CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Daniel Freyberg
(guitare+chant)
-Matti Hämäläinen
(basse)
-Jarmo Puikkonen
(claviers)
-Harri Heikkinen
(batterie)
TRACKLIST
1)Reflecting my descent
2)Prolong your fate
3)Hollow syndicate
4)Evil deeds
5)Next infinity
6)Eyes wide open
7)Broken down
8)World domination
9)Fragile slide
10)Shining throne
11)
DISCOGRAPHIE
Imaginons un groupe, appelons-le… Hellfuck (on a vu pire). Le nouvel album d’Hellfuck, « Killing People Is Fun » arrive en version promo chez un chroniqueur, appelons-le… Bugdiff (on a vu pire). Bugdiff le chroniqueur met le CD en route et il se met à doucement rigoler car Hellfuck c’est du Slayer, de la rempompe totale! Bugdiff commence déjà à anticiper: « quelle mauvaise note je vais leur mettre à ceux-là, hahaha! »… Il faut dire qu’il est un peu aigri par l’existence et que mettre des mauvaises notes lui permet d’évacuer le stress. Problème: au bout de quatre ou cinq plages notre ami se rend compte qu’Hellfuck ça bastonne. C’est peut-être du Slayer mais du carrément bon, peut-être même meilleur que ce que Slayer a sorti depuis des années. Panique: que faire face à un groupe dénué d’identité mais plus efficace et plus inspiré que ses maîtres? Remplacez « Hellfuck » par « Naildown », « Slayer » par « Soilwork », « Killing People Is Fun » par « World Domination » et « Bugdiff » par « Cosmic Camel Clash », lisez la suite, et vous aurez la réponse.
Dès le titre d’ouverture la parenté saute aux oreilles: mélodie de claviers, up-tempo catchy, riffs ultraefficaces tirant sur le heavy et le thrash tout en restant très mélodique, le chant beuglé assez aigu… Il n'y a pas photo. Quand le groupe s’éloigne de Soilwork c’est pour aller lorgner sur In Flames, c’est dire. Les incursions en chant clair et clair/hurlé rappellent tellement Natural Born Chaos que c’en est troublant. Le son est un exemple du genre, à la fois très méchant pour les rythmiques et aérien pour les soli et les claviers. Du Göteborg quoi… Au mieux peut-on déceler dans ce premier titre une importance des claviers un peu accrue par rapport aux maîtres du genre et un art du solo de guitare mélodique assez différent. Vous l’aurez sûrement remarqué, cela fait beaucoup d’informations pour une seule chanson… Et bien oui, car la chanson en question fait cinq minutes trente-six. Et elle se déroule comme par magie! C’est assez impressionnant en termes de dynamique de composition car les différents thèmes conservent un fond commun qui empêchent toute baisse de l’attention tout en se renouvelant sans cesse, et quand la chanson finit on est tout étonné de constater qu’elle était si longue.
Cette qualité, Naildown la développe sur toute la longueur de l’album: pas une fois je n’ai trouvé le temps long en écoutant World Domination, pas une fois je n’ai eu la tentation de passer à la plage suivante. Et ça, croyez-moi, ce n’est pas tous les jours. Naildown affiche donc assez rapidement un nombre conséquent de qualités objectives: à ce sens de la composition s’ajoute un niveau technique très suffisant pour faire ce qu’ils font. Les deux guitaristes sont méchants tant en rythmique qu’en solo, comme il se doit… Et le chanteur, s’il n’atteint pas le niveau d’un Speed Strid en chant clair assure son boulot, et en growl il est tout à fait respectable. De plus le groupe a une façon bien à lui de mêler les claviers au reste de sa musique: ceux-ci bénéficient d’une importance égale à celle des guitares et leur présence n’édulcore jamais le propos. Ils se fondent dans la masse sans rendre la musique plus gentille, apportant un plus indéniable à l’ensemble. Ils ne sont pas seuls en charge de la mélodie, loin de là: sans jamais tomber dans le cliché de la twin lead continue les guitares savent distiller des petits motifs mélodiques qui restent dans la tête pour toujours, couplés avec des riffs ultra-lourds ou ultra-rapides de bon aloi.
Pour la variété des compos c’est également un succès: en basant tel titre sur les riffs et tel autre sur la mélodie ainsi qu’en variant les tempos Naildown parvient à créer un album varié qui n’aligne pas dix fois le même titre. Et c’est une autre qualité qu’on ne retrouve pas tous les jours. Ajoutez à cela quelques breaks à la limite du prog dans lesquels l’ombre de Symphony X voire de Dream Theater plane de façon bienveillante et vous obtenez une mixture qui commence à avoir un sacré bon goût. Au fur et à mesure que l’album défile les références à Soilwork reviennent invariablement mais se lient avec d’autres sensibilités que le groupe de Peter Wichers n’a jamais explorées, en particulier cet aspect progressif… Tout ça est donc bien bon.
World Domination est donc pour moi un cas de conscience. Comment qualifier un album qui me botte vraiment plus que Figure Number Five ou Soundtrack To Your Escape mais sort après ces albums et s’inscrit exactement dans la même veine? Après un nombre conséquent d’écoutes j’ai décidé de trancher: cet album est bon, point à la ligne. Je ne peux que souhaiter que Naildown finira par se détacher de l’ombre de ses maîtres pour nous sortir un truc réellement original, car quand on voit ce qu’ils sont capables de faire en étant encore englués dans le death mélodique traditionnel à la Scandinave on se dit qu’il y a vraiment quelque chose. Quand le groupe envoie des petits moments d’inspiration pure on reste contemplatif, et quand ils oeuvrent dans un registre plus classique ils sortent l’album que j’aurais aimé que Soilwork sorte. Si j’étais vous je garderais l’œil sur eux.