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CHRONIQUE PAR ...

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Ragnarok
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Ian Kenny
(chant)

-Drew Goddard
(guitare)

-Mark Hosking
(guitare)

-Jon Stockman
(basse)

-Steve Judd
(batterie) 

TRACKLIST

1) Aum
2)
Nachash
3) A.M. War
4) We Are

5)
The Refusal 
6)
Aeons
7)
Asymmetry
8)
Eidolon
9) Sky Machine
10)
Amusia
11)
The Last Few
12)
Float
13) Alpha Omega
14)
Om




DISCOGRAPHIE

Themata (2007)
Sound Awake (2009)
Asymmetry (2013)

Karnivool - Asymmetry
(2013) - pop metal prog parfois bruitiste - Label : Sony BMG Cymatic Records Density Records



Bonjour, je suis fait pour que vous ne puissiez pas savoir au juste quoi penser de moi : je sais que je vous fascine, mais il arrive que je vous agace, pas vrai ? Non mais parce que, faudrait pas croire, autant mon premier grand frère, Themata, est très intelligent et puissant, mais on le voit parfois venir avec son côté tout juste sorti de la vague néo-métal ; mon deuxième grand frère, Sound Awake, est quelqu’un de brillant et de perfectionniste à l’extrême, et c’est pour ça qu’on l’aime, mais il est d’une cohérence !.... Moi ? Je suis leur petit frère, bien sûr, mais je crois qu’en fait je viens d’une autre planète. Je suis totalement imprévisible, très doux par moments et l’instant d’après d’une violence apocalyptique. Je suis instable. Je suis dissonant à faire fuir ; je vous retiens par mon sens aigu de l’harmonie et mes mélodies hypnotiques. Je suis asymétrique, en somme.
Contrairement à mes grands frères nés de la main de Forrester Savell, j’ai été façonné par Nick DiDia (A Crow left of the Murder d’Incubus, Crack the Skye de Mastodon). Contrairement  à eux, je ne me laisse pas faire. Je préfère vous prévenir : je ne me révèle qu’après de nombreuses écoutes. Libre à vous de jouer le jeu, ou de passer à autre chose. Je ne vous en voudrai pas. J’abrite des guitares tout aussi râpeuses que mes aînés, qui prennent toute leur force sur la fin d’"Alpha Omega" ou sur l’interlude d’"Aeons" entre les deux mouvements du couplet, par exemple, toujours prêtes à poser des atmosphères magiques de profondeur. Une basse encore plus vrombissante et incroyable d’épaisseur parle à travers moi, et chante par moments en assurant la mélodie. La batterie qui se déchaîne dans mes entrailles, notamment la caisse claire, a perdu la légère reverb, la générosité cotonneuse et la richesse en harmoniques qu’elle avait chez mes frères. Elle est maintenant brute et mate, sans-concession-façon-abattage-de-bûches. Je sais que ça plaira à beaucoup d’entre vous, même si ça n’est pas vraiment du goût de mon chroniqueur. Je regorge de ces dissonances qui, les premières, vous frappent, parce que vous êtes habitués à mes grands frères, dont la production est plus lisse. C’est normal. D’autant que mes dissonances sont renforcées par mon son très organique et crû, par exemple quand vous écoutez ces parties de moi que mes créateurs ont appelé "A.M. War" ou "The Refusal". Mais regardez à l’intérieur, écoutez ce que disent ces voix que j’abrite, regardez les mots qu’elles prononcent. Vous comprendrez mieux. Et vous apprécierez encore plus ces moments de grâce que je vous offre, comme la fin de "Sky Machine" ou le refrain de "Aeons", quand Ian Kenny lance à travers moi : « Why the hell did I seek the truth ? »  

Prenez patience et vous verrez qu’en moi deux forces coexistent, tantôt luttant l’une contre l’autre, tantôt s’harmonisant, se résolvant toutes deux dans la boucle de mes"Aum" et "Om", mon son originel qui a engendré tous les autres sons, ma vibration première et dernière que l’on prononce dans les prières hindoues (je suis né après un voyage en Inde fait par mes créateurs). Vous verrez que bien qu’asymétrique, je suis parfaitement structuré : je suis cette prière musicale en deux temps, cette invitation à entrer en méditation, dont mon centre est ce point de déséquilibre, "Asymmetry", motif instable qui semble se dédoubler au fil des deux minutes pendant lesquelles il se répète. De part et d’autre de ce centre, deux parties de mon âme se reflètent par leur ambiance similaire et leur côté plutôt « easy listening » :"Aeons" et "Eidolon", l’éternité et le simulacre. Je me présente à vous sous un jour déconcertant mais doté d’un refrain imparable avec "Nachash" ; je laisse grandir au fil des titres une violence qui culmine avec "The Refusal", où Jon Stockman, celui qui a créé la voix la plus grave que je porte, hurle : « We are a broken wreck, we’ve both gotpiles of regreeeeeeets ! ». Je vous glace avec un « We are all around you » déshumanisé ("The Refusal"), je vous appelle avec détermination à la lucidité avec "We Are", cette facette de ma personnalité dont je suis le plus fier…

… L’interrogation spirituelle que je porte ne s’arrête pas là. Après vous avoir mis dans la peau de ceux qui ne sauront jamais ce qu’est la musique avec "Amusia", je vous sidère avec la première ligne de chant sinueuse et complexe de "The Last Few", et vous replonge dans un monde au bord de l’apocalypse ; je vous demande, sans vous laisser de répit, s’il existe quelque chose qui peut vous entraîner, vous transcender en l’absence de tout dieu. Je glisse insensiblement vers "Float", vous laisse reprendre votre souffle et admirer la magnifique fragilité du chant, alors que Jon Stockman et Steve Judd se sont tus dans ma tête. Mais dès qu’ils se remettront à parler avec "Alpha Omega", vous comprendrez que ce sera pour revenir à une simplicité rythmique qui contraste avec mes facettes précédentes, et qui laisse le maximum de place au chant pour lui permettre de déployer une interprétation incroyable de tristesse retenue. Vous verrez que cette tristesse explose finalement en révolte :  « We all strike a match/ And burn this ordinary life ». Vous verrez avec "Om" que cette révolte laisse la place au pur son, à la plus simple vibration, au moment où ma dernière voix, venue des confins de la sagesse, vous rassure :  « This thing’s flowing underneath/ We’re parts of asingle constant/ (…) And with that goes such delight/ A sober certaintyof waiting bliss. »


Car pourquoi suis-je fait sinon pour vous rappeler humblement l’essentiel ? Pour vous inviter à vivre, pleinement conscient de notre appartenance au monde et en rendant grâce pour l’air que nous venons d’inspirer. C’est avec cet air, avec ce souffle que mes créateurs ont pu élaborer la totalité de ce que je suis : apocalyptique, dissonant, révolté, terrifiant, instable ; méditatif, mélodique, profond et ressourçant. Je vous fais peur, mais je vous apaise. Je suis génial. Je crois que mon chroniqueur n’a pas fini de m’écouter pour essayer, à chaque fois, de me comprendre un peu plus. Je suis asymétrique, en bref. 


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