Sans alcool, la fête est plus folle. Mes fesses ! Pendant que vous y êtes, messieurs les foufous, allez-y, continuez. Sans pain, le repas est plus sain et tout le tralala. Au contraire, je dis : mangez plus gras, plus sucré, plus salé ; faites du vélo sans gilet de sécurité ; fumez ; dépassez les vitesses maximales autorisées ; n'en fichez pas une et cherchez la cogne ! Remuez-vous, défoulez-vous ! Un coup à se faire pincer pour incitation à la débauche. Reste que la débauche, c'est tout ce dont on a envie après avoir écouté le bien trop convenu Palms, premier album éponyme du groupe.
Car il est calme et tranquille, ce disque ! Malgré un artwork (joli) et des titres qui évoquent (joliment) les vacances ("Patagonia", "Sunset", Tropics", "Antarctic"...) on aurait pourtant aimé quelques sursauts lors de l'écoute... sursauts qui ne viendront jamais. Mais avant d'en arriver à ce constat teinté de déception, il faut remonter à l'origine du mal : les attentes légitimes que faisait naître un line-up aux allures de dream team. Car Palms n'est rien de moins que l'union des musiciens d'Isis (à l'exclusion d'Aaron Turner), ce mastodonte des musiques post-metallisées, et de Chino Moreno, chanteur emblématique du groupe Deftones. Respectivement, chaque groupe a su, au fil de sa discographie, cultiver l'art et la manière de marier les extrêmes, entre lourdeur et légèreté ; l'aérien et le volcanique se côtoyant inlassablement. Sur Palms, on aurait aimé retrouver de tels mouvements et de telles collisions. Mais que nenni car c'est invariablement vers le versant clair de la force que penche la balance. Sans effusion ni sursaut, Palms se contente d'un léger clapotis au fil de ses 47 minutes. C'est agréable, certes, mais franchement insuffisant. Idéal pour se la bronzer sur la plage les doigts de pieds en éventails, pas franchement plus. Toujours ça de pris, me direz-vous...
En l'espace de de 6 pistes, Palms déploie donc un post-rock aérien et shoegazé mais sans explosions ni montées en puissance. Fait d'arpèges mignons et de chant chaton, le schéma se répète sur chaque morceau ; morceaux qui eux-mêmes répètent inlassablement une ou quelques boucles musicales bien douce à l'oreille sur 6 minutes au minimum. Et si le passage clair sur "Holy Tears" (Isis) ou le tapping aquatique d'un morceau comme "Entombed" (Deftones) fonctionnaient parfaitement, ici, c'est le quasi-néant émotionnel. L'ensemble dégage une désagréable impression de laisser-aller, tant pour l'auditeur qui décroche rapidement de cette musique douce mais sans fond que pour le musicien qui se regarde (trop) les pieds en gratouillant. Les arpèges sont jolis mais passe-partout, et Chino, pour l'une des première fois, semble parfois en faire trop. Il minaude, il minaude... mais en oublie de varier son chant (croyez-moi, c'est une phrase douloureuse a écrire). Seule "Mission Sunset" porte en elle un minimum de tension, ce qui en fait la piste la plus intéressante du lot avec "Antarctic Handshake" qui, pour le coup, change étrangement de registre en étant plus ambiante, plus planante et plus shoegaze mais paradoxalement moins plate que ses collègues de sieste.
Non, ce disque n'est pas une catastrophe. Seulement une déception. Car avec une équipe de winners comme celle annoncée, nous autres défenseurs des post-musiques étions en droit d'attendre bien plus que ces petites mélodies légères et agréables qui ne passeront sûrement pas l'été. Car, agréables, les morceaux le sont tous lorsque pris un à un. Seulement, mis les uns à la suite des autres, ils deviennent trop plats, trop uniformes, trop semblables pour retenir l'attention, faute de susciter suffisamment d'émotions. En bref : on est content mais l'extase attendue n'est pas au rendez-vous et, au final, on baille comme Nathalie.