CHRONIQUE PAR ...
RuboubartacsimeuS
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15.5/20
LINE UP
-Rasmus Booberg
(guitare+chant)
-Victor Berg
(guitare)
-Björn Andersson
(basse)
-Tor Sjöden
(batterie)
TRACKLIST
1) The Great Leveller
2) Visions of Death
3) Pyre for the Red Sage
4) Cosmosis
5) Lapse
6) The Cosmic Child
DISCOGRAPHIE
Dans la série « nom de groupe étrange », j’appelle un groupe suédois : New keepers of the Waters Towers, qu’on peut traduire comme « les nouveaux gardiens des châteaux d’eau ». Alors pour qui, pour quoi le choix d’un tel nom ?L’histoire ne parait pas vraiment claire, puisque au départ le groupe s’appelait New Keepers. C’est là que les versions divergent sur le rallongement de nom. On entend parler d’une soirée arrosée où leur serait apparu que l’eau était source de vie (conscience écologique nordique !). On entend parler d’une histoire liée à une partie intime de l’anatomie du chanteur surnommé par sa mère « water tower »… L’histoire n’est décidément pas claire, et il semble bien que l’eau ne soit pas le liquide les ayant guidé à ce changement de patronyme. Bref ce Cosmic Child est leur second album avec, au programme, six morceaux.
Au niveau musical, l'album est un peu déroutant à la première écoute, avec un coté très planant, une impression d’être parfois au ralenti, en suspension. En fait cet album est une sorte d’invitation au voyage, qui vous embarque dès les premières notes. Tout est particulièrement bien construit, efficace, sans effets superficiels et basé sur les pianos, guitares (parfois acoustique comme sur "Vision of Death") et digressions musicales de bonne facture. Si vraiment on veut essayer de faire rentrer ce groupe dans une case, on penchera plutôt sur du doom / stoner / progressif aux accents folk seventies. Il est également très difficile de détailler chaque morceau tant on a affaire à une entité complète, compacte et, finalement, à un tout qu’il est difficile de scinder. Ecouter les plages individuellement donne une impression de manque et d’inachevé. Au contraire, on se laisse envahir par la totalité de l’album et par ce sentiment de satiété et de plénitude qui s'en dégage…
Au fur et à mesure des écoutes, on se surprend à rechercher les multiples influences qui se font sentir tout au long de cet album. Et elles sont nombreuses. En premier lieu, c’est le flamand rose qui vous saute aux oreilles tant certains passages puisent leur fondements dans l’univers de Pink Floyd ("Cosmosis" entre autre), on y retrouve un peut de Sabbath, un petit hommage au rock progressif ("Lapse"), un peu de doom bien lourd ("The Great Leveller"), un petit coté EddieVedderien dans le grain de voix à la fois plaintif et rocailleux… Le chant n’est utilisé qu’avec parcimonie et uniquement en voix claire. L'organe de Rasmus Booberg (pas celui qui a peut-être inspiré le nom du groupe, l'autre) semble être vraiment au service de la musique, qui est l’élément central de ce disque. La force de cet album est justement d’éviter l’écueil de longues parties musicales, qui sont parfois prétextes à entasser les riffs et autres plans afin de faire briller les musiciens et leur égo. Rien de tout cela dans ce Cosmic Child tant « équilibre » semble être le maître mot de la création et de la production de cet album : équilibre musical, équilibre vocal, équilibre temporel... Bref un album qui laisse pantois tant et si bien qu’il peut en devenir obsédant…
Alors évidemment, si vous recherchez de la vitesse et du growl, passez votre chemin, ce Cosmic Child risque de vous ennuyer sévère. Par contre, si en ce doux mois de mai vous souhaitez vous évader, voyager un peu sans faire le plein vu le prix de l’essence, eh bien écoutez cet album, bien construit, bien fini et plein de petites références. Bref, passez en pilotage automatique, qui vous fera planer à moindre frais. Même les compagnies low-cost ne pourront pas rivaliser. Alors on dit merci qui ? Merci les nouveaux gardiens des châteaux d’eau !