CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Tony Wakeford
(chant+guitare)
-Clive Giblin
(guitare)
-Éilish McCracken
(flûte+violon)
-Renée Rosen
(violon)
-Caroline Jago
(basse)
-Lesley Malone
(batterie)
-Don Anderson [Agalloch]
(guitare lead)
-Jason Walton [Agalloch]
(mix)
-Anton Shelupanov
(chant additionnel+harpe)
TRACKLIST
1) MDCLXVI - The Devil's Year
2) The Devil On Tuesday
3) Once Upon A Time
4) 13 Mercies
5) The Path Less Travelled
6) Mr Cruel
7) The Devil
8) The Devil's Year
9) 13 Coils
10) Our Father
11) The Villa
12) War
13) Austin
14) Osman
15) Spare
DISCOGRAPHIE
Un résistant d'une drôle d'espèce. C'est ce qu'est devenu Tony Wakeford, l'homme derrière Sol Invictus, et par-là même chef de file du mouvement neofolk (aux côtés de Death In June et Current 93, notamment). Depuis déjà dix-huit album, ce compris Once Upon A Time, Tony Wakeford perpétue son œuvre minimaliste et parfois bancale, mais toujours sincère. Il était une fois la sortie d'un nouvel album de Sol Invictus en 2014. Qui eut cru que ce projet allait vivre aussi longtemps ?
Les standards de Sol Invictus sont les suivants : des morceaux courts et généralement simples, la guitare acoustique en avant et accompagnée de quelques cordes pleureuses pour les mélodies, un fond romantique, désabusé et anglais - ainsi que la touche d'humour acide nécessaire. Enfin, ce chant : mâle, grave, et totalement à côté de la plaque la plupart du temps. Un repoussoir. Un professeur de chant tomberait sur une prestation de Wakeford qu'il ferait une attaque ; un jury de télé-crochet (beurk) se ferait quant à lui un malin plaisir d'humilier cette voix en plein direct et devant des millions de personnes. Heureusement, le père Tony reste « against the modern world » et, se fichant comme d'une guigne de ses contradicteurs, sort un dix-huitième album à l'artwork bien étrange.
Comme l'on pouvait s'y attendre, Once Upon A Time ne diffère pas des standards énumérés ci-dessus. Si ce n'était l'état des lieux pour nous indiquer la présence de nombreux guest parmi lesquels quelques membres d'Agalloch (la guitare lead, parfois, est directement touchée par la "patte" de Don Anderson), on aurait parié sur un album comme un autre. Une chose est donc stable : cette ambiance propre aux productions de Sol Invictus, entre neofolk martial ("The Path Less Travelled" ou "War" avec leurs refrains virulents qui tournent en boucle), morceaux mélodiques dans lesquels on aimerait se lover ("Once Upon A Time", "The Devil's Year" - les deux meilleurs pistes ; qui arborent des teintes automnales) et morceaux plus étranges et/ou anecdotiques ("Osman", "Austin", ou le single "Mr Cruel"... - écueil classique pour Sol Invictus que cette qualité variable du contenu).
Trop de mots pour ne pas dire grand chose : comme d'habitude. Le constat est pire encore lorsque Sol Invictus est le sujet. Une musique si simple, si calme, si personnelle et intime ne se prête pas à noircir des pages (et encore moins des pages virtuelles). Du classique, un mélange d'instrument aux parties toujours soignées, un chant décalé mais touchant, et, étrangement, cette ambiance qui vire parfois, par touches, vers un début de cocon de psychédélisme. En somme, un album de Sol Invictus sans énormes surprises, mais qui rassure quant au talent de compositeur du frontman après un The Cruellest Month plutôt mauvais, voire franchement désagréable.
Ce dix-huitième album est un disque doux. Un disque automnal et peu vindicatif, préférant privilégier une facette plus posée de Sol Invictus. Un disque crépusculaire, à écouter seul ou à deux. A écouter comme on lit un bon roman : au coin du feu.