CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11.5/20
LINE UP
-Markku Pihlaja
(chant)
-Markus Vanhala
(guitare)
-Antti Laurén
(guitare)
-Ismo Laukkanen
(basse)
-Matti Suhonen
(batterie)
TRACKLIST
1)In This Indolence
2)Dread Of The Freaks
3)No Signs Of Wisdom
4)The End Within
5)Harbinger
6)Polluted World
7)Some Of The Sins Revealed
8)The Loon
9)August Sky
DISCOGRAPHIE
Cela fait maintenant dix ans que le groupe finlandais The Manitou s'est formé... mais par paresse, ses membres n'avaient jamais envoyé de matériel à un quelconque label avant leur sixième démo The Valley Of Evergreen, en 2004! Et ils ont bien fait de se décider : signés immédiatement, ils ont pu sortir leur premier album The Mad Moon Rising dans la même année et récolter au passage plusieurs bonnes chroniques. Malheureusement leur label s'est cassé la gueule juste après, et ils ont dû virer leur claviériste l'année suivante.Qu'à cela ne tienne, le groupe n'a pas lâché la rampe et après une signature sur Metal Heaven et un Deadlock sorti l'année dernière, ils reviennent cet année avec ce No Signs Of Wisdom placé sous le signe du power-heavy mélodique
Tous ceux ayant un minimum de culture musicale dans le domaine en question risquent de bloquer direct sur la voix de Markku Pihlaja. Ce n'est pas tant la technicité sans faille et le feeling certain du vocaliste qui seront en ligne de mire, mais sûrement le fait qu'il rappelle immédiatement deux chanteurs vaguement connus : Bruce Dickinson et Edu Falaschi. La plupart du temps c'est le dernier cité qui vient à l'esprit, mais sur certains passages Pihlaja est tellement proche du chanteur d'Iron Maiden que c'en est choquant : les couplets du hard-rock "Dread On The Freaks" sont déjà très évocateurs, mais c'est sur l'agressif "The Loon" que l'homme semble émuler Dickinson tel un PC émule une Super Nes. C'est par instants hallucinant de mimétisme, et le fait que le titre évoque par moment un mélange d'Accident Of Birth et de Balls To Picasso n'aide pas. De même, l'influence du chanteur d'Angra serait peut-être moins prégnante si les guitaristes n'avaient pas tendance à soudainement partir en des déluges de notes mélodiques qui semblent faits pour alimenter les critiques. Le title-track "No Signs Of Wisdom" est ainsi complètement phagocyté par l'influence des Brésiliens, tant dans les lignes de chant que dans les soli de guitare. Une fois qu'on y a pensé (c'est à dire dès la première écoute) on ne peut plus se défaire de l'impression provoquée, et c'est presque injuste car en dehors de ce travers le CD n'est pas mauvais.
Ben oui : débarassé de cette hérédité si gênante No Signs Of Wisdom aurait pu mettre en avant ses indéniables qualités. The Manitou est un groupe qui tente visiblement de varier le propos et qui multiplie les approches du heavy mélodique tout au long de l'album : les riffs un peu plus durs et véloces ("In This Indolence", "Harbinger") côtoient des titres plus hard-rock - voire même boogie pour "Polluted World" - et des chansons de heavy traditionnel modernisé ("Some Of The Sins Revealed"). Sauf que dès qu'on réussit à faire abstraction des influences du combo quelques secondes, le plan qui suit renvoie directement à Temple Of Shadows ou Aurora Consurgens : le refrain de "Some Of The Sins Revealed", les harmonies d'intro de "Polluted World", on n'en sort pas. C'est comme si The Manitou était une balle de jokari : il suffit qu'ils s'eloignent d'Angra via un riff ou un changement de tempo pour y revenir brutalement et d'une manière totalement incongrue la mniute d'après. On ne peut compter que la longue pièce finale "August Sky" pour effacer durablement cette impression si pesante à l'écoute. Les thèmes développés y sont classiques mais pas pompés, et la construction dynamique du titre permet de profiter des capacités certaines des musiciens. Malgré les onze minutes de la chanson c'est malheureusement bien peu comparé au temps qu'on passe à se dire qu'on a affaire à un tribute-band involontaire ou déguisé.
The Manitou n'a vraiment pas de bol : leur chanteur est techniquement excellent mais tellement dénué d'identité qu'il entraîne tout le groupe avec lui. A l'écoute de No Signs Of Wisdom on se surprend à fantasmer : qu'aurait donné l'album avec une voix n'évoquant pas sans cesse quelqu'un d'autre? On ne le saura sans doute jamais, et en attendant on ne recommandera cet album qu'aux gens n'ayant jamais écouté d'album chanté par Dickinson ou d'Angra post-Matos de leur vie... ils pourront peut-être en profiter. Pour les autres ce sera extrêmement difficile, voire impossible.