CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Andrew Carey
(chant)
-Craig Chaney
(guitare+chant)
-Joshua James
(guitare+choeurs)
-Jason Southwell
(basse+choeurs)
-Kyle "Butters" Mims
(batterie)
TRACKLIST
1)Bad Energy Troll
2)High Tide Or No Tide
3)Wolfbiker
4)Chaney Can't Quite Riff Like Helmet's Page Hamilton
5)Where There Is Fire We Will Carry Gasoline
6)Rip This!
7)Starter
8)To The First Baptist Church Of Jacksonville
9)Rolling Thunder Mental Illness
10)The Damned
DISCOGRAPHIE
Evergreen Terrace avait sorti un album fort intéressant en 2005 intitulé Sincerity Is an Easy Disguise In This Business : on y trouvait un mélange assez osé entre un thrash-punk-hardcore franchement agressif et une pop-punk MTV à teenagers putassière à souhait. Cette tendance à marier avec succès deux genres à la démarche a priori totalement opposées avaient contribué à la richesse d’un album frais dont les riffs et hurlements rentre-dedans complétaient à merveille les refrains ultramélodiques pour skaters. Deux ans passés à écumer les scènes, une signature chez Metal Blade et un nouveau batteur plus tard, Evergreen Terrace revient avec Wolfbiker, album qui reprend peu ou prou les mêmes ingrédients mais pour un résultat final n'ayant pas grand-chose à voir.
En effet, Evergreen Terrace semble à première vue avoir basculé dans le metalcore pur et dur. "Bad Energy Troll" envoie le bois dès les premières microsecondes et le son râpeux des guitares, les riffs violents/mélodiques comme le chant hurlé hardcore font très mal, mais font aussi déja entendu. Ultra-efficace et compact, le titre claque la face mais donne aussi une impression étrange : c'est du metalcore très réussi mais du metalcore tout de même. On se prend donc à s'inquiéter pour la spécificité qui faisait tout l'intérêt du groupe, car les éléments de pop-punk californienne sont absents, le chant clair en tête. La formation aurait-elle cédé à la facilité et restreint sa palette? Oui et non... car si "Bad Energy Troll" est un titre de metalcore pur, c'est le seul de son genre sur l'album! Dès les titres suivants on retrouve ce feeling mélodique qui manquait bizarrement à l'appel, si ce n'est que ce feeling mélodique est lui-même assez différent de ce que le groupe nous avait proposé sur son album précédent : là ou Sincerity Is An Easy Disguise In This Business jouait plutôt la carte du mélange par juxtaposition, Wolfbiker ajoute celle du mélange par synthèse.
Peu de titres sont ainsi fondés sur l'enchaînement de parties hyper typées à d'autres parties hyper typées : l'excellent title-track "Wolfbiker" présente bien des couplets bourrins et un refrain mélodique, mais ledit refrain ne présente que sa ligne de chant pour le rapprocher de la scène pop-punk, les instruments bastonnant assez sévèrement derrière. Idem pour "High Tide Or No Tide", mais dans l'autre sens : cette fois-ci c'est l'instrumentation des couplets qui est plutôt punk-rock alors que le chant hurlé se déchaîne par-dessus. Le refrain de cette dernière compo est d'ailleurs un des rares qui se place franchement dans une optique de djeunz à mèches. Dans le même style, "Rolling Thunder Mental Illness" et le début de "The Damned" rappellent souvent la grande époque d'Offspring musicalement : tempo rapide, côté frais et catchy indéniable... sauf qu'Andrew Carey hurle comme un sagouin! Le dernier titre cité est assez emblématique de la nouvelle formule d'Evergreen Terrace : partie pop-punk hurlée, partie metalcore hurlée, refrain pop-punk total, passage metalcore chanté, puis mélange de voix hurlées / claires, choeurs... tout y passe.
Evergreen Terrace a donc renforcé son approche du melting-pot : toutes les combinaisons possibles entre leurs différentes composantes sont enchaînées sans relâche. On aurait pu craindre que cette approche rende le disque trop compact, ne laisse aucune compo réellement ressortir... et pas du tout. Les chansons de Wolfbiker ne ressemblent pas et développent une identité propre : l'hymne punk "Chaney Can't Quite Riff Like Helmet's Page Hamilton", ses choeurs de rugbymen et son solo de guitare rentre immédiatement dans le crâne, de même que les roulements d'intro et l'enchaînement d'accords de "Starter", compo mid-tempo où le chant clair de Craig Chaney n'adoucit absolument la sauce et dont la construction est nickel-chrome. "To The First Baptist Church Of Jacksonville" introduit des choeurs de guerriers (dans ceux de rugbymen y'a des notes, s'pas pareil) et une approche du punk-rock qui colle la banane tant le décalage entre chant hardcore et guitares ultra-gentilles bastonne. Et vu que la compo a la bonne idée de s'étendre sur près de cinq minutes avec un break central bien pensé (ambiance, puis retour des guerriers), on est content.
Wolfbiker est donc particulièrement attachant car il permet de voir le groupe progresser, ce qui fait toujours très plaisir. Sans rien révolutionner, Evergreen Terrace a réussi à redéfinir son identité et peut se targuer d'être facilement reconnaissable dans un scène metalcore complètement saturée où les clones sans intérêt sont légion. Accessible aux fans de métal comme à ceux de punk-rock et de hardcore, Wolfbiker est tout simplement un très chouette album. Et ça, c'est cool.