CHRONIQUE PAR ...
Amdor
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Heri Joensen
(chant+guitare)
-Terji Skibenæs
(guitare)
-Gunnar H. Thomsen
(basse)
-George Kollias
(batterie)
TRACKLIST
1) Blood of Heroes
2) Mare of My Night
3) Hel Hath No Fury
4) The Lay of Our Love
5) Nation
6) Another Fallen Brother
7) Grindavi Ìsan
8) Into the Sky
9) Fánar Burtur Brandaljóð
10) Lady of the Slain
11) Valkyrja
DISCOGRAPHIE
Il y a de ces groupes dont on attend les albums avec palpitation, impatient de découvrir les nouveautés au rendez-vous, trépignant d’envie d’entendre les pépites que les musiciens nous ont une nouvelle fois composées. Lot de toutes les grandes attentes, à tous ces sentiments se mêle aussi la crainte : et si cette attente avait été vaine ? Et si cet album n’en valait finalement pas la peine ? Et si l’évolution du groupe ne me plaisait pas ? Voilà une peur à laquelle les fans de Tyr ne semblent pas être vraiment confrontée… Evolution ? Changement ? Késako ?
Il faut bien concéder une chose à propos des plus célèbres des Féroïens : ce ne sont pas des monstres d’innovation et ce depuis quelques années déjà. Si toutefois, la présence de Georges Kollias (Nile), alias « monsieur 250 bpm », au poste de batteur de session est sans doute la raison pour laquelle la section rythmique semble s’être légèrement embellie sans être révolutionnée pour autant, un constat s’impose : Valkyrja (Valkyrie en vieux norrois) reprend là où The Lay of Thrym s’était arrêté (c’est-à-dire là où By the Light of the Northern Star s’était lui-même arrêté) et joue inlassablement son heavy mélodique mid-tempo vaguement folk et agrémenté d’un chant clair épique auquel se superposent régulièrement des chœurs qu’on pourrait qualifier de « viking ». De même, la structure de l’album ne aucune révolution : une dizaine de titres (ok, 11, on ne va pas chipoter) d’une durée oscillant généralement autour des 4 minutes (le temps où le groupe nous pondait des chansons affichant une durée Dream Theaterienne est bel et bien révolu... et temps mieux !), se terminant traditionnellement par un morceau éponyme un peu plus long que la moyenne.
Alors oui, on est au degré zéro de la prise de risque et certains trouveront l’ensemble toujours aussi convenu, mais, après tout, pourquoi s’en plaindre puisque Tyr maîtrise si bien son sujet ? Nous voilà donc en terrain archi connu, aux prises avec un concept album nous narrant de nouvelles épopées mythologiques toutes droit venues du grand Nord (étonnant, non ?), tournant cette fois-ci autour d’un guerrier partant au combat afin de gagner les faveurs des Valkyries et ainsi accéder au Valhalla. Vous l’aurez bien sûr compris, Valkyrja ne va pas chambouler tout son monde ni augurer d'une quelconque évolution musicale de la part de nos Danois, offrant plus ou moins les mêmes lots de satisfactions et de regrets que les productions précédentes du combo. En réalité, la seule petite surprise au rendez-vous sera l’apparition de Liv Kristine, chanteuse de Leaves’ Eyes, sur la power ballad "The Lay of Our Love", prestation loin d’être inintéressante mais qui risque de ne pas être forcément au goût de tous.
Pour ce qui est du reste, on aura donc droit, comme d’habitude, à quelques titres plutôt anecdotiques comme "Nation" ou "Fánar Burtur Brandaljóð" qui sont plus poussifs, ainsi que quelques maladresses, notamment sur "Another Fallen Brother" où couplets et refrains ne s’enchaînent pas très bien malgré toutes leurs qualités ; mais aussi et surtout à une grosse poignée de tubes, avec en tête l’entame de l’album, "Blood of Heroes", au refrain aussi téléphoné que fédérateur, la sombre "Mare of My Night", "Hel Hath No Fury" et son rythme martial, en passant par la véloce (oui, oui, on parle bien de Tyr) "Lady of the Slain" et son riffing tantôt thrashy, jusqu’aux sept minutes mélancoliques du morceau éponyme qui concluent magistralement l’ensemble et ne manqueront pas de faire chavirer n’importe quel amateur du genre. Le bilan est sans appel : les quelques points négatifs ne valent pas le coup qu'on y accorde plus de temps donc si vous n’avez pas peur d’être un jour lassés par la formule, foncez les yeux fermés sur Valkyrja, vous n’en reviendrez pas déçus !
Soyons clairs : on reprend (presque) les mêmes et on recommence. Valkyrja, c’est quarante cinq minutes de Tyr tout ce qu’il y a de plus pur, sans véritable folie mais sans pour autant faire honte à la réputation du combo. Difficile de faire plus simple : si vous avez aimé les albums précédents, vous aimerez sans aucun doute celui-ci, sinon pas la peine de réessayer avec cette nouvelle cuvée, la musique des Féroïens ne semble décidément pas être faite pour vous. Tyr ne dévie pas de sa route, ni originale ni irréprochable, conservant intactes toutes ses qualités mais aussi tous ses petits défauts qui font aussi une partie de son charme, alors si, comme moi, vous vous y êtes finalement accommodés, vous n’avez aucune raison de bouder cette fournée 2013 qui devrait se tailler la part du lion en live !