6375

CHRONIQUE PAR ...

106
Belzaran
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Robert Andersson
(chant+guitare)

-Edvin Aftonfalk
(guitare)

-Dag Landin
(basse)

-Adam Lindmark
(batterie)

TRACKLIST

1) Berceuse
2) Chains
3) Towards a Dark Sky
4) Aurora in the Offing
5) It Stretches in the Hollow
6) Ripening Life
7) The Perennial Link
8) Solace
9) Beyond Life Sealed's Abone
10) Terminus

DISCOGRAPHIE

Sweven (2014)

Morbus Chron - Sweven
(2014) - death metal Death metal progressif - Label : Century Media



Morbus Chron, groupe suédois de death-metal, a démarré sa carrière en 2007 avec l’envie de suivre la route des grands anciens, Death en tête. Vite catalogué old-school, ils entendent bien, avec leur nouvel album Sweven, démontrer qu’ils ont évolué et qu’ils sont bien plus qu’un groupe à l’ancienne. Ils ont donc ajouté quelques éléments de black-metal, mais surtout de rock progressif, dans leur musique. Et les Suédois ne sont pas peu fiers de leur musique… Mais cette volonté d’être un fer de lance du metal extrême est-elle un peu trop présomptueuse ? Que nous propose réellement ce deuxième véritable album du groupe ?

Tout commence avec le morceau "Berceuse". C’est le genre de berceuse à vous faire faire des cauchemars… Ambiance glauque garantie avec une simple guitare acoustique qui fait monter la tension lentement. Cette introduction de trois minutes finit par lancer le disque et démarre alors "Chains" qui enchaîne sans que l’on s’aperçoive réellement que l’on a changé de piste. Encore une fois, c’est une guitare acoustique qui nous accueille avant que tout s’excite un peu. Le chant arrive alors, guttural et bien grave. Immédiatement, on se rend bien compte des aspects progressifs de la musique du groupe. Cassures, complexité des compositions, riffs torturés…  "Chains" propose quand bien même quelques passages qui coulent un peu plus de source pour accrocher l’oreille. Et ce qui marque d’emblée, c’est l’absence régulière du chant. Ce dernier est finalement assez anecdotique tant les parties instrumentales sont longues et nombreuses. Le tout se termine sur un passage acoustique très réussi. Et tout sera de cet acabit. Si les parties classiques du death-metal sont là (trémolos sur la corde grave, chant hurlé, blast-beat…), Morbus Chron propose bien plus. Outre la longueur des morceaux (trois chansons dépassent les 6 minutes), les structures sont difficiles à assimiler. Surtout que les morceaux s’enchaînent parfois sans que l’on ressente le changement de piste, ce qui fait que Sweven doive être écouté dans son ensemble. Évidemment, cela ne le rend pas très accessible, car il demande de la patience. Mais cela vaut le coup.
Le travail sur l’ambiance est vraiment impressionnant. Clairement, les Suédois travaillent cela avant tout. Il ressort de cet album une impression de glauque, voire de cauchemar. Le chant de Robert Andersson n’y est pas étranger. Son interprétation d’outre-tombe glace le sang et l’homme y met une vraie tension. De plus, en étant rare, le chant donne une vraie puissance quand il intervient. Le choix de traiter la voix comme si elle était lointaine est très cohérent avec la musique menée par Morbus Chron. Les guitares ne sont pas en reste, en proposant des riffs originaux, pouvant être à la fois alambiqués comme très efficaces. "Aurora in the Offing" propose un beau travail sur l’articulation des deux guitaristes. Il possède aussi un solo court mais efficace (pas aussi intéressant hélas que celui de "Ripening Life", mélodique et surprenant dans le contexte). C’est certainement le morceau le plus efficace du groupe, le plus accrocheur au premier abord. Mais ce qui fait indéniablement la force de Sweven, c’est le travail sur les guitares acoustiques. Elles sont nombreuses et le groupe n’hésite pas à en faire de longs passages de respiration. Toujours inquiétantes, elles rythment l’album de leurs mélopées lugubres. L’intro de "Stretches in the Hollow" est par exemple très surprenante et montre combien le groupe est à l’aise lorsqu’il sort des canons du death-metal. Et que dire du très beau passage de fin qui clôt l'album avec "Terminus" ? Magnifique de simplicité, absolument pas cauchemardesque comme le reste de l'album, il ferme Sweven sur une note positive.


Difficile à assimiler, Sweven est pourtant un album magistral de cohérence et d'efficacité discrète. Son ambiance malsaine et horrifique est terriblement prenante. Quasiment composé d’une seule pièce, il regorge de passages mémorables et le travail d’ensemble impressionne. Une belle évolution pour un groupe qui est clairement à suivre pour qui aime le death-metal progressif aux ambiances froides et glacées.



©Les Eternels / Totoro mange des enfants corporation - 2012 - Tous droits réservés
Trefoil polaroid droit 6 polaroid milieu 6 polaroid gauche 6