Graveland est comme ces groupes français (Blessed In Sin, Osculum Infame…) qui n’ont toujours pas compris qu’ils salissent leur propre Art par des amalgames politico-raciaux douteux. Un bon chroniqueur ayant du respect pour la musique aurait certainement refusé de faire cette critique d’album, mais j’essaie ici de faire abstraction de cette méprisable et pitoyable tendance pour livrer un avis sur la musique et elle seule de ce one man band polonais.
L’apogée de Graveland n’est certainement pas atteinte avec Memory And Destiny. Darken s’est concentré sur cet album sur des morceaux langoureusement épiques, longs, aux atmosphères de batailles et de châteaux. Memory And Destiny se rapproche des précédents Creed Of Iron et Immortal Pride dans la construction de morceaux lancinants. Musicalement, il est probable que certains rapprocheront à ceci l’album Hammerheart de Bathory. Les ressemblances sont assez frappantes, mais il ne convient pas de parler de plagia puisque Graveland conserve –et depuis bien longtemps- son identité. Ce style n’est pas non plus sans rappeler les hymnes de Summoning, et le rapprochement se fait de par les atmosphères omniprésentes, épiques et par une musique mid-tempo entraînante. Le jeu de batterie rappelle d’ailleurs l’influence scandinave évidente présente tout au long des titres.
Les introductions de presque chaque titre sont des appels à la guerre sur fond de vastes plaines bientôt noyées sous le sang. Le tout est rythmé par les percussions Gravelandiennes, comme si tous les pas des guerriers les suivaient scrupuleusement. Les morceaux d’une longueur assez remarquable pour du Black Metal (sept-huit minutes) sont en fait un perpétuel enchaînement de mélodies épiques, rythmées par une batterie qui n’est pas des plus désagréables, avec un vieux son de répétition. A la longue, puisque tous les titres suivent ce schéma, il y a le risque de s’ennuyer un peu. C’est pour cela que la seule écoute possible pour cet album est de fermer les yeux et ne pas prendre compte du temps, mais des images parsemant l’imagination de légendes guerrières. C’est à ce moment-là que Memory and Destiny prend toute son ampleur.
Les mélodies au clavier sont plutôt somptueuses et vraiment évocatrices. Elles savent évoluer tout au long d’un titre assez logiquement et de manière omniprésente. Les guitares ne sont pas en effet le moteur de cette musique, néanmoins elles participent de manière certes assez simple mais efficace à nous pousser dans une mer d’harmonies d’ou naissent les délires Vikings du Sieur. Le tout aurait pu être cependant un peu plus propre au niveau du son et particulièrement en ce qui concerne le chant de Darken, clairement pas assez mis en avant. Un peu plus de pêche et de conviction aurait affûté les angles de l’atmosphère guerrière présente sur tout l’album. Non il n’est pas mauvais, mais la variété et le relief ne sont juste pas au rendez-vous.
Parmi les cinq titres, "Legion Of Giants" se démarque par son coté sombre prononcé et ses différents intermèdes atmosphériques. Tout ceci tient cependant plus du détail que de l’évidence puisque l’album est plutôt très homogène et c’est dans ce sens qu’une écoute dans sa totalité doit être privilégiée à la décortication titre par titre. La version A5 est plutôt belle, ornée de runes et autres illustration païennes pour renforcer encore l’identité de ce disque, assez peu ambiguë jusque-là. Graveland n’est pas transcendant sur ce disque mais l’esprit Viking y est. L’avantage est que l’on s’attend à chaque sortie de ce groupe à quelques hymnes supplémentaires dans le grand livre du Black Metal Païen.
Certes pas original, surtout dans le concept, Memory And Destiny vaut néanmoins le détour si l’on souhaite se recueillir et changer de Monde.