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CHRONIQUE PAR ...

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Fly
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Annie Clark
(à peu près tout)

+ guests

TRACKLIST

1)Now, Now
2)Jesus Saves, I Spend
3)Your Lips Are Red
4)Marry Me
5)Paris Is Burning
6)All My Stars Aligned
7)The Apocalypse Song
8)We Put A Pearl In The Ground
9)Landmines
10)Human Racing
11)What Me Worry?

DISCOGRAPHIE

Marry Me (2007)

St. Vincent - Marry Me
(2007) - pop prog - Label : Beggars Banquet



Difficile de chroniquer un album coup de cœur. Difficile parce que le profond émoi que provoquent les premières écoutes prend souvent le pas sur le recul nécessaire à l’évaluation rigoureuse de la galette en question. Vous me direz qu’il est peut-être bon de donner libre cours à ses émotions lorsqu’on parle de quelque chose d’aussi viscéral que la musique. Sauf que, pour faire pleinement honneur à un disque qui nous touche, il faut aussi être capable d’en saisir les défauts (il en a forcément), surtout quand on sent que l’artiste qui l’a produit s’y est beaucoup investi.

C'est en l’occurrence le cas d’Annie Clark, la jeune musicienne aux cheveux hirsutes qui se cache sous le pseudonyme de St. Vincent. Il suffit de parcourir le livret pour s’en convaincre : Marry Me porte presque entièrement sa marque. Non seulement elle a composé la quasi-totalité des morceaux et écrit la totalité des textes, mais elle a aussi joué de la plupart des instruments et a participé à la réalisation de l’album. Le foisonnement instrumental est d’ailleurs une des premières choses qui frappent au moment de la découverte du disque. On se situe clairement dans la lignée de ces groupes indie qui n’ont pas peur d’ajouter un peu de chair à leur musique, quitte à se mettre à dos tous ceux qui n’y voient qu’une réminiscence arty fort peu conforme à leur vision des choses (certains ne peuvent même s’empêcher d’y voir une influence du prog, bref, l’horreur absolue). Laissons-les patauger dans leur ignorance crasse et revenons plutôt à St. Vincent. Annie Clark a donc tout d’une surdouée, mais est-ce suffisant pour rendre sa musique intéressante? La réponse est oui.

Dès le premier morceau, "Now, Now", on comprend qu’Annie Clark est dans une classe à part. Si certaines influences se font bien entendu sentir au départ (impossible de ne pas penser à Kate Bush, par exemple), le déroulement de l’album et les écoutes successives ne font que brouiller les cartes et mettre en lumière l’incroyable palette de la chanteuse, tant d’un point de vue vocal que musical. Le début de l’album est dans la lignée du morceau d’ouverture, c’est-à-dire légèrement théâtral. Chœurs enfantins (voire « pouponniens » sur "Jesus Saves, I Spend"), batterie vigoureuse, basse sinueuse et guitares incisives, tout est mis en œuvre pour susciter l’étonnement chez l’auditeur. Mais tous ces atours ne vaudraient pas grand-chose s’ils ne servaient pas à mettre en valeur le talent mélodique de la compositrice et, surtout, ses superbes lignes vocales, dont la pureté vient en quelque sorte contrebalancer l’exubérance de la musique.

Une telle profusion pourrait vite devenir lassante, mais Annie Clark prouve par la suite qu’elle est capable de varier les plaisirs. Ainsi, après un départ tortueux, l’incroyable "Your Lips Are Red" se meut en une planerie d’une beauté époustouflante, (« Your skin’s so fair it’s not fair »), ponctuée par les envolées pianistiques du grand Mike Garson. Le cœur de l’album alterne pièces plus tranquilles, tel le morceau éponyme ou le légèrement indigeste (selon votre degré de tolérance aux dégoulinades de Garson) "All My Stars Aligned", et morceaux de bravoure : l’ébouriffant "Paris Is Burning" et sa tourbillonnante danse finale, mais surtout le point culminant de l’album, le fantastique "Apocalypse Song", dont la mélodie vous restera longtemps logée dans le crâne.

Puis, après un court intermède instrumental, déboule l’étonnant "Landmines", morceau planant et démentiel rappelant vaguement Björk, et dont les arrangements à la limite de mauvais goût (attention à la harpe!) ne parviennent pas à gâcher la splendeur. Un délice à écouter très fort au casque. Les deux derniers morceaux, au premier abord plus communs que ce qui a précédé, révèlent tout leur potentiel au fil des écoutes. Débutant comme une petite gâterie bossa nova (avec démonstration des talents de guitariste de Clark à la clé), "Human Racing" vire peu à peu en un rythme hypnotique du plus bel effet, tandis que sur "What Me Worry?", Clark se paie le luxe de terminer l’album par un pur délice de jazz vocal, en hommage Billie Holiday, sans avoir l’air le moins du monde ridicule (un exploit tant ce genre d’exercice est casse-gueule).


Vous l’aurez compris, on parle bien ici d’un album au-dessus de la moyenne. Si l’on considère qu’il s’agit d’un premier disque, avec tout ce que cela implique sur le plan des qualités (énormes) et des défauts (minimes), il est difficile de ne pas imaginer le meilleur pour la suite. S’il ne plaira évidemment pas à tout le monde, en particulier à cause d’un certain côté précieux qui en agacera plusieurs, Marry Me devrait ravir tous ceux qui recherchent une musique à la fois ambitieuse et touchante. Et quand ils entendront Annie leur susurrer à l’oreille « Marry me, I’ll be so sweet to you », ils ne devraient plus lui opposer la moindre résistance.


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