CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-D.H. Phillips
(chant+guitare)
-Nicole Estill
(chant+basse)
-Timothy Stakks
(batterie)
TRACKLIST
1) CREEPER
2) S:H:S
3) FOURTH TEETH
4) NUMB HAND
5) TROLLSTIGEN
6) I:M:O
7) HW:R
8) LUNGR
DISCOGRAPHIE
Pour le coup, on peut se poser la question du genre musical pratiqué par True Widow. Du metal ? Assurément non. De la pop ? Un peu, mais pas que. Du stoner alors ? Hum... pas bête, mais réducteur. Shoegaze donc ? Maintenant que vous le dites... Bref, vous avez compris où je veux en venir : True Widow est un mélange de tout ça, un drôle d'oiseau hybride. D'ailleurs bien conscient de son particularisme, le groupe de Dallas s'auto-définit comme officiant dans le « stonegaze » . Pour le coup, mes braves, voilà un terme qui vise juste.
True Widow est avant tout stoner en ceci que sa musique grésille et vrombit. Les basses sont en avant et font saturer une production volontairement... oh, pas pauvre... mais... volontairement vrombissante. Tout bêtement vrombissante. Le son est chaleureux, très rond et presque maternel. Une régression en position fœtale mise en musique. Car, inévitables, les rythmes mid-slow tempo de l'ensemble des pistes plongent l'auditeur dans une léthargie molle et relaxante. Inutile d'intellectualiser le truc, le mieux est encore de se laisser bercer et de suivre les flux et reflux de cette musique hypnotique. Mais True Widow est également pop. Les morceaux sont mélodiques, inoffensifs et gentillets dans le bon sens des termes. Reste au final un mélange prenant, une délicate invitation à dodeliner de la tête, loin du monde qui s'agite.
Une des chouette idée du groupe tient en ce mélange des chants. Classiquement, ils sont pour l'un masculin et pour l'autre féminin. Rien de bien nouveau sous le soleil, si ce n'est leur caractéristique commune : la nonchalance. Ces deux voix ne sont rien d'autre que des appels à l'assoupissement. Coté groupe, il y aurait de la fumette dans l'air que ça ne m'étonnerai guère. Les deux morceaux centraux de l'opus, le premier chanté par Madame ("Four Teeth") et le second par Monsieur ("Numb Hand") créent comme un espace de vide. Un espace d'inexistence. Tout ça est presque bouddhiste dans l'esprit. True Widow nous fait glisser vers le non-être. Un non-être fort agréable, mais parfois un peu... comment dire ? un peu évident. Mais chut ! si une critique apparaît, alors c'est qu'il faut plonger plus avant dans l'écoute.
True Widow est une bonne surprise dans la petite (plus tant que ça, d'ailleurs) sphère du stoner. Électrifiée, la musique du groupe américain n'est pourtant en rien metallisée. Sur Circumambulation, on est quelque part entre My Bloody Valentine, Kyuss et Warpaint. Ouais, on est quelque part dans ce coin là. Un coin ma foi tout à fait douillet, si peu prise de tête qu'il en devient abrutissant. Et on le sait bien : ce qui est abrutissant est très souvent addictif. Si vous aimez les affiches du Roadburn, vous aimerez surement True Widow.