CHRONIQUE PAR ...
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Larado Lomo
(chant)
-Nevada Romo
(guitare)
-Zain Smith
(guitare)
-Corey Henderson
(basse)
-Levi Dickerson
(batterie)
TRACKLIST
1) Words of Wisdom
2) New Southern
3) 100% Pure American Rage
4) Hate Automatic
5) Black Heartbeat
6) I Get Along with the Devil
7) Path to Pain
8) Wake Up
9) Ride Your Life
10) Stagnant Water
11) Truck Stop Special
12) Jonesboro
13) A Little to loose (bonus track - Mr Big Cover)
DISCOGRAPHIE
Avec New Southern, le label Nuclear Blast a juste pour modeste intention de vous chopper par le colbart et à grand coup de pompe dans le derrière, de vous offrir un fort gracieux vol plané qui vous laisse planté là au sol, le nez bien enfoncé dans la poussière. Un rien éberlué, vous relevez lentement la tête. Un rayon de soleil perce vivement les quelques vieilles planches faisant office de mur à cette vieille grange de Chickasha où vous venez d’atterrir si délicatement. Quelques vieilles carlingues autour de vous, des pièces disséminées de-ci de-là, et se tenant juste devant, cinq gars. Et là, maintenant, vous comprenez que vous n’avez pas fini de vous faire dérouiller.
Anti-Mortem. Un groupe, né en 2008, (justement dans cette vieille grange familiale destinée initialement à retaper une collection de vieilles bagnoles et qui heureusement pour nous, a servit ce dessein bien différent), tenant déjà plus de trois cent concert à son actif, est là devant vous. Et ces gars là, pour reprendre les mots de Monte Corner, sont là : « pour combiner la puissance percutante du heavy metal américain, la saveur campagnarde southern rock et le blues du milieu dans lequel ils ont grandit, fins prêts maintenant à montrer au monde comment on met un bon coup de pied au cul » !
A l’écoute de cette superbe galette qu’est New Southern, ce sont bien ces trois « styles » qui frappent d’emblée nos oreilles : le southern rock, le blues et le heavy metal. D’emblée, on pourrait d’abord croire simplement à un savant vas-et-viens de morceaux étiqueté selon telle ou telle couleur sonore, une juxtaposition réfléchie, mais sans plus ?! Mais ce qui est remarquable dès la seconde écoute attentive, c’est en vérité le talent de nos artistes pour conjuguer véritablement les différents styles dans chaque titre et former un ensemble percutant, logique et réellement captivant. Graduellement, on se prend au jeu, on se laisse envahir sans plus de résistance et on ne sent alors plus que cette poussière et une chaleur écrasante sur nos fronts, ce décor si américain qu'ils peignent pour nous.
"Word of Wisdom" qui introduit l’album, pourrait certes être la teinte heavy parfaite, catchy à souhait. Larado nous balance d’emblée ici son chant comme on vous crache à la gueule, tandis que les guitares vont chacune de leurs soli bien sentis et que la rythmique nous plombe bien le bide. Énergie et lourdeur, maîtres mots ici. Et ce n’est pas un "I get Along the Devil" ou un "100% Pure American Rage" qui décevra ceux qui se trouvent d’emblée emportés par la vague heavy de la première note. Tous rageurs au possible. Mais c’est à ne pas s’y tromper, nos gaillards n’ont véritablement pas l’intention de se cantonner à suivre une route monocorde.
Un "New Southern" va alors marquer nos esprit de son groove insolent et délicieusement tripant. Rapidement obsédant, le second titre (déjà !) met surtout d’emblée en valeur les capacités de notre chanteur à nous racler le fond des tripes, et celles de nos guitaristes à en être l’écho naturel. Mais c’est avec "Stagnant Water", que nous tiendrons véritablement un divin mariage du groove et du heavy. On sent alors le jeu malin auquel se prêtent nos gaillards. Ce n’est pas ici une enfilade de morceau heavy, puis bluesy, pour revenir ensuite à l'un où à l'autre, non. C’est tout en un. Sans accrocs, sans lassitude.
Et le groupe n’est en prime pas avare d’émotions, car chaque morceau porte en lui ce qu’il faut pour ébranler. Illustration cependant plus marquante avec la power balade "Black Heartbeat" qui marque d’une pierre de plus l’édifice : le chant soudain plus clair, plus limpide, la mélodie déchirante dans les couplets, puis les refrains rageurs, plombés, puissants, ne peuvent que donner la chair de poule. Mais quelle façon plus remarquable que de clôturer l’œuvre sur "Jonesboro" ? Southern rock, groove et heavy, intimement mêlés en une pure explosion de jouissance musicale ? Comme si graduellement, l’écoute de l’album nous conduisait naturellement vers ce seul morceau, comme si l’on nous avait préparé à cette juste alchimie des genres ?
Ça fait un petit moment que vous avez relevez le nez. Vous écoutez avec attention. Et alors que le silence retombe, vous vous sentez simplement pantois. Que faire ? Allez vous ouvrir la porte de la grange et regarder au-dehors pour voir si le paysage que cette musique a dessiné dans votre esprit existe bien au-dehors ? La chaleur écrasante, l'odeur de terre aride, la lumière ? Ou allez vous finalement rester là, attendant patiemment que la musique reprenne ?