CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15.5/20
LINE UP
-Jonathan Siche
(guitare)
-Christophe Le Flohic
(guitare)
-Xavier Rosé
(basse)
-Bertrand James
(batterie)
TRACKLIST
1) Home Alone
2) Chevalier Bulltoe
3) Tonton Alain Michel
4) Festivalbini
5) Motte-Rock
6) Osao San
7) Eric Colson
8) Tigers & Gorillas
DISCOGRAPHIE
Lorsqu’on est sponsorisé par Totoro mange des enfants corporation, on ne peut décemment pas passer à côté d’un groupe quasi homonyme comme les rennais de Totorro, surtout quand ledit groupe a tout d’abord joué des morceaux mêlant post-rock et post-hardcore sur leur premier album All Glory To John Baltor, pour virer vers un math-rock aux accents de musique progressive plus joyeuse. Oui, on ne pouvait vraiment pas passer à côté, et c’est plutôt une aubaine vu que leur dernier album Home Alone s’avère tout à fait agréable, à l’image de la scène ouest française qui séduit de plus en plus les mélomanes.
Car lorsque l’on parle de Totorro, il est difficile de ne pas replacer le groupe dans son contexte social et géographique. Les quatre jeunes compères jouent, s’amusent et écument les salles de concerts et les festivals, ayant déjà joué aux Vieilles Charrues. Leur album, ils l’ont composé en grande majorité sur scène, sachant pertinent que les morceaux marcheraient, qu’ils possédaient ce côté à la fois entêtant et direct. Il n’y a donc pas vraiment de surprises à voir qu’ils ont considérablement resserrés leur propos (l'album précédent possédait quatre morceaux de 10 minutes) en n’offrant que des titres avoisinant les cinq minutes. Et pourtant, on ne s’y ennuie pas. Car à l’image de leurs compères de Mermonte, les petits gars savent jouer de la guitare, enchaînent les changements de plans (l’introductive "Home Alone"), de tons ("Osao San"), et agrémentent régulièrement leurs morceaux de montées typiquement post-rock ("Motte-Rock"), ce qui fait penser d’une certaine façon aux anglais de Maybeshewill, avec un accès plus porté sur les mélodies positives... tout en nuance.
Nuance, là encore le terme semble bien choisi. Car bien que le groupe déborde d’énergies positives et nous le montre dans des morceaux montagnes-russes comme la très accessible "Chevalier Bulltoe" et ses mélodies qui restent en tête ou la plus complexe "Tonton Alain Michel" et son milieu post-rock, il sait aussi alourdir son propos via l’utilisation de gros riffs de guitares créant un contraste fort agréable ("Eric Colson" commence par un début calme pour finir sur une deuxième partie plus lourde bienvenue). "Osao San" est probablement le meilleur exemple de cette utilisation des nuances. Le morceau débute par un riff lourd, lent, saturé pour ensuite laisser la mélodie des guitares s’exprimer dans une accélération subite, entêtante mêlée par des chœurs qui n'ont aucun sens, et une partie instrumentale entrecoupée de passages calmes pour terminer sur le même riff lourd du début. Une réussite. Finalement, seul "Tigers & Gorillas", seul morceau composé en studio, et le sympathique, mais assez anecdotique, "Festivalbini" déçoivent sur cette galette courte et colorée.
Avec Home Alone, les gars de Totorro ont été clairs : ils ne voulaient plus faire de longs morceaux de post-rock. C’est donc avec un album plus positif, plus aérien, qu’ils livrent des morceaux plus courts où les mélodies s’entremêlent et donnent l’envie irrésistible de réécouter l’album pour se laisser bercer par ce mélange de joie et de mélancolie. Une bien jolie prise de risque.