On commence cette dernière journée de festival avec les Japonais de
Church Of Misery (15h – 15h55). Découverts quelques semaines auparavant en première partie de
High On Fire, il me tardait de retrouver ces braves gars en configuration de festival ! Et n'y allons pas par quatre chemins, le quatuor livre en moins d'une heure, une des prestations les plus mémorables du l'édition 2014 du Motocultor ! Ce son bordel, CE SON ! Du fuzz en veux-tu, en voilà ! Du fuzz, encore plus de fuzz, toujours plus de fuzz ! Mené par une basse toujours aussi ronflante et groovy, le groupe a envoyé de très bonnes ondes sur la terre bretonne. Emmené par son chanteur à la voix bien rocailleuse, les Japonais n'ont été nullement intimidé par les conditions du festival et ont même profité du large set qu'il leur était confié pour exposer au mieux leurs longs titres. Une véritable leçon de stoner/doom que vient de nous donner ce combo du pays du soleil levant ! Messieurs, revenez vite dans nos contrées !
A peine remis de la giga-baffe qu'on vient de se prendre qu'on enchaîne sans transition avec les Colombiens d'
Inquisition (15h55 – 16h45) ! Deux têtes de bouc disposés de part et d'autre de la colossale batterie constituent l'unique décoration scénique. Minimalisme façon black metal. Un sample se lance et les deux seuls musiciens débarquent têtes baissées sur scène, corpse paint, cartouchière et cuir moulant de rigueur ! Et nous voilà parti pour presque une heure de décibels entre riffs tourbillonnants à la
Immortal et martelage impressionnant des fûts à une vitesse supersonique. Rouleau compresseur. Machine de guerre. Voilà comment pourrait être décrit en résumé le duo colombien. Aucune seconde de repos, les titres défilent sans transition ni temps mort. Le son est tellement écrasant qu'on se demande comment il est possible qu'il ne provienne que de deux musiciens. Malgré une petite redescente d'adrénaline vers la fin du set (aussi riche soit le black metal du groupe, il reste assez monolithique à l'image de la voix de crapaud de Dagon), le groupe livre une des performances les plus mémorables du festival. Un groupe à définitivement découvrir en live et un immanquable pour tout fan de black qui se respecte !
Place alors aux légendaires
Obituary (18h20 – 19h15) qui terminent au Motocultor leur longue tournée européenne des festivals. Après le Bang Your Head, le Resurrection Fest, le Metaldays, le Xtrem Fest, le Brutal Assault, le Bloodstock ou le Summer Breeze (pour ne citer que les plus connus), voici enfin les pionniers du death floridien en terre bretonne. La setlist revisite les plus grands classiques du groupe, allant allègrement piocher dans
Slowly We Rot,
Cause Of Death ou
The End Complete. En outre, le groupe présente plusieurs exclusivités du nouvel album à paraître intitulé
Inked In Blood. Le set très old school fait des ravages et accompagné d'un son bien gras, on profite d'une bonne séance de headbang. Si la performance technique est irréprochable, l'attitude de la bande est au contraire désinvolte à l'extrême puisque les zicos prennent leur temps entre chaque morceau, riant entre eux et sirotant leur bières sans trop se soucier du public... Jetant un froid dans le public et créant des blancs, cette attitude un peu étrange vient altérer la dynamique du show ce qui est vraiment dommage. On ressort toutefois bien rassasié de sa dose de death à l'issu de l'heure de show, ce qui est le principal.
Epica (22h00 -23h05) déguise un peu l'affiche du festival puisque seul représentant d'une frange mainstream dont nous a rarement habitué le festival. Malgré le coup marketing qu'impose le nom, il n'est même pas sûr qu'
Epica dans le cadre du Motocultor - composé majoritairement de festivaliers fidèles et avertis - attire plus de nouveaux festivaliers... Mais qu'importe, la fosse est bien remplie et même si sans doute majoritairement de curieux, on peut dire que le pari est remporté. Axant la moitié de son set sur son dernier album
The Quantum Enigma aux accents extrêmement symphoniques et grandiloquents, le tour de force du groupe hollandais est double. Le premier est de bénéficier d'un son en béton armé, sans doute un des meilleurs du festival avec un mix parfait des instruments et des samples. La voix de Simone est très bien mise en valeur (même si loin d'être toujours bien juste), la batterie et les samples sont très bien équilibrés et le mur tranchant de guitares est impressionnant. La seconde réussite est de créer un visuel certes kitsch mais très réussi avec des jeux de lumières efficaces et un jeu de scène ultra calibré mais redoutable. Musicalement, chacun aura son opinion,
Epica reste un groupe très accessible avec son lot de riffs bateaux et de mélodies faciles. Mais en prenant de la hauteur et en s’abandonnant tant soit peu au spectacle offert, ce serait mentir que de juger mauvaise la performance des Bataves, au contraire au vue des attentes proches de zéro, on sort du concert presque surpris en bien.
Testament (00h – 01h), tête d'affiche de l'édition du Motocultor 2014 est en charge de conclure le festival. Deux ans après la sortie du très bon
Dark Roots of Earth, le groupe continue d'écumer les routes pour en faire la promotion avec quelques petits changements de line-up toutefois puisque c'est désormais le mythique Steve DiGiorgio qui tient la basse. La setlist est très classique puisque le groupe jouera l'intégralité de ses tubes, dont "Practice What You Preach" et "Into the Pit" pour les plus connus. Les vieux titres thrash s'avère logiquement aussi les plus efficaces dans l'exercice du live. Au niveau des bonnes surprises, le son du groupe s’avérera bien moins catastrophique que d'accoutumée avec une grosse caisse moins balourde. Au rang des déceptions, on regrettera une performance vocale très bancale et essoufflée malgré le charisme indéniable du bonhomme. Le groupe clôture toutefois joliment le festival en sa qualité de groupe fédérateur qui rassemblera la quasi totalité des festivaliers dans la fosse.
Le Motocultor réussit une nouvelle année à proposer des groupes de talent tant dans les grands noms que dans les plus modestes et en cela continue de tracer sa route avec en prime une fréquentation qui croît chaque année.