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CHRONIQUE PAR ...

73
Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-John Garcia
(chant)

-Bruno Fevery
(guitare)

-Mike Dean
(basse)

-Brant Bjork
(batterie)

TRACKLIST

1) Good Morning Wasteland
2) Dargona Dragona
3) Sweet Remain
4) As You Wish
5) Planets 1&2
6) Adara

7) Mas Vino
8) Dark and Lovely
9) Barcelonian
10) Acidize...The Gambling Moose

DISCOGRAPHIE

Peace (2013)

Vista Chino - Peace
(2013) - stoner Kyuss undercover - Label : Napalm Records



Quand on aime le stoner, mes bons amis, on ne peut décemment pas se targuer d'ignorer l'existence et l'apport monumental de mecs comme Brant Bjork et John Garcia, fondateurs du grand Kyuss (LE groupe fondateur de la scène stoner). Aussi, quand les bonhommes se remirent au boulot après tant d'années d'absence (sous un autre nom, on explique pourquoi ci-dessous), on eut bien envie de crier notre joie et on se jeta avidement sur la sortie de ce Peace, qui arrive à point nommé pour rappeler aux petits jeunes de la scène qui cassent tout en ce moment (au hasard, Red Fang) qui sont leurs papas et à qui tous doivent leur existence même. Mais bien évidemment, ce genre de retour n'est pas sans risques... Alors, les vieux de la vieille, gros as-been ou véritables Parrains donnant la masterclass stoner-rock de l'année?

Mais avant de répondre à la question et comme indiqué plus haut, quelques mots de contexte : Vista Chino, c'est d'abord et avant tout le résultat un peu triste d'un imbroglio juridique, entre d'un côté John Garcia et Brant Bjork, ex-Kyuss et fondateurs en 2010 de Kyuss Lives (sorte de touring band de copains auquel participa notamment Nick Oliveri, autre membre illustre de Kyuss et de QOTSA), et de l'autre, Josh Homme (faut-il encore présenter le géant roux des immenses Queens Of The Stone Age?) et Scott Reeder (parti, lui, créer les tout aussi respectables Fu Manchu), tous deux ex-Kyuss également. Sans rentrer dans les détails, l'ami Homme, qui est apparemment un bien bel enfoiré en affaires - de nombreux articles en traitent sur le net - et son pote Reeder reprochaient à Bjork et Garcia d'usurper le nom de Kyuss dans leur (re)formation sous le nom de Kyuss Lives! Bref, après moults développements de ce qu'on imagine comme un déchirement assez dégueulasse entre vieux amis sur fonds de gros sous (mais déchirement qui selon Bjork dure déjà depuis près de 20 ans et la fin de Kyuss), la justice fédérale conseilla finalement à Bjork et Garcia de changer de nom. Ce que les bonhommes firent pour se renommer...? Ouais, Vista Chino, bravo d'avoir suivi. Passé cette parenthèse, on peut enfin s'intéresser au contenu de cet album de Vista, pour voir que ce vilain épisode judiciaire n'a en rien entamé la motivation et le talent des deux anciens. Bien au contraire. En fait, Peace, c'est un peu la réponse idéale à Josh Homme, à son statut de légende vivante de la scène rock au sens large, à ses amis les stars (on pense à Them Crooked Vultures, plutôt bon groupe au demeurant), ses desert-sessions et à son puissant QOTSA (dont on ne peut évidemment que louer la qualité, le fabuleux ...Like Clockwork tendant encore à prouver toute l'étendue du talent du rouquin).

Mais voilà, en face il y a Peace, et c'est un peu la masterclass stoner à l'ancienne tant attendue, le cahier des charges de la grande époque respecté à la lettre près par ceux-là même qui l'ont créé, et ça fait toute la différence. Là où QOTSA est devenu, sous la houlette de Homme, bien autre chose qu'un groupe de stoner (le dernier album en témoigne avec force), Vista Chino se fait pour sa part l'apôtre ascétique d'une relecture des plus orthodoxes du grand livre du rock désertique. On en veut pour preuve... eh bien, tout. Car absolument tout, sur ce Peace, sent le stoner des débuts, le pur heavy rock des 90's. On a l'impression de se retrouver devant un Welcome To Skyvalley ou un Circus Leaves Town mais en 2013, et très franchement cela fait un bien fou. Alors certes, la recette n'est pas originale pour un sou, mais quelle maitrise. Quelle efficacité, et quelle capacité à composer des titres véritablement marquants (la géniale "Adara") dans un univers pourtant sacrément balisé (en termes de son de guitare, en termes de tempos, de jeu de batterie, de chant...). Bref, on ne peut même plus parler de maitrise, puisqu'on parle des mecs qui ont inventé le genre. On peut cependant parler des plans de batteries toujours aussi fins de Brant Bjork, qui fait encore montre de tout son talent pour ambiancer les gros riffs de ses copains : toujours autant de petit jeu de cymbales, et surtout toujours cette propension à utiliser les percus à bon escient (pas comme Santana, quoi). On peut parler du chant de John Garcia, en très grande forme et dont on ne peut qu'apprécier la performance de haute volée (même si on est à la base pas fan de son timbre un peu trop heavy-metal). On peut ensuite parler de ces morceaux au cordeau, "Barcelona" et "Sweet Remain" par exemple, ou encore de l'excellente "Planets 1 & 2" qui aurait parfaitement trouvé sa place sur un Skyvalley avec son final lourd et psyché à souhait, bref de ces morceaux qui distillent leurs ambiances typiquement desert rock et stoner avec une énergie jamais démentie et un feeling inimitable : batterie vivace, riffs langoureux mais toujours gras et lourds, et surtout ce son de lead, toujours ce fameux son de lead, que l'on retrouve aussi bien sur les premiers Kyuss, que sur les QOTSA, les Fu Manchu ou les Clutch.

On peut aussi évoquer le petit plus qui fait invariablement un bel album de rock : la présence de hits, de pièces qui accrochent instantanément l'oreille. Et de ce point de vue là, on a résolument pas été feintés par les deux chevelus/moustachus, car deux gros tubes viennent brillamment coiffer cet opus : "Dragona Dragona", qui ouvre à merveille la galette et rassure en un instant, avec ses superbes lignes de chant et son énergie électrisante, sur la capacité renouvelée de Bjork et Garcia à écrire du putain de bon stoner, et "Adara ". On en a déjà parlé plus haut, mais c'est sans doute le tube de cet album avec son immédiateté, l'ajout de ces petites guitares sèches du plus bel effet et son refrain de tueur. On pourrait enfin rendre hommage à ces morceaux plus ambiancés, plus progressifs et libres dans leur cheminement, à la limite du jam par moments, comme l'agréable "Dark and Lovely" qui donne furieusement envie d'aller arpenter les étendues désertiques du Nevada en grosse cadillac décapotable, ou encore le petit kiff envoyé aux fans de la première heure : "Acidize... The Gambling Moose", pièce stoner psyché à l'ancienne de 13 minutes, qui vient clore l'album avec autant de style que de nonchalance. Bref, des choses positives sur cet album, on pourrait en dire des tonnes. Des choses négatives par contre... Difficile d'en trouver, sauf à considérer que cette velléité de ne pas évoluer et de rester dans son délire stoner enfumé 90's est une erreur. Ne partageant pas ce point de vue, on ne le reprochera en l'occurrence pas à Bjork et Garcia (accompagnés tout de même sur cet opus de leur pote Bruno Fevery à la guitare, dont on salue la grande qualité des riffs au passage, et de ce bon vieux Nick Oliveri, reparti depuis dans son trip Mondo Generator et remplacé par Mike Dean, mais jamais bien loin quand il y a de la bonne grosse basse à faire vrombir). Et quand on voit la qualité déployée sur cet opus, on se dit qu'ils ont bien fait de rester dans leur bel univers stoner, univers qui reste, après tout, leur bébé et celui de personne d'autre (enfin si, mais on va pas encore revenir sur Josh, dont l'ombre rousse n'habite que déjà trop cette chronique). 


En conclusion, oui, Vista Chino est un groupe résolument old school, et Peace est un album clairement rétrograde dans son approche. Ça plaira ou pas, mais on ne peut que s'incliner devant le talent jamais démenti des bonhommes. Ces mecs respirent tellement le stoner, cet album sent tellement la chaleur et le désert, qu'on pourrait l'utiliser comme chauffage en plus de sa vocation première de baume auditif. Bref, l'air de rien et sans prétention aucune, Vista Chino vient de rappeler à ceux qui l'auraient oublié que la scène stoner US authentique existe encore et que ses créateurs restent ceux qui en maitrisent le mieux les secrets. On se demande forcément ce que donnerait un album alliant à nouveau le talent de ces deux tronches à celui du Grand Méchant Roux et de Scott Reeder. Rhaa, ce serait si bon! Mais faute de mieux, on se contentera des (excellentes) sorties respectives de ces vieux frères devenus ennemis. Bon, au final ça fait deux fois plus de bon son, vous me direz...Une franche réussite en tout cas. Long live the stoner scene !


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