Loudblast est moins connu que Gojira. Pourtant, entre les deux formations, on a presque vingt ans de différence. A l’époque des années 90, la première formation était, avec Massacra notamment, l’un des ambassadeurs du death français. Dit comme ça, voilà qui jette un froid. Alors, lorsque sort Burial Ground, le septième album du groupe, on se demande ce qui a pu clocher. Un éventuel manque de réelle personnalité ? Pourtant le groupe développait une certaine mélodie par moments sur ses opus précédents, produisant un mélange assez harmonieux entre brutalité et finesse. Même si le groupe n’est ni le plus brutal, ni le plus rapide, ni ne cherche d’ailleurs à atteindre un quelconque sommet, cela est déplorable. Et ce n’est probablement pas avec Burial Ground que cet état de fait va changer…
Et pourtant ! Burial Ground ne ternit pas le moins du monde l’image des Français ; au contraire, il entérine encore davantage leur retour après une pause de quelques années. Pourtant au départ, le mid-tempo presque black et les arpèges acoustiques, réutilisés plus tard, d’ "A Bloody Oath" peut dérouter. Mais ce n’est qu’une mise en bouche avant que ne commence le thrash/death auquel le combo nous a habitués. Enfin, sur ce petit dernier, ledit thrash/death prend une teinte bien glauque, versant plus du côté du metal de la mort, avec donc des parties noires de suie ambiancées, dans la lignée de l’album précédent, qui tranchent nettement avec les velléités agressives simplistes qui firent jusque-là la musique du combo. Pour ne rien gâcher, ces tentatives marchent du tonnerre, et la recette prend très bien, sans pour autant rendre l’album facilement accessible. De ce fait les deux premiers titres sont nettement recouverts par cette « draperie sombre », et, bien que ce ne soit pas le cas de tous, on en retrouve des lambeaux au fil de l’album, assurant sa cohérence. En effet, nulle prostitution sonore à l’horizon, et Loudblast garde tout de même certains réflexes de composition qui ne pourront que ravir les amateurs de toujours.
Ainsi, on appréciera la mélodie de "From Dried Bones" adaptée au titre, et le rendant accrocheur de prime abord, ou encore les nombreux solos, pour la plupart judicieux. Les riffs percutants ne manquent pas non plus à l’appel, et tout n’est pas sacrifié sur l’autel des ambiances, loin de là. Les accélérations bien senties succédant aux nombreux passages plus écrasants, comme celui en grande pompe de "Soothing Torment", ne manqueront pas de contenter ceux qui étaient venus avec l’espoir de revoir le vieux Loudblast, celui pour vieux briscards à patchs. Même si le registre reste au final assez éloigné de ce qui était pratiqué, avec plus de place pour les ambiances, la violence est tout de même de mise la plupart du temps, bien que quelques ratages soient tout de même à déplorer, comme ce qui précède le refrain d’ "I Reach The Sun", dont la mélodie rappelle pas mal Death. C’est fort dommage, et voir le groupe s’empêtrer ici dans un « clair-obscur » oscillant entre black et death mélo mal géré a de quoi navrer après avoir entendu ce dont les musiciens nous gratifiaient auparavant. Idem pour "Abstract God" qui perd à vouloir insérer un passage ambiancé dans le reste, plus fidèle aux sources du groupe, mais reste tout de même dans le haut du panier grâce aux autres idées musicales.
Burial Ground est susceptible de déplaire à ceux qui fustigeaient déjà Frozen Moments pour sa lenteur et l’accent qu’il mettait sur les atmosphères. Toutefois, grâce à quelques passages plus fidèles à l’ancienne chapelle de la formation, qui tempèrent un peu cela, on se trouve face à un album à peu près équilibré, et fort plaisant. Quelques passages plus francs du collier ne seraient cependant pas de refus, en toute honnêteté. Si, en tout cas, une chose est sûre, c’est que ce nouvel album de Loudblast ne vous laissera pas de glace.