CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Dominik Winter
(chant+guitare)
-Rapahel Heuser
(guitare)
-Maximilian Stiefermann
(basse)
-Pelle
(batterie)
TRACKLIST
1) Windgeflüster
2) Zwischenwelten
3) Im Keim Ertrunken
4) Frühlingsnacht
5) Hauch
6) ...Und Asche Rimmt Durch Meine Hände
7) Ode An Verlorene Seelen
8) Wenn Die Maske Bricht
DISCOGRAPHIE
Au niveau des langues, on oppose bien souvent le « joli » italien, fluide et chantant, à l’allemand guttural et laborieux, le premier évoquant soi-disant des contrées ensoleillées et fleuries, le second rappelant paraît-il, les heures sombres de l’Europe du XXème siècle. Eh bien non, les clichés ça suffit ! Si nos grands-parents pouvaient frémir à l’écoute de la langue teutonne, de l’eau a sacrément coulé sous les ponts depuis. Et puis l’italien est une langue franchement maniérée et agaçante, surtout lorsqu’on parle ballon rond ! Et puis quid des Goethe, des Heine, des Beckenbauer, des Schumacher (plus Harald que Michael d’ailleurs) ? Non, l’allemand est une langue qui peut s’avérer extrêmement douce et romantique, ceux qui connaissent Empyrium ou Endraum en savent quelque chose. Non, pas Rammstein, on ne va pas caser ce groupe chaque fois qu’on parle de metal germanique quand même !
Frigoris l’a bien compris et son deuxième opus est à classer dans le groupe des œuvres délicates (enfin pour du black-metal, hein), très empreintes de mélancolie. Entièrement chanté dans la langue des artistes évoqués précédemment, Wind offre à l’auditeur une ration de pagan metal tirant par moment sur le gothic-doom. D’aucuns diront que le groupe donne dans le black metal et on ne peut pas leur donner complètement tort, étant donné la nature du chant de mon cousin Dominik et le son des guitares. Cependant, l’abondance de passages acoustiques tirant parfois sur le folk (les instrumentaux très Empyriens "Windgeflüster" et "Hauch") et certains noms de chansons me font plutôt dire qu’il s’agit de pagan. En effet, intituler un morceau "Nuit de Printemps" ("Frühlingsnacht"), et pas "Nuit d’Hiver Horrible" ni "Nuit Obscure Noire" indique que l’on a su s’élever au-delà des clichés caractéristiques du metal noir. Quant au qualificatif de gothic-doom, il est amplement justifié par un tempo plutôt lent, même si "In Keim Entrunken" ou "Wenn Die Maske Bricht" savent accélérer la cadence, le climat de douce tristesse qui se dégage de l’œuvre, climat engendré par l’usage parcimonieux de jolies guitares lead acoustiques et par l’intégration de passages soufflés plus que chantés, ainsi que d’un chant féminin de toute beauté sur "Frühlingsnacht".
En lisant ce qui précède, l’eau viendra peut-être à la bouche des fans de metal sombre et poétique à la fois, alors autant les prévenir tout de suite : Wind n’innove pas vraiment et l’album est agréable, mais ne décolle jamais complètement. Le seul titre qui ne donne pas l’impression d’avoir été entendu souvent par le passé est "Ode an Verlorene Seelen". Non pas que l’utilisation d’une voix-off sur un morceau instrumental soit une vraie révolution, demandez aux groupes d’indus et d’ambient ce qu’ils en pensent, mais il est vrai que ce procédé est rarement utilisé dans le genre pratiqué par Frigoris. Cela ne fait pas de ce titre un joyau, mais cela le rend intéressant, tout comme le sont aussi "In Keim Ertrunken", dont le mélange entre rage et passages délicats est très bien dosé ou encore la fameuse "Nuit de printemps" (pauvres trve black metalleux germanophones, ils vont avoir une syncope en voyant un titre de chanson aussi fleur bleue…) Les autres titres, eux, sont assez plats, jamais désagréables, mais assez propices au décrochage : rythme pépère, mélodies pas franchement entêtantes, guitares un peu fades, il est facile de se perdre en route. Wind n’est jamais agressif pour les oreilles mais le quatuor originaire d’Essen laisse un peu l’auditeur sur sa faim.
La deuxième œuvre de Frigoris fait un peu penser à un adolescent gentil et introverti. Aussi timide que pâlichon, ses interventions sont justes, mais il n’ose pas encore se mettre en avant, préférant souvent se taire ou répondre aux questions par des formules toutes faites. Wind ne peut pas vraiment déplaire, mais il est dommage que nos artistes n’aient pas su introduire une petite dose de folie dans cette œuvre bien faite, démontrant la sensibilité artistique de ses créateurs mais aussi un certain conservatisme. L'oeuvre devrait néanmoins trouver son public parmi les fans de sensations douces-amères et on espèrera que la troisième livraison permette au groupe de franchir un palier supplémentaire.