Merci ! Oh, mille mercis, Battle Beast ! Avec vous, point de dragons à l'horizon. Pas non plus de vampires, guère de zombies et pas la moindre trace de loups-garous. Prenant le contrepied de tout ce bestiaire imaginaire rabâché encore et encore, vous portez votre attention sur deux autres catégories de... de... choses. D'une part les féroces félins, agiles et brutaux ; d'autre part les redoutables cyborgs, intelligents et dangereux. Qu'il est bon pour nos âmes d'enfants d'imaginer un conflit félins - cyborgs. Qu'il est bon d'imaginer l'acier se heurtant aux crocs, la fourrure aux circuits intégrés. Enfin de l'originalité ! La régression peut avoir du bon, tant pour l'imaginaire que pour le hardos. Car oui, cet album est une régression, musicale pour notre plus grand bonheur et, malheureusement, qualitative aussi, un peu.
Grou. Sur cet album, nous ne sommes pas restés les pattes croisées, c'est clair. Notre faction s'est trouvée une nouvelle Lionne, et autant dire qu'elle en a, de la gueule. La nouvelle chef donc, Dame Louhima de son petit nom, ne fait pas oublier Dame Valo et de toute façon, leurs crinières sont par trop différentes pour susciter la comparaison. Mais je l'aime bien, cette Dame Louhima. Et ça n'était pas gagné quand je l'ai entendu pour la première fois. Son rugissement particulièrement vindicatif (poussif ? exagéré ?) provoque désormais chez moi comme une envie d'aller en découdre avec les tas de ferraille. L'essence de notre musique, le heavy-félin, la voici : primaire, venant des tripes et traditionnelle ! Et je suivrai la nouvelle jusqu'au bout tant des envolées lyriques comme celles de "Rain Man" me font vibrer les coussinets de plaisir et flattent mes plus bas instincts. Par ailleurs, le fonctionnement de notre clan reste inchangé : entre raids rapides nous permettant de nous dégourdir les pattes ("Let It Roar"...) et avancées plus sûre en formation féline un peu pataude mais sacrément efficace ("Out of Control"...), nous ne laissons pas beaucoup de chance aux circuits intégrés. Grou. Faut pas croire, comme ça, mais notre équipement naturel vaut bien le leur. Notre artillerie balance comme il faut, lorsqu'il le faut. Le rythme de tir est largement soutenu sur "Raven", une région conquise à la force de nos pattes, qui bougent régulièrement sur les manches à une vitesse experte. Evidemment, notre tactique est classique, connue, sans risques et semble une redite de la Bataille de l'Acier de 2012. Mais nous avons toujours fonctionné comme ça, suivant les rites instaurés par les Grands Anciens, alors pourquoi changer ? Pour résister, il faut user de notre meilleure technique, et notre meilleure technique est la plus classique. Classique jusqu'au bout des griffes. Le heavy-félin - dans tout sa simplicité et d'une efficacité sans pareil - vaincra. Grou.
Rapport DR-00-m - Bip - Trsans... - Bip - ...mission - Secteur 2 : Inconnu (2.0.1-3). Nous n'avons pas le choix. Les entités peuplant cette planète résistent mieux que prévu. Les stratégies de défenses mises au point en 2.0.1-1 semblent fonctionner avec une efficacité constante. Nous imaginions une usure : nous nous trompions (pas totalement, révéleront les analyses). Nous n'arrivons pas à occuper leur territoire : les Félins sont trop efficaces pour nous. Trop directs. Aussi, plutôt que d'agir frontalement, nous infiltrons leur rang en holocamouflages et tentons de déstabiliser leurs troupes bien rodées. Pour ce faire, nous utilisons de vieux procédés. De vieilles machines. Claviers. Synthèses. De modèle K1-T-SCH. Nos derniers rapports sur "Let It Roar", "Neuromancer", "Machine Revolution" ou encore sur le final de "Rain Man" témoignent de l’inefficacité de notre procédé, qui est assimilé par les Félins de manière étrange. A croire qu'il ne craignent rien, pas même le ridicule. Ignorant notre présence synthétique, Les Félins se reposent parfois sur leurs acquis et nous avons connu une période de trêve : un "Golden Age". Nom de code : "Kingdom". Programmé pour me battre, j'ai commencé à m'ennuyer ferme : une sensation nouvelle pour mes circuits.. Jusqu'alors, toutes les batailles, "Into The Heart of Danger" comprise, avaient été riches en événements et me restaient en mémoire. Mais la reprise, après cette période de calme, ne m'a guère passionné. Leur stratégie était désormais prévisible. Mon mode veille continuait à me faire fonctionner en pilote automatique. Même les chœurs guerriers sur "Over The Top", hurlés du haut de la montagne dite « du classicisme », ne parvenaient plus à faire clignoter mes LED. Même analyse pour toute la fin de mon séjour sur Félinia. Seul sursaut d'énergie, un... rictus (quel drôle de cyborg je fais) lorsque les Lionnes ont envoyé un "Black Ninja" contre notre troupe. Laissez-moi rire. Mignon, ridicule, se prenant les pieds dans un refrain poussif et ringard à souhait (« Sheeeee's a Black NinjaaaaAaAAAAa »), le ninja n'était tout simplement pas à la hauteur. Mais qu'est-ce qu'il était drôle en revanche. J'ai bien ri, ce jour-là.
On prend les mêmes, à savoir les Félins et les Robots, et on recommence. Et on recommence encore. Et encore un peu, pour la route. Bref, pour vous situer le bazar, j'aurais mis un gros 17 (voire 18) à Steel, le détonnant premier opus du groupe. Pourtant, avec une recette exactement identique, l'opus éponyme ne récolte qu'un « faible » 13. Pourquoi ? Eh bien... en raison de l'absence totale de surprise. C'est fort simple : dans le heavy, beaucoup a déjà été dit mais Battle Beast déboulait il y a 2 ans avec une telle patate que... boum ! La baffe. Aujourd'hui digéré, le heavy de Battle Beast n'est pas moins bon mais passe du stade de « Woah ! D'où sortent-ils, ceux-là » ?! à « Oh, les revoilà. Pas mal. » Question de contexte donc. Dans l'absolu ceci dit, Battle Beast mérite clairement son coup de cidre, foi de Normand.