CHRONIQUE PAR ...
Cedric
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Maynard James Keenan
(chant)
-Juliette Commagere
(chant [11])
-Carina Round
(chant [1-10 et 12]+guitare [2])
-Mat Mitchell
(basse [1, 2, 6, 7 et 10]+guitare [1, 2, 4, 6, 8, 9 et 10]+banjo [2])
-Alessandro Cortini
(Buchla [11])
-Matt McJunkins
(basse [3, 4 et 9])
-Tanya O'Callaghan
(basse [7])
-Rani Sharone
(basse [8])
-Devo Keenan
(cello [3])
-Josh Eustis
(guitare [2, 5, 7, 9, 10 et 12]+piano [3]+banjo [12]+erhu [12])
-Jonny Polonsky
(guitare [1, 3, 6 et 7]+mandolin [6])
-Jon Theodore
(batterie [2, 7, 9 et 10])
-Jeff Friedl
(batterie [3])
-Sarah Jones
(batterie [6 et 7])
-Gil Sharone
(batterie [8])
-Tim Alexander
(batterie [12])
TRACKLIST
1) Tiny Monsters
2) Green Valley
3) Monsoons
4) Telling Ghosts
5) Horizons
6) Man Overboard
7) Toma
8) The Rapture (Fear is a Mind Killa Mix)
9) Conditions of My Parole
10) The Weaver
11) Oceans
12) Tumbleweed
DISCOGRAPHIE
Vous connaissez Caduceus Cellars ? Non, ce n’est pas un empereur romain, ni un gladiateur. Et ce n’est pas non plus le nom d’un niveau de Sonic le Hérisson. Non, Caduceus Cellars, c’est une cave viticole de l’Arizona. Et accessoirement, ce doit être la principale cause au hiatus de Tool et de A Perfect Circle. Parce que Maynard James Keenan maintenant, il fait du vin. Il aime ça, faire du vin.
Et c’est peut-être pour ça que depuis 2004 pour APC et 2006 pour Tool il s’est fait, artistiquement, discret. Bon, y a bien eu "C" Is for (Please Insert Sophomoric Genitalia Reference Here) en 2009, publié sous l’étiquette Puscifer (espèce de conglomérat de musiciens gravitant de manière occasionnelle autour de lui) mais sinon c’est relativement calme. Et les amateurs de sa musique, eux, ils rongent leur frein en attendant du « vrai » matériel. Il est donc assez logique de voir l’intérêt général se réveiller à l’annonce d’un album full-length courant 2011. A quoi ça va ressembler, qui va jouer dessus, quel sera le thème, le style, du Tool, du APC, autre chose, de la clarinette ?
Contrairement à ce que la pochette laisse penser, cet album n’est ni une blague, ni un trip délirant et stupide. Y'a qu’à écouter "Tumbleweed" pour s’en convaincre (on y reviendra), même si le clip proposé pour "Conditions Of My Parole" présente un MJK bedonnant et moustachu laissant un goût amer, entre inceste débilisant et beaufitude assumée. Le premier extrait, chronologiquement, était "Man Overboard". Un chant grave, une batterie saturée, une montée en pression pour un résultat musical proche d’un NIN allégé en matière noire. Le motif revient, Carina Round se fait discrète dans le chant et, même s’il tourne en rond, le morceau marche, dégageant une puissance faite de groove et de chœurs. Pas d’explosion vocale, pas de démonstration, le chant reste sobre et à peine reconnait-on le leader de Tool et d’APC.
Et, mise à part cette dernière remarque, il s’agira du même spectre sur tous les morceaux. MJK a décidé de rester sobre et classe, et s’appuyer sur Juliette Commagere (sur "Oceans") et Carina Round pour le reste. Alors bien sûr, le grain Toolien se retrouve au détour d’un "Toma" par exemple, dont le début lourdingue dissimule un titre une nouvelle fois plein de groove (le pont central, sa basse en avant et son motif de batterie ample et lourd, yummy!) qui se vautre hélas parce que trop répétitif. Un peu comme "The Rapture", chiant et interminable comme un jour de pluie, pourtant doté d’un final très réussi, entre "Dead Souls" version Reznor et APC. Dommage. Même défaut sur "The Weaver", plus prenante sur la fin que sur le corps.
Ceci mis à part, on résumera en disant que c'est le chant qui porte les morceaux. Il aurait été surprenant que MJK ne s’impose pas d’une manière ou d’une autre. Il a à ses côtés Carina Round, et lorsque leurs voix se croisent, au pire ça tue ("Tiny Monsters", dont la seconde moitié est magnifique, ou "Telling Ghosts"), au mieux ça défonce des taureaux par pack de 18 ("The Green Valley", incroyable, aussi bien musicalement que sur le placement des mots, des intonations, "Horizons", où MJK pose une ligne de pur kiff, dans un registre sur la brèche, propre, beau, impeccable, ou encore "Tumbleweed", belle à en chialer, presque choquante tant les voix entremêlées emplissent l’espace, là, entre les oreilles, dans la cage thoracique, autour, tout partout).
Mélancolique, plein de groove et doté d’une production solide qui n’oublie personne, ce Conditions Of My Parole ne pêche que sur un aspect : il parait inachevé. Les bonnes idées sont là mais peu développées, comme si le collectif avait été pris par le temps et qu’il était vite entré en studio pour figer les choses. Dommage, parce qu’entre la beauté des harmonies vocales, la propreté du son et la puissance de certains passages, il y avait vraiment matière à faire un grand disque.