CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13/20
LINE UP
-Kimmo Blom
(chant)
-Pirkka Ohlis
(guitare+chant)
-Henri Arola
(guitare)
-Matti Pansen
(guitare)
-Jukka Matilainen
(basse)
-Niko Takala
(batterie)
TRACKLIST
1)Fight Fear With Fire
2)Rush Of Life
3)Hollow
4)Man Who Was Me
5)Dream Of Crown
6)Failed One
7)Banished
8)My Only Sin
9)Credulous Soul
10)Took My Will To Feel
DISCOGRAPHIE
L’habit ne fait pas le moine et la pochette ne fait pas le genre. Malgré les apparences, Dyecrest n’est pas du tout un groupe d’extrême! Avec un Kimmo Blom derrière le micro, connu pour ses backing-vocals chez Stratovarius, on lorgne bien évidemment plus vers le heavy tendance power/mélodique. Et un heavy assez varié ma foi, qui a pour lui de révéler ses différentes facettes tout au long de l'album. Dyecrest a l'art de cacher son jeu. Après une pochette qui pourrait être celle d'un album de death alors qu'en fait pas du tout, le groupe prend un malin plaisir à aligner des titres qui tapent chacun dans un type de heavy différent.
La voix de Kimmo Blom, chanteur de type power-heavy haut-perché d'un bon niveau, unit le tout: le vocaliste conserve sur tous les titres son grain qui me rappelle parfois Tim Aymar de feu Control Denied quand il chantait en clair. Ceci n'empêche pas le premier titre "Fight Fear With Fire" de sonner très heavy-metal à l'ancienne: le riff carré et basique n'aurait pas dépareillé sur un album de Dio. Alors que "Rush Of Life" qui arrive derrière élargit d'un seul coup le spectre en passant dans un heavy plus harmonique et puissant, plus moderne en résumé. Et sur ces entrefaits arrive "Hollow", titre de heavy/speed mélodique qu'Hammerfall ne renierait pas! Et ainsi de suite.
Pour soutenir ces différentes orientations, le groupe a opté pour une production polyforme de type Iron Maiden, à quelques nuances près. Premier aspect: la basse est très métallique et dès que les guitares débarquent on n'entend plus vraiment ses notes mais uniquement le grésillement des cordes. Pour un soutien c'est fort bien, mais pour réellement profiter de la basse on repassera. Conséquence et deuxième aspect: le tout manque de puissance par moments, sur les passages speed en particulier car le son manque de basses pour provoquer le « mur » dont ce genre a besoin pour être percutant. La faute également à des guitares qui manquent parfois d'agressivité en rythmique… Tant qu'on reste dans le heavy mélodique ça va fort bien, mais quand les gratteux veulent être méchants c'est juste.
Toujours dans la série « je cache mon jeu », je demande le chant du guitariste Pirkkha Ohlis. On croit bêtement que Blom est le seul chanteur de la formation quand au détour d'une balade mielleuse (le quatrième titre "Dream Of Crown") débarque ce cri rauque, vraiment violent, vraiment aigu, vraiment réjouissant à un tel point que quand Blom reprend le micro pour un refrain FM au possible le côté lisse de sa voix apparaît trois fois plus qu'avant. Et à partir de là, la donne change. Car si Dyecrest n'était pas super crédible dans ses capacités à envoyer la sauce auparavant, dès les couplets de "Failed One" sur lesquels Ohlis revient pousser ses gueulantes écorchées agressives / mélodiques en alternance avec Blom tout change. La complémentarité des deux voix est énorme: la musique en est littéralement transfigurée. Et on ne comprend plus trop… Pourquoi Ohlis est-il relégué à la fonction de chanteur occasionnel? Pourquoi n'a-t-on pas droit à des unions entre les deux voix, alors que Blom se double lui-même sur les innombrables chœurs de la musique du groupe? C'est vraiment bizarre.
Et en plus d'être bizarre c'est diablement frustrant. Une compo comme "Failed One" est bien plus intéressante que le reste de l'album: ce n'est pas que la voix, les riffs eux-mêmes sont diablement efficaces. Dyecrest réussit à lier heavy lyrique et power/heavy agressif d'une fort belle manière et ne recommence plus ou peu après. Blom peut se la jouer méchant lui aussi mais son timbre agressif est sans commune mesure avec celui d'Ohlis qui beugle littéralement tout en atteignant des notes fort honorables. Sur le pont de "Banished" les deux hommes font un semblant de ping-pong et ça le fait terriblement. Seulement voilà, c'est une seule fois dans la chanson. Argh.
Conclusion: les musiciens sont tous très bons et le sens de la mélodie est très développé. Ecoutez "My Only Sin" une fois et vous la retiendrez pendant des mois. Mais c'est comme si le groupe s'était planté entre sa formule principale et sa formule annexe: la musique qu'ils pratiquent la plupart du temps, malgré ses qualités, n'égale pas les quelques moments durant lesquels ils laissent transparaître quelque chose qui pourrait être énorme: un groupe de power/heavy/speed à deux chanteurs, un en chant clair et un en chant mélodique/fâché (TRES fâché). Belle occasion manquée, et album bien sympa à défaut d'être très bon. Damned!