CHRONIQUE PAR ...
Archaic Prayer
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Daevas
(basse+voix)
-Aharon
(guitare)
-Ferneus
(basse)
-Neophyte
(batterie)
TRACKLIST
1) Atum's Speech
2) A Living Ba
3) Enuma Elish
4) Lucifer's Rising
5) Forgotten Spheres
6) Glory of the Raging Storm
7) Scarlet Woman
8) Into Midnight Silence
9) Winds of Apocalypse
DISCOGRAPHIE
Martyrium montre qu'un album n'a pas besoin de durer des heures pour être inspiré, ou de durer même pas vingt minutes pour être intense. Après tout, qui n'a pas gueulé contre le caractère trop court de Reign in Blood ? Dix morceaux, 29 minutes et pourtant un disque explosif avec des morceaux s'enchainant entre eux sans s'arrêter ("Altar of Sacrifice"/"Jesus Saves", notamment). Et bien ici, c'est pareil, comme pour Atheist : une demi-heure de black metal à la fois désorganisé et pourtant cohérent. Né en Allemagne, pendant que Mayhem en chiait sur les routes pour espérer répandre leur style, le quatuor va utiliser le terrain occultiste (façon Aleister Conwley, personnage détesté alors par l'Inner Circle) pour faire un black différent.
Le rendu global est assez étrange : neuf titres, trente deux minutes pour des expérimentations sonores et un jeu de batterie déglingué. Les deux premiers morceaux en témoignent. Les riffs s'enchainent, tantôt posés tantôt dans un trémolo terrifiant. Si ce n'est pas dans ces deux morceaux que cela se ressent, la production laisse une place inattendue à la basse. Malgré son cantonnement à la section rythmique (ce qui fait la différence avec Elements sortie l'année dernière), elle donne une meilleure dimension à l'ensemble. C'est le cas avec le morceau le plus efficace, le plus accrocheur et donc le meilleur : "Enuma Elish". Une intro à un rituel avec un orgue, une guitare rampante (quoi qu'au son léger) et une basse audible (surement une des plus audibles jamais entendues dans le black metal). Et bien sûr, encore, la batterie. Autant le black a toujours eu des batteurs fonceurs et très techniques (mais qui ne compensaient pas pas une écriture un peu trop légère ou un son atroce), autant ici, les riffs sont très bons (le pont du milieu est juste mortel). L'écoute n'est absolument pas facile, et si ce titre est accrocheur, c'est parce que les autres privilégient le fait de vouloir dérouter (prenez encore, "A Living Ba", qui reprend un riff du titre précédent à la fin). Le point faible restera bien l'absence de soli, mais curieusement, les ambiances se suffisent à elles-même.
Parce que le reste en vaut la chandelle. Tout s'enchaine avec cohérence : introduction, vitesse et rythmique folle et puis apaisement. Il suffit d'écouter l'introduction de "Glory of a Raging Storm". Une ligne mélodique qui s'évanouit, un peu comme "Weird" (Manheim) de Mayhem( seul titre qui pourra être retenu de Deathcrush tant le reste était bancal, pourri et maladroit). Un arpège de guitare, puis le chant féminin, avant que la déferlante ne reprenne. Et elle en cesse de chanter sa dévotion pour Tiamat. Déesse mésopotamienne, elle voulut venger son époux en créant des monstres contre les Dieux qui se disputaient. Le même destin que Bathory, consterné par la vague norvégienne qu'il a contribuer à créer. Au delà de ce parallèle, Martyrium se détache totalement des Norvégiens : très peu de blast, un album beaucoup plus court et une basse largement plus présente que dans 80% des productions black de l'époque. Et pourtant, ce groupe n'a engendré presque aucune affiliation. La faute à peu de distribution et certains couacs (certains effets sur la voix sont affreux et cheap, ainsi sur "Into Midnight Silence") Sauf une : Negative plane. Groupe américain, il parage les intros mystiques, la prise en compte de la basse et un vocaliste qui n'en fait pas trop. Malgré un son et un jeu maladroit, les compos sont suffisamment intéressantes pour rester dans le bain ( la différence reste que les deux disques de Negtive Plane sont largement plus longs);
Bref, ce disque est une relique à redécouvrir. Si vous n'êtes pas convaincus par les Norvégiens, si n'importe quel batteur de black (sauf Fenriz, James Read et Hellhammer) sont interchangeables avec une boite à rythme, et que le son est toujours moche, essayez ce disque-là. Necromantia, Master's Hammer ou encore Varathron en savent quelque chose : le black, aussi anti-death soit-il, ne doit pas oublier que la musique reste importante. Et cela, les Allemands, qui formeront plus tard Secrets of the Moon (autre formation considérées comme parmi les plus intéressantes du black metal), l'ont très bien compris.