Roland aime Jorn. Mais le problème, c'est que Jorn est plutôt du genre volage. Après qu'il ait quitté le foyer, Roland a essayé de se consoler dans les bras de Mike, mais ça n'a pas collé, et il a tout fait pour convaincre Jorn de rentrer au bercail, au prix de sacrifices beaucoup trop importants. Tout ça pour que Jorn remette rapidement les voiles… Cette fois, la séparation semble actée pour de bon, et Roland tente de se reconstruire avec Rick, sur lequel il a récemment flashé. La suite au prochain épisode de Masterplan, votre nouvelle grande saga de l'été !
Pour que Monseigneur Jorn Lande accepte de venir poser sa voix sur le controversé Time To Be King, que j'adore tout en ayant l'impression d'être le seul dans ce cas, Roland Grapow a dû baisser son froc comme rarement un compositeur a dû le faire (ceux qui ont lu l'édifiante interview dans le Rock Hard n°134 comprendront). Il a notamment dû tirer un trait sur pas mal de caractéristiques du style Masterplan, notamment sur les éléments typés speed mélodique (double grosse caisse, harmonies de guitare). Du coup, Novum Initium permet à Masterplan de revenir à ses fondamentaux, comme sur l'opener "The Game". Ce titre était déjà prêt à l'époque de Time To Be King, mais Jorn ne la trouvait pas à son goût. Comme quoi, il est quand même un peu con ce Jorn, parce que ce titre est carrément excellent. D'ailleurs, c'est bien dommage que ce soit le seul morceau de cet album à atteindre ce niveau, avec l'énergique "Black Night of Magic" et son refrain entêtant.
Attention, je suis loin de dire que Novum Initium est raté. Des bons titres, il y en a un petit paquet : le mid tempo "Betrayal", au couplet bien heavy précédant un refrain plus lumineux ; "No Escape", dont le refrain sonne presque comme du Samael version power metal et qui aurait pu se retrouver, sûrement avec d'autres arrangements, sur un album de… Cradle of Filth (!) puisqu'elle a été composée par le batteur Martin Skaroupka ; ou encore "Pray on My Soul", qui représente la facette plus FM du groupe, avec ce côté hard mélodique qui sonne un peu facile mais qui s'avère redoutable d'efficacité. Comme souvent chez Masterplan, les compos sont variées et à ce stade de l'album, on s'oriente tout droit vers une réussite. Les morceaux sont plaisants, Rick Altzi gère plutôt bien la succession de Jorn Lande (pas une mince affaire), en mélangeant habilement style personnel et gimmicks hérités de son prédécesseur, dans les cris surtout… Non, à ce moment-là, on y croit.
On y croit parce qu'on a pas encore subi l'assaut d'une flopée de titres peu inspirés. Bon, on avait bien eu le mid tempo bateau "Keep your Dream Alive", mais bon, une erreur de parcours, ça arrive. Une deuxième, pourquoi pas, et encore, le refrain de "Earth is Going Down" permet de sauver les meubles. Mais à partir de "Return to Avalon", cela se gâte fortement. Avec un tel titre, on se doute que le morceau se veut épique, mais entre le riff pillé chez Running Wild mais joué au ralenti et le refrain ampoulé digne d'une formation de troisième division de power rital, c'est la sortie de route. La power ballad "Through your Eyes" ne relève guère le niveau, et c'est déjà l'heure du baroud d'honneur avec le morceau titre, un pavé de 10 minutes. Alors là, je ne sais pas si c'est mon manque d'affinités avec le metal prog' qui parle, mais c'est un long moment d'ennui. Si on y trouveune poignée de plans fort agréables, ce titre apparaît décousu et on ressent un manque d'unité assez flagrant.
Comme le suggère le titre de ce cinquième album, Novum Initium marque un nouveau départ, avec un line-up largement remanié et amputé de son capricieux mais talentueux chanteur Jorn Lande. Grapow a plutôt eu a main heureuse avec ses nouveaux musiciens, mais l'album laisse tout de même un peu à désirer. Masterplan a retrouvé son style habituel entre heavy racé, speed mélodique et metal light typé FM, mais l'inspiration se montre assez fluctuante. Disons que le début de l'album, très réussi, laissait espérer un résultat final un peu plus convaincant… Typiquement le genre d'album à moitié plein un jour et à moitié vide le lendemain.