On peut reprocher plein de choses à Manowar, presque autant qu’à Kiss. Les poses maigrichonnes sur le thème slip-kangourou-léopard façon guerriers-gay-friendly, les coupes de cheveux, le marketing, la baisse d’inspiration, les soli de DeMaio, surtout les soli de DeMaio. Mais ils sont au heavy ce qu’AC/DC est au rock, Pantera au power, les Smashing Pumpkins à l’alternatif : les Maitres à bord.
Manowar, ils font des Grands Morceaux de heavy du Bien depuis 1980 t’entends ? 1980. Manowar, ils font du "Return Of The Warlord" et tu fermes bien ta gueule, ils balancent un "Sign Of The Hammer" et ils créent un symbole presque équivalent à la Mano Cornuta et t’as pas grand chose à dire. Et quand ils faiblissent, ils sortent "Fighting The World" et ça tue quand même. DeMaio EST la basse mec, Adams est un des meilleurs vocalistes du genre, Columbus est (mort, RIP, l'ami) un foutu bûcheron et que ce soit Logan ou Ross The Boss, ils ont donné leurs lettres de noblesse au heavy pur jus. Bref, on peut reprocher plein de choses à Manowar mais quand même, faut pas déconner avec le cœur flamboyant du Heavy Metal tu vois-tu ?
Alors quand Gloryful, groupe teuton (pas "téton", "teuton", des schleus quoi) formé en 2010 débarque avec une démo de trois titres puis ce The Warriors Code, je me marre vois-tu ? Parce qu’on déconne pas avec le Heavy, on l’a trop fait. Et quand ils annoncent la couleur avec leur intro « symphonique+grosse voix » (page 3 du bouquin le « Heavy pour les Nuls », juste après la présentation du line-up, où ils stipulent que le batteur doit savoir endurer la double à 220 pendant six minutes sans forcer), je me marre encore plus. Parce que je sais ce qu’il va y avoir dans les dix prochains morceaux. Du Manowar. Et pour bien faire, y aura du Iced Earth aussi. Parce que Iced Earth ça tue aussi, depuis 1984 t’entends ?! Et que du coup, hop, ça brouille les cartes. Hop.
Et aussi parce qu’un des guitaristes, son surnom, c’est Shredmaster, tu vois-tu ? Du coup quand tu te balances dans les cages à miel du "Gloryfuls Tale" ou du "The Warriors Code" (où tu trouveras les chœurs de "Wicker Man" de Maiden, en plus rapide parce que là c’est du Heavy de guerriers, et d’ailleurs juste derrière t’auras un plan très british façon Brave New World, et du shred de la Mort Qui Tue La Vie Par La Mélodie), bah tu pleures des larmes de sang parce que ça cogne, ça bourrine, au nom du heavy, et des Frères Du Metal qui viennent faire des chœurs virils et puissants à côté de toi pendant que t'écoutes ça en buvant une bière. Et quand débarque la power ballade "Chased In Fate", tu pleures des larmes limpides et incolores pareilles à l’éther parce que la musique parle à ton cœur.
Et comme les gars de Gloryful savent que tu as du cœur pour deux, ils te font chialer un peu plus fort sur "Far Beyond Time", avec un refrain à emballer une bourge anglaise en moins de deux. Et comme ils connaissent la musique, ils savent qu’il faut placer une espèce de bombe à la fin de l’album, et avec "Death Of The First Earth", ils assurent leur place au Valhalla, ce qui tombe bien puisqu’ils sont allemands. Donc voilà, une heure à sauver le Metal, que s’ils l’avaient pas fait… Quelqu’un l’aurait fait à leur place. Bon allez, ça suffit. On la joue sérieux là : cet album est dispensable, il remplit le cahier des charges sans plus. Ok, ça joue bien, ça chante bien même si Johnny La Bomba (putain, ça s’invente pas) manque un peu de coffre, mais Airbourne joue bien et pour autant je me demande pourquoi ils s’évertuent à reprendre les idées d’AC/DC en les travestissant à peine.
Et comme se demandait mon pote DarkSchneider en mode « flyfuck » : comment peut-on considérer le son et l'exécution comme des critères de qualités pouvant tirer un album vers le haut ? Bah, là, on peut pas. Alors amis heavy-toxicomanes, posez une oreille sur cet album-qu’il-est-bien-fait-mais-voilà, les autres, écoutez-vous un bon vieux Louder Than Hell ou Something Wicked This Way Comes. La vie est trop courte pour perdre du temps. Regardez, ça fait déjà quatre heures de paumées pour cette chronique.