CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-E. Olson
(chant+guitare)
-J-C. Evans
(guitare).
-D. Capuano
(basse)
-Reid
(chant+batterie)
TRACKLIST
1) In A Fightful State Of Gnawed Dismemberment
2) Summoning The Faithless
3) Greed Is Your Horse
4) Descend Into External
5) Dreams Of Mercu
6) Perverse Osmosis
7) Water Under A Burning Bridge
8) What Is Not... Is
DISCOGRAPHIE
Le metal dans les années 2000, c’est pas vraiment ça. Bien que de nouveaux sous-genres des genres existant depuis un moment déjà aient vu le jour, ou que des scènes revival aient émergé, pour le thrash, et plus récemment pour le death old-school, on n’a pas réellement vu d’évolution. Le néo n’a pas réellement apporté de vent de fraicheur comme certains le prédisaient. Du coup, on a dû faire avec autre chose. Le sludge semble être le seul mouvement à avoir un tant soit peu profité de la décennie, en présentant de nombreuses formations pratiquant sa déclinaison atmosphérique de belle manière. Mais ici, il ne s’agit pas de ça. Pas de passages aériens pour entrecouper des éruptions de guitares magmatiques, simplement une hargne propre au genre créé par les Melvins.
Formé en 2010 et natif d’Oregon, pas du bayou de Louisianne donc, la formation signe avec Summoning The Faithless son premier effort studio. Un premier effort placé sous le signe de la tradition d’ailleurs. C’est simple, sur les 40 minutes de l’album, impossible de décerner un seul passage qui ne rappelle pas explicitement Eyehategod ou les premiers Kylesa, pour taper dans du plus récent. Un ramassis de riffs sonnant déjà-entendus, ça semble déjà mal parti. Eh bien, comme d’habitude, c’est leur qualité indéniable qui fera toute la différence. Abrasifs à souhait, ils fusent de toutes parts, soutenus par une batterie typique du mélange entre doom et hardcore, mi pachydermique, mi chaotique. Certains regretteront bien le manque d’accélérations aussi inattendues que furieuses à la Eyehategod, mais impossible de tout avoir. Enfin, les accélérations ne sont pas réellement un problème, puisque les morceaux se trouvent portés par une dynamique due à une section rythmique aux abois. On regrettera seulement que la basse, bien audible, se contente de suivre ses consœurs à six cordes pour les rendre plus bourbeuses, alors qu’elle aurait pu les compléter. Mais passons. Les Américains s’amusent également à construire leurs titres selon un schéma couplet/refrain qui permettra sans peine de retenir les morceaux pour peu que l’on accroche.
Encore un point qui peut se lister aussi bien en tant que grief que comme aspect positif : s’il demeure vrai que des titres enchainant des riffs sans logique particulière peuvent faire mouche en déployant une suite de torgnoles embourbées, l’efficacité va davantage à ceux qui prennent le parti de la construction. "In A Frightfull State Of Gnawed Dismemberment", assez limpide, donne clairement le change pour ce dernier argument. Les riffs, bien qu’évoluant constamment, gardent une logique et une cohérence qui permettent à l’auditeur de s’y retrouver un minimum. Et dans ce premier jet, les bonnes idées guitaristiques sont assez nombreuses, allant de l’inclusion de solos à la simple présence de courts sweeps créant de brèves aérations. Seulement, le gros point noir à souligner, c’est l’absence de ressenti, qui devrait pourtant faire partie de tout papier sur une œuvre du genre. Ici l’écoute est polie, le monsieur crie des choses sociales dans son micro et les musiciens assurent autant qu’ils peuvent. Oui mais voilà, il manque la folie destructrice d’un Mosquito Control EP, la saleté jouissive d’un In The Name Of Suffering... Même si un morceau comme "Greed Is Your Horse" envoie joliment, avec un couplet destructeur, une volonté de rester cloisonné à une certaine limite se fait sentir. "Perverse Osmosis" et son climat vicié ne vaudra jamais l’ambiance apocalyptique que pose un "Hive Destruction".
Messieurs, vous jouez du sludge, n’hésitez pas à réduire nos tympans en charpie. En revanche, les amateurs du Kylesa qui inclut du stoner dans sa tambouille pourront apprécier l’album, et plus particulièrement "Descend Into External", qui, par l’intégration d’arpèges glauques, semble vouloir faire référence au Grunge. Une référence de plus en fait, sur une liste déjà trop longue. Bien dommage donc que ces jeunes loups sachant pourtant riffer correctement ne fassent pas un peu plus étalage de folie, en nous dégommant par exemple les oreilles à coup d’instruments plus proche de scies circulaires que de guitares. Un album correct, sans plus, de la D2 de base.