CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Matthias Vogels
(chant+guitare+claviers)
-Shane Prendiville
(chant+guitare+claviers)
-Alex Perkolup
(chant+basse)
-Charlie Werber
(batterie)
TRACKLIST
1) Water from Water
2) Bull of Crete
3) Al-Malik
4) Recuerdos
5) Zeta II Reticuli
6) Zeta II Reticuli, pt 2
7) King in Yellow
8) When Blood Leaves
9) Larks' Tongues in Aspic, Part II
DISCOGRAPHIE
Murmur est un groupe américain assez jeune puisque son 1er album ne date que de 2010 et voici donc son second. Un split avec Nachtmystium indique une connotation à l'aventure probablement. En tout cas, du black metal, mais pas d'obédience classique. On parle américain également vu la provenance obamesque de Chicago, cité plus réputée pour ses clubs de jazz que sa scène metal. On sent donc venir le mix : oui, jazz + metal = amour.
Les premières mesures et minutes vous nous confirmer dans cette intuition première, la batterie s'affiche seule dans de délicates caresses de ses cymbales ou toms. Pourtant c'est bien un déluge blasté qui débarque sans crier gare. Avec une impression de bordel aussi. Ça va soit trop vite, soit le son n'arrive pas à nous distinguer toute l'information. Et il faut dire que le style du groupe n'aide pas à l'intelligibilité. Mixture de black metal dissonant, de post-hardcore apocalyptique et de touches jazzy (on note le travail sur les cymbales notamment) la musique de Murmur n'a pas son pareil pour s'imposer comme unique à l'oreille de l'auditeur, ce qui est très bien. Par contre, elle s'impose aussi comme une cochonnerie bien difficile à avaler. Le quatuor de l'Illinois ne cherche absolument pas à faciliter la compréhension et se lance corps et biens dans sa quête musicale.
Quête musicale qui sonne plus proche de la fin du monde que d'un froid polaire figé. Cet album éponyme est un ode à la différence et aux dissonances. La polyrythmie n'est peut-être jamais loin aussi. Le style confine alors plus à du post quelque chose en -core noir que black metal, d'autant que certaines parties de chant versent dans le post hardcore pur jus. Cette tendance à la dissonance est en plus fortement appuyée par des structures très répétitives et syncopées. En fait de répétitives, elles sont toujours, ou souvent, ou régulièrement, chantre de la menue modulation qui évite (?) l'ivresse de la lassitude... sauf que non en fait. Murmur, à la fois le groupe et l'album, sait pertinemment qu'il marche sur la corde raide tendue entre deux mondes qui malgré leurs points communs divisent les personnes. Et cette marche raide est périlleuse. Très.
La recherche du péril est une grande qualité que l'on doit accorder à Murmur, mais on a du mal à saisir le but de cette démarche. Le groupe veut-il nous acculer et nous mettre à l'agonie ? Veut-il appuyer son propos pour le faire rentrer définitivement dans nos têtes ? Veut-il insister sur son côté fin du monde ? Beaucoup de questions et peu de réponses dans la musique. Le sentiment peut du coup tourner court et on finit par se demander où est la progression. Jamais évidente, elle manque cruellement à la longue. Si on loue les audaces du groupe, ses rythmiques improbables, ses variations subtiles ou sa personnalité, on reste immobile quant à son propos. Personnellement, je n'arrive pas à savoir où tout cela mène. Et certes la démarche est admirable mais trop rarement, la 9e minute de "Al-Malik" par exemple, elle parle. D'ailleurs on finit par comprendre les influences du groupe quand arrive la reprise : "Lark's Tongues in Aspic pt II" intégrée à la sauce du groupe, du coup pas forcément convaincante.
Une formation qui est pétrie de talent technique et d'idées. Personnel, au point d'en être difficilement pénétrable, ce Murmur s'adresse à la frange de la population metal/core la plus curieuse des mélanges et ouverte à la complexité et la dureté de compréhension. Vous l'aurez compris, à tester par toutes les oreilles curieuses, sans garantie de résultat.