La faute à un artwork réussi, on est rapidement tenté d'associer Nightfall à cette ambiance forestière largement suggérée. C'est qu'effectivement, Nightfall verse comme le ruisseau : venant d'on ne sait où, pour se rendre on ne sait où. Le doom metal s'écoulant lentement de cette œuvre n'a pourtant pas grand chose de funéraire, si ce n'est le titre. L'accablement n'est pas de mise ici puisque The Howling Void préfère nous envelopper pour mieux nous guider.
Je n'ai de cesse de répéter que l'art du noir est simple. Ce qui est difficile, c'est d'y faire vivre la lumière. Que celle-ci soit suffisamment forte pour ne pas s'éteindre d'elle même. Le véritable art se trouve dans la nuance, dans le contraste. Une étincelle perdue dans le noir éclairera d'autant plus. Une ombre en plein soleil sera au contraire la seule source de réconfort. Dans cet art du contraste, The Howling Void s'en sort avec les honneurs. Mention bien. Pas plus, la faute à un étudiant trop scolaire. Un moindre mal. Les accords-riffs s'étalent à l'infini, comme le genre du funeral doom l'exige. Toutefois, là où l'on aurait pu craindre une asphyxie, c'est tout le contraire qui se produit.
Primordiaux dans la direction cotonneuse suivie par Nightfall, les claviers se paient ici une part de lion - et vont jusqu'à clore seuls l'album sur ses treize dernière minutes (et l'on baille un peu, sur ce final). Toutefois, bien qu'au cœur de l'architecture, ces derniers sont toujours intégrés avec une certaine finesse. Ils tissent une trame de fond, un cocon, mais ne virent jamais vers le mauvais goût. Le chant est quant à lui réduit à portion congrue. Le growl n'a pas sa place à la lisère du bois Nightfall et se voit remplacé par quelques vocaux clairs, chantés de loin... de très loin. Ces rares moments de présences humaines tentent alors de se frayer une place entre les lead mélodiques et les cloches qui résonnent à intervalles réguliers.
Peu à dire, finalement, sur le (trop) conventionnel Nightfall. The Howling Void y continue son œuvre, sans varier la formule, sauf à mettre le chant encore plus en retrait pour finalement se retrouver avec un album de funeral doom quasi-instrumental. Nightfall représente l'une des facettes les plus appréciables du genre : il promeut le calme et la tranquillité. Le désespoir ? Envolé, ou presque. Et l'on se prend à rêver d'un renouveau du genre, qui prônerait davantage le positif que le négatif...