CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13/20
LINE UP
-Jeff Waters
(guitare+basse)
-Dave Padden
(chant)
-Mike Mangini
(batterie)
+ nombreux guests
TRACKLIST
1)Clown Parade – Feat. Jeff Loomis
2)Couple Suicide – Feat. Danko Jones & Angela Gossow
3)Army Of One – Feat. Steve ´lips` Kudlow
4)Downright Dominate – Feat. Alexi Laiho
5)Smothered – Feat. Anders Bjørler
6)Operation Annihilation – Feat. Michael Amott
7)Haunted – Feat. Jesper Strømblad
8)Kicked – Feat. Corey Beaulieu
9)Detonation – Feat. Jacob Lynam
10)Chasing The High – Feat. William Adler
DISCOGRAPHIE
Déjà 12 albums au compteur pour Annihilator, comme le rappelle Jeff Waters dans les remerciements de son nouvel opus, sobrement intitulé Metal. OK, on peut pas dire qu’il se soit cassé le bonnet pour trouver ce titre, mais celui-ci résume parfaitement bien la fidélité du shreddeur canadien envers ce style musical depuis 18 ans maintenant. Et si cette longue et fructueuse carrière ne lui a jamais rapporté un vrai succès commercial, elle lui aura quand même permis d’accéder au statut de légende vivante du thrash. Résultat, il peut se payer le luxe de convier un invité de marque sur chacun des 10 titres de cette galette.
L’annonce de cette pléthore d’invités avait suscité quelques interrogations suspicieuses, certains laissant entendre que Waters en serait rendu à capitaliser sur le succès de certains groupes parmi les plus populaires du moment (Nevermore, In Flames ou encore Arch Enemy) pour vendre des CD. Or, il ne faut pas s’y tromper : cela reste un album solo de Jeff Waters, qui garde la mainmise sur la composition (seul Danko Jones signe un texte). En fait, la présence de tous ces guests relève surtout du gimmick, puisque les invités ne sont là que pour taper le solo, et certains ne seraient même pas identifiables sans les indications hyper précises du livret. Reste que dans le meilleur des cas, avec des pointures comme Michael Amott ou Alexi Lahio, cela permet d’assister à des duels guitaristiques de haut vol. De plus, il ne faut surtout pas s’imaginer que Waters a abandonné tous les soli à ses invités : les titres sont majoritairement longs (8 sur 10 excèdent 5 minutes), et les nombreux breaks permettent au maestro d’épater la galerie grâce à sa patte magique immédiatement reconnaissable.
L’entrée en matière donne dans le classique : "Clown Parade" est un titre bien speed accompagné d’un refrain immédiatement mémorisable, renvoyant directement à l’habitude prise à l’époque de l’album King of the Kill. La première moitié de l’album risque de déboussoler une partie des fans du combo canadien : en effet, elle est clairement placée sous le signe du heavy metal, registre qui sied particulièrement au chanteur Dave Padden, qui bat au passage le record de longévité pour un chanteur au sein d’Annihilator avec cette 3ème participation consécutive ! Sa performance est impeccable sur des brûlots tels que "Army of One", véritable hommage au metal avec un refrain qui devrait faire un malheur en live, ou encore sur l’étonnant "Smothered", très réussi avec sa ligne de clavier inhabituelle et son passage narratif. La seule véritable surprise de cet album demeure le tubesque "Couple Suicide", titre purement rock interprété par Danko Jones avec le growl d’Angela Gossow et de Dave Padden aux choeurs. Mais en le plaçant en deuxième piste, Waters nous prouve comme à son habitude qu’il assume parfaitement ce choix légèrement décalé.
Les choses s’accélèrent après le seul faux pas de l’album, le fadasse "Operation Annihilation". Le refrain de ce titre, pas très bien chanté par Waters himself, ressemble comme deux gouttes d’eau à "Set the World on Fire"… d’Annihilator (!), surtout son final qui sonne comme un clin d’oeil appuyé. Cette fois, place au thrash avec le tiercé gagnant "Haunted" - "Kicked" - "Chasing the High", qui justifient à eux seuls l’achat de cet album pour tout amateur qui se respecte. Ces morceaux sont du Annihilator pur jus, ce savoureux mélange de riffs dévastateurs, de cavalcades bille en tête et de passages harmoniques de toute beauté. Cerise sur le gâteau, le drum-hero Mike Mangini nous gratifie d’une performance générale à couper le souffle, tant dans la virtuosité que dans la puissance dégagée par ses parties de batterie, nettement plus originales que celles proposées par la plupart des spécialistes du genre.
Malgré une qualité indéniable, cet album risque tout de même de décevoir les fans du précédent album, Schizo Deluxe, qui s’était focalisé sur la partie la plus thrash du groupe. Mais en délivrant une synthèse parfaite des différentes facettes du groupe, et surtout en se débarrassant de cette fâcheuse habitude de remplir ses albums avec des titres franchement dispensables, Waters nous offre une de ses oeuvres les plus compactes. Et si Metal n’est peut-être pas le meilleur album de la féconde discographie d’Annihilator, il en est sans doute la meilleure carte de visite pour le néophyte. Il était temps.