CHRONIQUE PAR ...
Avast!
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Patrik Rimmerfors
(chant + cornemuse suèdoise + bouzouki + guimbarde + flûte à bec + flûte de saule+vielle à roue + hurdy-gurdy)
-Niklas Rimmerfors
(chant+moraharpa)
-Thomas Antonsson
(basse)
-Esko Salow
(batterie)
-Lennart Specht
(clavier)
TRACKLIST
1) Ulvsgäld
2) Sigurd Ring
3) Nagelfar
4) Dis
5) Den Skimrande
6) Jordens Smycke
7) Fjärrskådaren
8) Vindarnas Famn
9) Häxfärd
10) Ulvsgäld (Bonus Track Rehearsal)
DISCOGRAPHIE
Un drakkar, un loup et une nuit étoilée, manquerait plus qu’une forêt et un ou deux guerriers, pas de doute c’est du folk que nous avons là. Et pas celui américain, rangez vos banjos et dégainez fièrement vielles à roue, guimbardes et bouzouki : les vikings sont de sortie.
Commençons cette chronique par un triste constat : le folk metal et tous ses copains (pagan etc…) se sont enlisés depuis quelques années dans le convenu et l'ennui complet. Entre les « groupes à boire » où festivité rime avec répétitivité (non parce que franchement, taper du pied sur une mélodie clichesque en descendant des pintes avec les farfadets, ça va bien cinq minutes), le black metal folklorique (ne riez pas) et « l’epic folk metal »(ou le death melo pas pour les tapettes) qui tournent en rond - et pas seulement pour faire la danse de l’ours – peu sont les groupes qui ont su proposer quelque chose d’innovant. Et ce n’est pas le dernier Finntroll ou Eluveitie qui me fera dire le contraire. Mais avant de continuer il me faut répondre à une question qui, je le sais, tourmente présentement vos âmes : oui, la danse de l’ours, ça existe. Parmi les formations étiquetées folk, on trouve néanmoins des groupes d’irréductibles scandinaves qui résistent encore et toujours aux conventions, Fejd est de ceux là. Pour commencer, premier constat : point de saturation. C’est ici que la plupart des lecteurs feront demi-tour, car Fejd ne fait aucun compromis dans sa musique, pour proposer - comme le dirait si bien un produit de notre propre folklore local : Patrick Sébastien - quelque chose d’authentique. Seule une batterie une basse et un clavier discret viennent appuyer les instruments traditionnels et la langue maternelle des deux frangins leaders du groupe, et le résultat est… rafraîchissant. A cheval entre l’épique et le mélancolique, Nagelfar ne verse jamais dans l’excès. Exit la bucolie et la biniouiserie et exit les hymnes guerriers, les compositions du groupe font preuve d’une certaine finesse. Sans pour autant s’éloigner complètement des clichés du genre, chose difficile avec une musique aussi typée.
En effet, les mélodies jouées par Fejd sonnent toutes plus ou moins familières, mais possèdent le petit truc qui les fait sortir du lot. De plus, les arrangements sont plutôt léchés (allez donc m’écouter "Haxfard"), chaque instrument étant utilisé à bon escient, bien que plus de travail encore de ce coté aurait permis au groupe de passer un bon cran au-dessus et d’éviter l’inexorable sensation de monotonie à l’écoute de l’album. Car monotonie il y a, induisant une faible durée de vie à Nagelfar. Un travail sur les ambiances et un petit aspect progressif auraient certainement permis à l’album de s’en libérer. Comme ce n'est pas le cas, nous pouvons au moins apprécier de petits break disséminés ça et là, pour proposer ce qu’on pourrait se risquer à appeler des riffs (à deux minutes vingt de Sigurd Ring par exemple). Outre ces simili riffs, le duo basse batterie apporte à l’ensemble une énergie rock aux morceaux, voire metal. Qui tendra l’oreille pourra même entendre sur certains passages ces deux instruments jouer des parties purement propres au genre. Contrairement aux habitudes, nous n’avons donc pas affaire à un groupe de metal s’inspirant de la musique folk, mais l’inverse. C’est là que réside la principale singularité de Fedj. Parlons maintenant un peu du chant : clair et en suédois, il ne plaira assurément pas à tout le monde. Il aurait gagné à être plus maitrisé, moins mielleux et cliché par moment. Mais ne crachons pas trop dans la soupe, car il est tout de même loin d'être mauvais, allant jusqu’à frôler le très bon quand les Rimmerfrors n'essayent pas d'en faire trop. En contrepartie il a le mérite de dégager une réelle impression de sincérité de la part des deux frangins.
Comme ne le laisse pas suggérer la pochette, Nagelfar se démarque des productions guignolesque de ses compères nordiques pour proposer une véritable musique folklorique, où l’imagerie collective ne prime pas sur le travail de composition et d’arrangement. Toutefois, il est dommage que Fejd ne propose pas plus de passages atmosphériques, ne densifie pas sa musique pour aller au delà d’un simple album sympathique.