pénible au bout de quelques minutes d'écoute, avant que le morceau, tel le vilain petit canard, ne se mue dans sa deuxième moitié en un moment de pure beauté. Les guitares dialoguent alors de manière somptueuse avec les claviers, et on profite d’un prog-death technique de premier plan. Bref, il y a à boire et à manger sur Spiritual Migration, album aussi séduisant qu’agaçant.
Docteur Perse et Mister Fone. Si Spiritual Migration était une personne, ce serait une actrice française. Enjôleuse et superbe, elle se met soudain à pleurer de manière hystérique sans qu’on sache trop pourquoi. Du coup, on a autant envie de l’embrasser que de lui administrer une bonne série de gifles. Les Andorrans sont des virtuoses et savent enchanter l’auditeur quand ils décident de calmer jeu et de montrer leur visage le plus doux. Ils peinent en revanche bien plus dans les parties plus extrêmes de leur œuvre et si certains titres sont bons, voire excellents, d’autres sont carrément indignes d’un groupe de cette qualité, du fait de la faiblesse de leur structure. On devrait peut-être leur conseiller d’aller jeter une oreille du côté de la discographie d’Hypno5e, ça leur donnerait certainement des idées…