Ah les Émirats Arabes Unis et leur mainmise grandissante sur le monde du sport... Zut, non c’est le Qatar ça ! Ah les Émirats Arabes Unis et leur mainmise religieuse sur la région du Golfe persique... Rah non encore raté, c’est l’Arabie Saoudite cette fois ! Mince alors, en fait j’ai l’impression qu’on connaît pas grand-chose sur ces Émirats ! Enfin, tout ce que je peux vous dire c’est que Coat Of Arms vient de la capitale Abu Dhabi, ce qui fait que maintenant vous pouvez citer au moins une référence culturelle émiratie! A la différence de son pays d’origine qui est un conglomérat de sept émirats, le groupe se contente d’être composé de quatre membres. Ces derniers sortent leur deuxième autoproduction, Sun & Satellites, d’une durée de 34 minutes, au début de l’an 2013.
Petite mise en garde qui commence à devenir habituelle : sur les onze chansons, vous pouvez déjà en retirer trois, car instrumentales, atmosphériques et futiles par la même occasion. Ce sont "Dimensions Revealed", "The Feeding" et "The Forming Abyss". Après avoir fait ce tri, on peut donc ouvrir la danse avec "Notes & Chords" et son côté groovy, qui rappelle clairement le groupe progressif américain Erra de par ses rythmiques Djent et ses aspects mélodieux. La voix en revanche n’a rien de metalcore ou djent, mais ressemble beaucoup plus à du deathcore style Rhys Giles de feu Resist The Thought, avec un ton assez grave et éraillé. "Black Holes" et ses riffs purement metalcore rappellent immédiatement la méga-star allemande du metalcore Caliban et sa période The Undying Darkness. On reste dans la même veine avec "Pessimist". La voix claire de Bailouni, dans les deux dernières chansons citées, se rapproche tantôt d’un Howard Jones de Killswitch Engage tantôt d’un Paul Stoddard de Diecast période Internal Revolution. Tout ce qu’il y a de plus metalcore en soi et cela correspond parfaitement au monde de Coat of Arms. "Pessimist" est, au passage, la piste la plus calme de l’album dans laquelle Bailouni nous expose tout le talent dont il dispose. Cette chanson vaut vraiment le détour car elle est un peu le condensé de ce que le groupe sait faire. "Composure To Remain" a son mot à dire avec ses rythmiques djent et son break à 2’54 qui relance bien le rythme d’un album qui a tendance à ployer sous le chant clair. "Pixels" redonne un penchant plus mélodique à la manière, encore une fois, d’un Erra dans tout son art. Ce serait grandement étonnant que les gugus ne s’en soient pas inspirés. Mais au petit jeu des inspirations et comparaisons, on ne s’arrête pas là puisque "River Weser" fait penser d’entrée de jeu à du Entities. Cette basse est omniprésente et vient consolider les riffs dans leur impact ! Par contre pour le coup ici, la voix claire n’a pas un apport transcendant... Enfin, c’est avec "Skies Craved" et "BrundleFly" que se referme ce Sun & Satellites. Deux chansons assez semblables et qui restent dans l’esprit de l’album, sans casser trop de briques non plus.
Dans son album précédent, Coat Of Arms pratiquait un style hybride mêlant le metalcore, le groove et le heavy metal. Un changement de cap a été opéré partiellement en moins de deux ans, puisque nos émiratis ont totalement mis leur heavy de côté afin de se concentrer et miser sur l’aspect groove qui fait leur particularité. Ils en sont donc arrivés, sans surprise, à des sons grandement empreints de djent et qu’on peut désormais clairement ranger dans cette catégorie. Bon, il faut l’avouer, la présence de Diego Farias, qui est le guitariste de Volumes, l’un des groupes les plus reconnus de la scène djent, au mixage n’y est pas totalement étrangère ! Son influence et sa patte se font largement ressentir dans le tournant pris par le groupe, aussi bien au niveau de la production, qui a été nettement améliorée depuis This Is Manslaughter, qu’au niveau du style et de la sonorité. Pour ce qui est du thème des paroles, je pense que vous ne serez pas étonné si l’on vous dit qu’elles abordent pour la plupart des sujets assez abstraits (musique, espace) à l’exception de "Composure To Remain" et de "River Weser" qui sont plutôt des chansons à caractère de révolte contre l’oppression. Sun & Satellites fait donc partie de ces albums qui ne sont ni bons ni mauvais. Explication : aucune chanson n’est mauvaise et on a du mal à y trouver des défauts. Mais aucune chanson ne se détache réellement non plus. Aucune ne provoque d’orgasme cérébral ou auditif, aucune ne nous incite à la remettre en boucle, encore et encore ! Et ça c’est bien embêtant pour un album à partir du moment où on veut lui apporter une quelconque envie de considération. En somme, c’est le genre d’album que vous allez écouter avec un plaisir simple et agréable, mais quand vous l’aurez fini, vous allez le mettre de côté et vous n’y reviendrez sûrement pas car aucun élément particulier n’aura retenu votre attention. A l’image de leur pays d’origine, Coat of Arms est parti d’une base modeste, pour ne pas dire néante, et à force de synthèse de plusieurs influences occidentales, a réussi à créer sa propre musique, qu’il exécute à merveille. A eux maintenant de se faire une place au soleil (on frôle les 50 degrés) en amenant leur propre touche personnelle. Chose nécessaire quand on veut prétendre à faire partie des grands groupes.
Ce n’est pas pour autant que les chansons ne sont pas originales, loin de là, elles sont toutes différentes les unes des autres et distinguables les unes des autres, mais Coat Of Arms n’a pas voulu jouer la carte de l’expérimentation, de la prise de risque et du danger qui l’accompagne potentiellement. C’est bien dommage, car c’est certainement ce qui leur manquait pour que leur album passe de « bon » à « très bon ». Si on veut rester dans le thème de l’album, on peut dire que "Pessimist" fait office de Sun et que les autres titres se substituent aux Satellites.