CHRONIQUE PAR ...
Archaic Prayer
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Meugninousouan
(chant)
-Behemoth
(guitare(s))
-Beelzeebubth
(basse)
- Lucifuge Rofocale
(batterie)
TRACKLIST
1) The Witch Voisin Recites ou Goalt (Intro)
2) Osculum Obscenum
3) Tormentum Aeternu
4) Cursed Excruciation
5) Defloration (The Antichrist Lives)
6) (Invocacione) The Almighty Sathanas
7) The Dark Kingdom (T.E.A.R)
8) An Elizabethan Devil Worshipper's Prayer Book
9) Hyoscyamus Niger
10) Mystifier (Satans Messenger)
11) Our Gloat (Intro)
DISCOGRAPHIE
Alors que Sepultura a, depuis Schizophrenia, quitté les salles de concert bourrées de tags et les casques allemands qui l'ont vu naître, le Brésil n'avait presque plus fait parler de lui dans les milieux black et death metal. Il n'y en avait plus que pour Morbid Angel, Blasphemy, Death, Napalm Death et autres formations de death suédois. Puis arriva Mystifier : avec une démo, et un single, le groupe signe direct avec un label aussi peu organisé que l'étaient ceux similaires à Rock Brigade (qui sortit les albums du groupe de thrash / black Vulcano). Et à l'écoute de l'album dont il est ici question, il est clair que ce groupe a choisi le camp de Blasphemy.
Le groupe mise sur un black metal teinté de death, occulte et parsemé de claviers. Avec la production garage qui va avec (sauf sur le dernier titre, "Mystifier (Satan's Mesenger's)" où elle se fait plus puissante) : étouffée à la manière de Fallen Angel of Doom, elle grésille et laisse planer des lignes de basse poisseuses. En y ajoutant les notes de clavier, cela donne un black garage un poil plus audible mais manquant un peu de relief. Tandis que les blasts s’enchaînent avec les mid tempos toujours plus lourds, Meugninousouan (prière de ne pas de se demander comment ils ont trouvé un nom pareil : il n'est même pas certain que eux-même savaient ce que cela ne voulait surement rien dire) grogne et une double voix achève de donner une couleur vomitive à l'ensemble. On nage en pleine vénération de Sarcofago, accusé de s'être fourvoyé en suivant la mode death metal (des débuts, Wagner Lamounier n'a d'ailleurs gardé que les cris aigus). Durant ces onze titres, on sent que bien le groupe continue de vomir son aversion de la religion, qui avait parfois soutenu les régimes sud-américains les plus violents bien moins libéraux qu'ils ne voulaient bien l'admettre (torture, disparitions, arbitraire ambiant).
Bref, Mystifier dévoile un album qui, sur la forme, peut faire craindre à un clone de Blasphemy. Sauf qu'ici, les riffs et les solos sont d'une noirceur à donner le tournis, et cela même alors que Darkthrone et autres Burzum se demandaient encore comment leurs labels (Deathlike Silence pour Burzum et Peacevile pour Darkthrone) allaient réagir face à leurs albums. En effet, le disque a été enregistré vers la fin de l'année 1991, et les fanzines se remettaient de la purge répugnante que fut The Oath of Black Blood de Beherit, groupe de black metal finlandais réputé pour son côté à part dans le microcosme du black metal. Massif sur "Cursed Excruciation", sujet à la défonce sur "Osculum Obscenum" ou "The Dark Kingdom (T.E.A.R)", Mystifier relance l'apologie du black metal les plus primaires, interprété au pifomètre, que certains qualifieraient, il faut bien le reconnaître, de jean-foutre et de fainéantise crasse (production compris). Mais il toujours reste cette atmosphère, couplée à des soli plus construits que chez Blasphmey qui témoignent d'une volonté de donner un caractère hanté à l'album (notamment sur "The Elizabethan Devil Worshipper's Prayer Book").
Ainsi, tout réside dans le son : soit vous serez ravi de vous retrouver face à une telle horreur, à la manière de Sarcofago période I.N.R.I, soit dégoûté d'entendre trop peu et trop mal. Même s'il faudra attendre la signature chez Osmose Productions afin de voir en Mystifier un groupe vraiment capable de concurrencer les Européens ou les Nord Américains, il y a de quoi commencer à diablement s'intéresser à un groupe trop sous-estimé, comme Sabbat (du black / thrash japonais) ou encore Törr (thrash d'Europe de l'Est).