CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Adam Waleszynski
(guitare)
-Maciej Karbowski
(guitare+clavier+piano)
-Przemek Weglowski
(basse)
-Tomasz Stolowski
(batterie)
TRACKLIST
1) Laughter of Gods
2) Only With Presence
3) Satori
4) Emptiness of Yours and Mine
5) Hollow Lights (Studio Version)
6) Now Run
7) Let it Out, Let it Flow, Let it Fly
8) Up From Eden
DISCOGRAPHIE
S’il y a bien deux genres où les chroniqueurs mettent souvent tout et n’importe quoi c’est bien le metal prog et le post-rock. « Tiens un long passage planant à la guitare par-ci… Allez disons que c’est du post-rock ! », « Oh, un moment un peu complexe par-là avec de la grosse guitare… On va mettre ça dans le metal prog ». Alors lorsqu’un groupe se vante de mêler du metal prog dans son post-rock (et pas l’inverse grand Dieu), là c’est la folie. Surtout quand il a le droit à un nom bien cliché, Tides From Nebula, un titre, Eternal Movement, tout aussi joli que sa pochette, le doute n’est plus permis : on est bien devant des post-rock progueux !
Car Tides From Nebula commence fort. Le premier titre déboule, la mélodie est complexe. On dirait l’intro d’un album de Dream Theater. Oui, mais l’ensemble est plus aérien avec un aspect cristallin qui pourrait faire penser à God is an Astronaut. Le morceau enchaine passages post rock, mélodies de guitares et montées efficaces pour finir sur la même ligne alambiquée. En bref, "Laughter of Gods" est un bon morceau. Et la suite ne démérite pas avec "Only with Presence" où sa boucle mélodique forme un fil conducteur pendant tout le morceau. A la fois positive et aérée, la piste est une véritable réussite tout comme l’est la suivante, "Satori", qui nous rappelle un Sigur Rós non dépressif (c’est rare) et passe comme une lettre à la poste. On notera au passage que ces morceaux comme la plupart de ceux qui constituent l’album sont construits sur un schéma semblable : passage calme au milieu pour déboucher sur une montée progressive et finir sur quelque chose de plus soutenu (metal ou non).
Et souvent cette formule marche. C’est le cas notamment du long "Emptiness of Yours and Mine". L’ambiance se met doucement en place, calme puis de plus en plus inquiétante jusqu’à nous transporter avec un lent solo où les guitares jouent l’une après l’autre pour finir sur un très bon passage plus musclé. Le succès est toutefois moins réussi sur les morceaux suivants, bien que le très rock "Hollow Lights" tire légèrement son épingle du jeu. On ne renoue avec cette réussite que sur "Up From Eden" qui mêle habilement passages dynamiques et moments très calmes. Ce n’est qu’après quelques écoutes que l’on se rend compte que la faiblesse de la deuxième partie de l’album réside, d’une part, dans un non parti pris entre post-rock et metal et, d’autre part, d'un mix mettant la batterie exagérément en avant. Cela donne parfois un punch et une lourdeur appréciable (la fin de "Emptiness of Yours and Mine" ou le début épique de "Now Run"), mais gâche souvent certaines mélodies où certains moments purement ambiants (la fin de "Now Run" et de "Hollow Lights" et le raté complet de "Let it out, Let it Flow, Let it Fly"). C’est bien dommage car ce disque avait un véritable potentiel.
Meilleur que le soporifique Earthshine, mais moins bon que leur premier essai Aura, Eternal Movement est un bon album qui ne sait pas vraiment se décider entre les éléments post-rock et metal prog. Il en résulte un disque instrumental en deux temps, une première partie très bonne avec des mélodies entêtantes et une seconde beaucoup plus molle où la batterie absorbe toute la dynamique et l’aspect cristallin et aérien des morceaux. Gageons qu’avec leur prochaine sortie les polonais trouveront un meilleur équilibre.