CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Nils Groth
(chant)
-Nathanael
(guitare+basse+batterie)
TRACKLIST
1) Monument
2) Just Another Way Of Expressing Defeat
3) The King Is Dead
4) My Transparent Heart
5) Today, The Sea (Anja's Song)
6) Deleting Those Three Words
7) Eternal Youth
8) Seven Dead Horses
9) Silence Is Everything
10) Forest Pt. I (The Veil)
11) Forest Pt. II (The Grove)
12) This Story Of Permanence
13) The Elk
DISCOGRAPHIE
Avez-vous déjà eu le syndrome de la page blanche ? Mais si, vous savez, cette horreur qui vous attrape sournoisement au moment le plus inopportun et vous empêche d’écrire quelque chose de génial, ou au moins de concret, pour la raison que « parce que ». Vous ne le sentez pas. Vos tripes vous disent, « non, pas maintenant, attends un peu plus ». Ce fichu syndrome m’a pris pour ce premier album des Allemands de Thränenkind, sans pourtant qu’il soit particulièrement déroutant.
The Elk n’est pas de ces disques compliqués exigeant au bas mot une dizaine d’écoute pour se laisser percer à jour. Au contraire, il est très simple, et aisé à retenir. Mais ce sont davantage les sentiments qu’il inspire qui sont sujets au questionnement. The Elk, pour le situer, oscille entre le black metal, le rock dépressif, avec un certain goût pour le post-punk, qui explique la facilité avec laquelle se retiennent les morceaux. Lesdits morceaux, au nombre de 13, sont pour la plupart de durée moyenne, de 3 à 5 minutes, à quelques exceptions près, bien sûr. The Elk est un disque assez long donc, mais tout de même relativement varié. Débutant par des arpèges apaisés, il donne ensuite à voir sa nature plus décharnée, mais pas plus énervée. Le morceau dure juste assez longtemps pour que l’auditoire ait le temps de profiter du sens de la mélodie, omniprésent dans l’album, et de la voix black, porteuse de neurasthénie.
En revanche, ce premier morceau est aussi l’occasion de voir le contraste immense qui rend The Elk si difficile à juger. Les mélodies citées plus haut, sont pour la plupart d’une tonalité joyeuse, ou, du moins, oscillant entre joie et tristesse légère. Entendez par là que de neurasthénie doomesque, point ici ne se trouve. Et à vrai dire, la tendance du groupe à faire des morceaux plutôt courts n’aide pas vraiment à la décision. Pour des pièces de plus de 10 minutes, il serait aisé de dire si, oui ou non, elles posent une véritable ambiance, tandis que celles plus courtes de cet album cassent trop souvent le climat qui venait d’être instauré. Ce serait toutefois abuser que dire qu’une atmosphère s’installe à chaque morceau. Ladite atmosphère se prolonge un peu sur tous les titres, heureusement, et fait encore une fois dire que de longs titres conviendraient mieux à ce style.
The Elk s’écoute donc de façon plutôt circonspecte, bien poliment, mais sans forcément susciter énormément d’émotion. Enfin, principalement aux premières écoutes, qui ne font qu’appuyer le contraste sur lequel on disserta plus haut. Ce sera au final un album « quitte ou double » en ce que l’auditeur devra être en condition pour l’écoute, ou s’ennuiera péniblement. Pourtant, les passages tirant sur le post-rock ("Deleting Those Three Words") ne manquent pas, et la mélancolie devrait être là. C’est dit. Seulement, ça fait un peu trop de conditions pour que l’album soit considéré comme excellent. Il est clair qu’à la lecture du reste de la chronique, on pourrait penser que The Elk est un mauvais album. Il n’en est pourtant rien, car il a d’évidentes qualités, comme ce sens de la mélodie ("Eternal Youth", "Today, The Sea (Anja’s Song)"), ou cette atmosphère brumeuse, propice aux vagabondages des rêveries.
Arrivé à la fin, il peut être difficile de citer un titre en particulier, tant The Elk caresse l’auditeur, le plongeant, dans les parages de la conclusion, dans la létargie. On regrette donc un certain manque de passages plus black, qui agiraient comme des électrochocs, afin de réveiller l’auditeur. Bilan mitigé donc, pour un premier jet qui reste satisfaisant, mais peut-être trop cohérent. Un comble tout de même !