CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Bekim Leatherdemon
(chant)
-Ephemer
(guitare)
-Persekutor
(guitare)
-Doomed Desolator
(basse)
-Altar Crusher
(batterie)
TRACKLIST
1) Triumfator (Intro)
2) Nachzehrer
3) Zivot Ispod Obrnutog Krsta
4) Necromantic Force
5) Devotion
6) Nightfall (Intro)
7) Fullmoon Over Transylvania
8) Herald the Unsung
9) Triumphant
DISCOGRAPHIE
« Chacun la compare, non pas à la voix d’un individu dont la langue lui serait familière, mais justement au contraire. Le Français présume que c’était une voix d’Espagnol, et il aurait pu distinguer quelques mots s’il était familiarisé avec l’espagnol. Le Hollandais affirme que c’était la voix d’un Français ; mais il est établi que le témoin, ne sachant pas le français, a été interrogé par le canal d’un interprète. L’Anglais pense que c’était la voix d’un Allemand, et il n’entend pas l’allemand. … » Edgar A. Poe – Double assassinat dans la rue Morgue.
Herald the Unsung est un album qui paraît facile à saisir de prime abord, et puis bon d’accord, les Tyroliens de Triumphant ne font pas dans le prog-folk-jazz-rap-metal à tendance crust non plus, c’est clair. Néanmoins, plus on écoute leur première œuvre, plus ce qui pouvait être pris au premier abord pour du thrash bourrin dédié aux forces obscures et pas gentilles, plus on se rend compte que nos amis ont pas mal de similitudes avec un Doppelganger du raw-metal (ceux qui ont joué à Donjons et Dragons suivront). « Triumphant ? C’est du vieux thrash bourrin entre Possessed et Sodom, avec des influences heavy » « Tu rigoles ou quoi ? Triumphant c’est du black, entre trve et mélodique, avec un peu de pagan ! » « Et le dernier morceau alors ? C’est du trve black ? Non mais laissez moi rire, ça sent le Maiden à plein nez ! » Allons, allons, voix qui peuplez mon cerveau, calmez-vous ! Herald the Unsung, c’est tout ça à la fois, comme chez Jacques Martin, tout le monde a gagné. Les Autrichiens font clairement partie de la vague de revival black thrash qui a vu émerger des groupes très intéressants comme Satan’s Wrath ou Vorum (chroniqués en ces lieux).
Par leur variété, ils se rapprochent plus des premiers nommés que des seconds, allant même plus loin dans le mélange des genres. Les artistes semblent professer la même dévotion au vieux thrash, limite proto-death-thrash sur le bestial et excellent "Fullmoon Over Transylvania", où les vocaux à la Jeff Becerra de Bekim le Démon de Cuir font un effer bœuf, qu’au bon vieux black metal des familles. Ce dernier est effectivement joué de manière différente selon les morceaux : très très orthodoxe au milieu de "Herald The Unsung", il est parfois distillé de manière plus brutale, mais assez cristalline (le riff de "Necromantic Force" évoque également les jeunes Italiens de Stigmhate, ou leurs pères spirituels d’Immortal, bien sûr), ou en mode pagan, sur "Devotion" dont la deuxième moitié bon le Primordial des grand jours (entendre The Gathering Wilderness). Court (40 minutes), percutant de bout en bout, Herald the Unsung est un bon crochet au menton, effectué par des artistes qui dominent parfaitement l’art du mélange d’influences. L’album a certes du coup un petit côté « patchwork », mais les compositions et l’exécutions sont extrêmement solides et entraînantes. Que celui qui a des doutes écoute le break heavy de "Zvot Ispod Obrnutog Krsta", il en sera convaincu !
L’Autriche n’est pas que le pays de Conchita Wurst, et il n’est pas certain que si Triumphant se présentait à l’Eurovision, le groupe susciterait le même enthousiasme mondain que celui provoqué par leur compatriote. Thrash, black, pagan, heavy, toutes les influences du groupe sont parfaitement intégrées dans une œuvre aussi crue qu’efficace, suffisamment courte pour ne pas lasser, et suffisamment longue pour que l’on ait le temps d’apprécier une richesse de répertoire insoupçonnée à première vue. Du joli travail, en somme.