CHRONIQUE PAR ...
S1phonique
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
- Jason Newsted
(chant+basse)
- Jessie Farnsworth
(chant+guitare)
- Mike Mushok
(guitare)
- Jessie Mendez Jr
(batterie)
TRACKLIST
1) Heroic Dose
2) Soldierhead
3) ...As the Crow Flies
4) Ampossible
5) Long Time Dead
6) Above All
7) King of the Underdogs
8) Nocturnus
9) Twisted Tail of the Comet
10) Kindevillusion
11) Futureality
12) Spiderbiter
13) Godsnake
14) Skyscraper
DISCOGRAPHIE
L’histoire de Jason Newsted fait partie des épopées du rock que l'on adore se raconter, par exemple, lors de soirée entre amis, après écoute d'une chanson passée au hasard d'une playlist des bons soirs. Que l’on s’en tienne uniquement au CV du gars ou à sa discographie on ne peut rester indifférent. Admettons que le nombre de pointures rock avec qui a pu joué Newsted est tout simplement incroyable. De ce fait, avec la sortie successive et bien cadrée d’un EP annonciateur puis de son album, Jason Newsted déciderait il enfin de s’assumer en nous livrant 11 titres probablement dans les plus attendus médiatiquement de l’année ? Alors, Exit définitivement Papa Wheelie et autre Echobrain et implications dans d’autres projets à la Supernova, IR8 ou Voivod ? Enter les solides fondations du groupe de Jason frontman affirmé dans sa musique ?
Je vais directement passé la partie du CV du bonhomme connu plus ou moins de tous avec notamment le rôle d 'éternel nouveau bassiste de Metallica durant un peu moins de 15 ans, les implications dans Voivod ou avec le maître Ozzy. Quoiqu'il en soit toutes ces expériences ont forcément jouées un rôle majeur dans l’approche de Jason non seulement sur ses compositions mais probablement aussi sur la gestion de sa carrière et sur ses créations. A Quinqua rockeur album quinqua-minuté puisque les 11 titres composant l’album nous emmènent pour un peu moins d’une heure dans des chansons diverses, mais globalement complètes et affirmées. Intitulé Heavy Metal Music, il est difficile de penser qu'il n'est pas ici défini tout simplement le style pratiqué sur cet album. On retrouve absolument toute l’histoire de notre bassiste et toutes ses influences dans les titres : pas franchement définissables et classables, les compositions alternent les passages stoner, speed, rock pur, hard, dans un registre qu’on appellera classique, old-school ou standard, mais reconnaissable, que ce soit sa voix ou sa basse. Par contre je cherche encore le heavy...
Ainsi on démarre par un "Heroic Dose", au riff que l’on va labelliser hard quasi old-school des Nineties. En fait, on pourrait croire à un bonus du père Hetflied/Ulrich sur les Load et Reload. Alors le morceau n’est pas mauvais, et puis c’est le premier de l’album, donc on s’abstient de conclusions hâtives. On peut ainsi entendre un nouveau morceau depuis le EP annonciateur qui révélait la voix du bonhomme: bien mieux travaillée et placée que les souvenirs que l’on pouvait en avoir de l’époque Four Horsemen et ses débauches vocales sur "Whiplash" ou "Seek and Destroy". Le deuxième morceaux est d’ailleurs une redite de l’EP, Punchy et vitaminé, tonique et décibelien (si si ça existe). Mais pas heavy pour un sou. C’est peut-être là qu’on commence à être déçu. Entre en EP nommé Metal et un album Heavy Metal Music, on s’attend irrémédiablement à un album burné où le thrasher des années 80 a laissé la place à un expérimenté metalleux dans la composition et l’interprétation.
Un peu comme ces footballeurs qui, avec les années, changent de poste et font passer l’expérience et le placement plutôt que la fraîcheur et la fougue (je m’étais promis de placer une analogie sur le foot pour cette album car, finalement, tout va se finir en discussion de comptoir au bar du Balto ou du Ventose le samedi matin). La réalité est autre: le malin businessman Newsted a choisi les bons titres pour ratisser large et s’autoriser les ventes les plus belles possible (l’album réussi d’ailleurs de belles entrée dans les charts US et un peu partout lors du lancement) mais que nenni du metal et que nenni du heavy ! Amoureux du hard rock façon Load / Reload, du Motorhead Cover ou du hard stoné voire du Sabbath des bons jours, l’album vous plaira. Car on ressent toutes ces influences au fur et à mesure de l'écoute. Les influences de Newsted sont tellement évidentes que personne n’est surpris.: "Skycraper" est superbement écrit ,tout comme le rejeton du EP "King Of The Underdogs". On passe même par des couleurs pseudo-doom sur les "Ampossible" et "Futureality", dont le rythme ne semble pas étranger.
En fait, chaque écoute de l’album renforce l’impression que les chansons passent parce que c’est mister Newsted aux commandes. Les musiciens l’accompagnant ne se mettent pas forcément en valeur, et l’interprétation des compositions est honnête. Honnête, voilà d'ailleurs un mot qui pourrait résumer l’album. Tout s’écoute, le chant, la mise en place et les riffs ne lassent pas, mais avouons-le…on attend plus. Alors faut-il voir une crise identitaire ou une absence de caractère ? Jason nous ouvre largement l’appétit, mais ne parvient finalement pas à nous rassasier. Il reste un sentiment d'inachevé sur cet opus. Attendions-nous forcément une tuerie de la part du bonhomme ? N'avons-nous finalement pas déplacé l'attente d'un album de Metallica des bonnes années (qui a priori ne viendra plus, les beaux gosses de Frisco préférant faire du cinoche en 3d) vers Jason, car gardant en mémoire les prestations scéniques puissantes du bassistes lors des tournées sans fin de son ex groupe ? Chacun se fera sa propre réponse. Maintenant, à cinquante ans, avec une belle carrière probablement derrière lui, ne soyons pas gourmands ou exigeants. Raisonnable suffirait mais est ce dans le caractère du bonhomme ...?
Jason va vendre car c'est Newsted et beaucoup vont vouloir le voir live. Alors en estampillant en plus les CD d'un« premier album du nouveau groupe de l’ex-bassiste de Metallica ! » la maison de disque (dont monsieur a des intérêts) peut se frotter les mains. Le retour du bonhomme sur le devant de la scène est forcément un succès commercial assuré puisque n'importe quel toureur ou producteur sera prêt à faire venir le bonhomme qu'on peut labelliser de bancable pour le moment. N'est-ce cependant pas frustrant ? L'artiste et son nouvel album sont-ils reconnus à leur juste valeur? N'utilise-t-on pas le succès passé pour proclamer les qualités des compositions ? Si cet album sortait sous un autre nom, avec un autre groupe je pense qu'on dirait qu'il est bon, mais qu'il passerait totalement inaperçu dans la masse. Alors, public "qu'il aime all" songs ou qu'il n'aime pas, je me contenterai finalement de dire que Heavy Metal Music est un bon album de hard rock (certainement pas de heavy ou de metal), et que Newsted et sa troupe vont devoir confirmer pour atteindre le délicieux.