Visions of Atlantis est un groupe qui m'a toujours laissé un peu perplexe. Difficile de prétendre qu'ils sont particulièrement mauvais, et pourtant, dur aussi de vanter leurs prouesses musicales. La faute à une identité qui leur a toujours fait défaut, se rangeant bien trop dans le sillon de Nightwish, un minimum syndical dans un genre où il faut creuser sa voie. Delta voyait une amélioration par rapport aux précédentes réalisations, notamment grâce à la voix de la nouvelle recrue Maxi Nil au CV intéressant (la chanteuse grecque a déjà chanté avec Moonspell et est la vocaliste actuelle d'On Thorns I Lay).
Pourtant, là où ce combo autrichien aurait pu frapper un grand coup, Ethera sort dans l'indifférence générale, et ça, c'est bien la faute à la qualité de ce disque, un grand problème chez Visions of Atlantis. Encore une fois, rien d'atroce à proprement parler, mais justement : tout se veut tellement propre et tellement commun qu'il est difficile de se laisser séduire par les onze morceaux qui composent ce disque. On prendra pour preuve l'opener "The Ark", qui manque cruellement d'accroche et peine à captiver par la trop faible place réservée aux guitares. Plus de mordant aurait fait gagner en puissance et donc en intérêt, or VoA préfère se concentrer sur les prestations vocales qui, là aussi, ne marquent pas. Les lignes de chant sont plates et n'offrent donc que très peu d'intérêt. On peut le dire, ça ne commence pas très bien. Qu'en est-il de la suite ? C'est mi-figue, mi-raisin, une habitude chez cette formation.
Il y a donc quelques pistes fraîches et agréables dans ce Ethera. "Machinage", par exemple, est de celles-ci. Disposant d'un point d'orgue s'ancrant dans l'esprit très facilement, ce titre se base sur une recette assez basique mais qui, quand elle est réussie, plaît : c'est simple, mais efficace. Et bien qu'encore une fois, le chanteur Mario Plank soit un peu à la peine, la voix de Maxi insuffle un dynamisme non négligeable au titre, dans une veine très rock'n'roll. S'éloignant de ce cliché du lyrique à la Tarja, Maxi développe une personnalité vocale qui lui est propre, une empreinte dont Visions of Atlantis pourrait s'inspirer. Dommage que les chants ne tiennent pas toujours la forme et livrent, eux aussi, des performances quelques fois décevantes, comme sur "Avatara", qui tient la route mais pêche par la médiocre prestation des deux vocalistes. Mention spéciale à Mario qui tire le tout vers le bas.
Qui plus est, le combo autrichien tente d'évoluer au niveau musical, et déploie ainsi moult tournures electro / indus pas forcément du meilleur goût. En fait, ça sent presque la facilité au détriment de l'inspiration, cette histoire. Ce qui explique aussi une production qui étouffe bien trop les grattes au profit des chants et des claviers, bien trop en avant. Les rares titres qui parviennent à se dépêtrer de ces défauts ("Machinage", mais aussi "Burden of Divinity" et "Cleric's Emotion") valent tout de même le coup d'oreille … c'est tout. En réalité, le plus gros défaut d'Ethera est de se laisser écouter en restant de marbre. Sauf quand ça heurte l'oreille, comme l'affreuse "A.E.O.N. 19th", qui est une composition impardonnable, réunissant les clichés les plus malheureux du genre. Outre des voix à la peine, on blâmera aussi le kitsch des sonorités electro et la quasi-disparition des guitares.
Voilà à peu près comment on pourrait résumer Ethera : un album juste moyen. Pas d'éclair de génie, pas de grandes idées, juste quelques morceaux plutôt pas dégueulasses et (presque) rien de trop affreux non plus. Encore une fois, Visions of Atlantis se contente de n'être qu'un groupe de seconde zone, tout juste moyen, alors qu'ils pourraient faire beaucoup mieux. Mais le peu d'ambition du combo autrichien me fait douter de voir un jour cette formation parmi les plus grands noms du metal symphonique.