CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Abir Blackshadow
(chant)
-Daniel Dante
(instruments)
TRACKLIST
1) Oppression
2) The State of Madness
3) Theatre of Life
4) We Are Gohtrockers and We Don't Care
5) She Is the Demon
6) Terrorroom
7) Voices of the People
8) Javla Zigenare
9) Stand Up
10) Jephanie
11) We Are Gothrockers and We Don't Care (Chambers Mix)
DISCOGRAPHIE
- Les enfants? Les enfants où êtes-vous ?
- Zut, c’est encore pépé Winter qui veut nos raconter ses histoires idiotes ! Planquez-vous !
- Les enfants ??? J’ai écouté l’album de Madness of the Night et ça m’a rappelé plein de chouettes souvenirs !
- ...
- Mais où est-ce que vous êtes passés ? Le CO2 à Lyon, ça c’était une boîte comme on n'en fait plus !! Ah mais c’est pas vrai, où ils sont ? Aïe, et cette maudite sciatique !
Il y a des albums comme ça qui plongent l’auditeur dans un vortex temporel et le ramènent à une période révolue. Dans le cas de The Asgarda, ce n’est pas très surprenant puisque le premier album de ce duo suédo-libanais donne dans le gothique, genre quand même plutôt en voie d’extinction. Parce que là, attention, on parle du goth pur et dur, du vrai, pas du metal gothique (ne vous fiez pas aux blagues que raconte le label à ce sujet !), popularisé depuis le Gothic de Paradise Lost. The Asgarda propose du goth-rock, couillu certes, voire bien heavy par moments ("Terrorroom"), mais pas de riffs à la Design Your Universe au programme, ni de vocaux de princesses éplorées. Les mélodies nous renvoient irrémédiablement du côté de Sisters époque "Temple of Love" ou antérieure, de The Mission ou d’Asylum, avec un petit côté darkwave pour pimenter le tout, tandis que le son pas franchement clean et la plupart des vocaux d’Abir donnent un côté rocailleux, limite punk par moments, à l'ensemble. La voix de la chanteuse est d’ailleurs à la fois la force et la faiblesse de l’album : autant Abir est convaincante quand elle beugle ses revendications à la face du monde ("We Are Gothrockers…", "Terrorroom",…), autant ses essais de changement de registre et autres hululements (ouïe ouïe les cris d’indienne sur "Javla Zigenare", n’est pas Lisa Gerrard qui veut), heureusement franchement minoritaires, prêtent plus à sourire qu’autre chose.
Prêtent également à sourire, ou au bâillement, deux titres : l’éprouvant "She’s the Demon", aussi effrayant qu’un épisode de Scooby-Doo en noir et blanc, et le très, très poussif "Oppression" qui ouvre l’album de la pire des façons. Heureusement, le reste de The Asgarda est d’une bien meilleure qualité. Certes, le duo se contente de reprendre les recettes élaborées dans les années 80, mais l’exécution est bien satisfaisante et quelques morceaux donnent quand bien envie de remettre sa cape, de se présenter sur la piste avec un air mystérieux et de remuer (mais pas trop) un coup vers la droite un coup vers la gauche, comme à la grande époque. "We Are Gothrockers…" et "Voices of the People" sont de bons « gothic anthems » un peu punks sur les bords, tandis que "Terrorroom", le morceau le plus plombé et le plus dark, est épatant d’efficacité. Le reste de l’album donne dans un classicisme Sisterien pas transcendant mais de bon aloi, et comme si Madness of the Night voulait démontrer son attachement à la bande à Eldritch, le titre final (oui final, on passera sur le remix inutile de "We Are Gothrockers… "), "Jephania", malgré un départ à la Little Nemo, est chanté par une voix masculine calquée sur celle du Maître.
Au final, The Asgarda est un album pas exempt de défauts, mais attachant par sa spontanéité et par ce retour aux sources un peu inattendu en cette époque où l’on crie au corbeau à la vue de la moindre robe de velours noir. Ce premier album ne permettra pas au couple Daniel/Abir de se hisser à la hauteur d’autres prestigieux duos (Lisa/Brendan au hasard, ou Albin/Alzbeth pour les initiés… le premier qui parle de Niagara dégage), mais cette oeuvre pourra au moins servir à l’instruction des jeunes : le goth n’est pas forcément un truc aseptisé et il peut, lui aussi sentir la sueur et les panards. Qu’on se le dise !