Kiske, Michael

Entretien avec Michael Kiske (chant+guitare) - le 14 mai 2008

2
Cosmic Camel Clash

6
Lord Henry

Une interview de




Kiske,_Michael_20080514

Michael Kiske se moque bien du qu’en dira-t-on. Entre deux sorties de Place Vendome et menant parallèlement sa carrière solo, le vocaliste a décidé de s’attaquer à son ancien groupe Helloween et de reprendre dans Past In Different Ways (chronique ici) quelques titres plus ou moins légendaires sous la mouture pop-rock acoustique qui caractérise son style actuel. De quoi faire jaser un bon nombre de métalleux... A la critique, Michael Kiske répond par la sincérité. Jugez plutôt.


Cosmic Camel Clash : Il est acquis désormais que le metal, ça n’est plus ton truc. Mais s’attaquer à du Helloween en version AOR va peut-être faire crier certains fans au scandale…

Michael Kiske : Ce n’est pas vraiment mon problème. Je ne crois pas avoir à me justifier d’avoir choisi de reprendre ma propre musique. Il s’agit d’ailleurs davantage de relectures acoustiques que d’AOR à proprement parler. Ces questions relatives à mon passé dans Helloween deviennent agaçantes à la longue… Effectivement, j’ai des gros problèmes avec la scène heavy-metal, mais même si Michael Weikath s’efforce depuis mon départ du groupe de monter les vieux fans contre moi, ce qui est totalement ridicule soit dit en passant, cela ne veut pas dire que je doive n’enregistrer que des petites ballades à la flûte… Ni rejeter mon passé en bloc. Je peux toujours apprécier une bonne chanson rock ! Donc je me moque un peu de ce qui va se dire.

Cosmic Camel Clash : Je ne pensais pas du tout à Michael Weikath, mais puisque tu en parles, peux-tu développer ? Quels sont tes soucis avec lui au juste ?

Michael Kiske : Il est un peu le responsable de tout ce qui est arrivé de négatif dans le groupe, tirant les ficelles dans son coin, à l’insu de tout le monde. C’est à cause de lui que Kai Hansen a voulu quitter le groupe… Il était à l’origine des remerciements d’Ingo, de Roland et du mien aussi… Même sans parler musique, sur un plan personnel, on ne peut pas dire que nous soyons bons amis.

Cosmic Camel Clash : Pourquoi as-tu choisi ces chansons en particulier à reprendre sur l’album ?

Michael Kiske : Ce sont des chansons que j’ai entièrement écrites tout seul. Les autres chansons de Helloween où je suis crédité ont été co-écrites avec d’autres membres. C’est la raison principale.
Photo


Cosmic Camel Clash : Tu as composé ces titres alors que tu étais adolescent. Crois-tu qu’ils auraient pu voir le jour aujourd’hui, avec ton expérience ?

Michael Kiske : (il réfléchit)… Probablement pas les plus anciens. Tu sais, des morceaux comme "We Got the Right", "You Always Walk Alone" et "A Little Time" sont très vieux, je les jouais déjà avec mon groupe à l’école avant d’intégrer Helloween ! Il est donc difficile, à mon âge, de me replonger dans cette période. Je ne crois pas pouvoir réécrire de telles chansons. Mais je me rends compte, après avoir fait cet album, que je peux toujours m’identifier à elles. Lorsque Serafino (Perugino, boss de Frontiers Records) m’a suggéré l’idée de reprendre du Helloween, j’ai d’abord refusé, à cause d’un passif émotionnel assez négatif que je liais à ces chansons, mais aussi en regard des réactions de certains metal-heads, que je pouvais déjà appréhender… Puis en y réfléchissant un peu, je me suis aperçu qu’il n’y avait en réalité aucune raison valable de ne pas le faire. Et au final, je suis ravi, car quand on entend ces chansons aujourd’hui, en comparaison des versions originales, on reconnaît bien leur identité, preuve de mon intégrité. Même textuellement, je me retrouve dans ces vieilles chansons. Toutefois il y a sur l’album des chansons plus jeunes qui, je pense, auraient pu être écrites aujourd’hui : "Longing", "I Believe", "Kids of the Century"…

Cosmic Camel Clash : C’est donc le label qui a eu cette idée. On peut imaginer qu’il y a de fortes motivations commerciales derrière cela. Qu’en penses-tu et comment te situes-tu par rapport à cette démarche ?

Michael Kiske : Je ne la vois pas forcément d’un très bon œil. Mais c’est leur travail, en tant que label, de se créer des occasions... Pour cette fois, faire face à mon passé a été moins gênant car c’est le concept même de l’album. Cela l’est plus quand je sors de nouveaux albums, et qu’on me rebat systématiquement les oreilles avec tout ça, en interview etc. Ce projet, pour moi, était intéressant pour deux raisons : il montre aux gens que je rejette pas du tout mon passé, et je n’ai aucune raison de le faire ; et il va permettre à d’autres fans de découvrir ces vieilles chansons. Car j’ai aujourd’hui des fans qui ne connaissent pas, voire qui n’apprécient pas mes années Helloween ! Mais c’est au niveau personnel que j’attache le plus d’importance. Je fais la paix avec mon passé, c’est réellement important pour moi. Je me soucie donc peu de la démarche du label. De toute manière, le futur s’annonce bien différent…

PhotoCosmic Camel Clash : Eu égard aux sentiments et aux souvenirs liés à ces chansons, que ressens-tu en écoutant l’album ? De la nostalgie ?

Michael Kiske : (il réfléchit)… Non, pas exactement… Je porte un tout nouveau regard sur ces chansons désormais. C’est un peu la même chose lorsque je collabore avec quelqu’un, par exemple Timo Tolkki ou Tobias Sammet : j’écoute le titre, et si je le trouve positif, léger, non brutal, je m’approprie le titre et m’y connecte, comme si j’en étais l’auteur. Je ressens un peu la même chose avec ces chansons réenregistrées. Pendant l’enregistrement, ça a parfois été difficile, à cause des flots d’émotions qui jaillissaient de temps à autre… Mais maintenant que c’est terminé, j’ai le sentiment de m’être réapproprié les chansons, de les avoir fait miennes à nouveau. Vis-à-vis de mes rapports avec Helloween aussi, cela m’a été bénéfique : j’ai été jeté du groupe sans ménagement, on m’a plus ou moins fait passer pour un idiot aux yeux des anciens fans… Et aujourd’hui je reprends ma musique. A mes yeux, ce n’est que bon sens et justice.


Cosmic Camel Clash : Vis-à-vis de Timo Tolkki justement, vu que tu vas faire une apparition sur son album de Revolution Renaissance, peux-tu nous décrire la manière dont s’est déroulée votre collaboration, avec tous les épisodes autour de lui ces derniers temps ?

Michael Kiske : Je n’ai pas eu de contact direct avec lui, tout s’est fait par e-mail. Il m’envoyait les pistes et je les enregistrais dans mon studio. Internet facilite vraiment les choses ! Je n’ai eu aucun problème avec lui, il a été très sympathique. Parmi mes projets annexes, la seule personne avec qui j’ai eu un contact direct par téléphone est Tobias Sammet.

Cosmic Camel Clash : Ta participation au premier volet de l’opéra Avantasia a été en quelque sorte ta première réapparition dans le metal, sous le pseudonyme de Ernie…

Michael Kiske : (m’interrompant) Quelle idée idiote ! (rires) J’ai réellement aimé participer à ce projet, les chansons sur lesquelles je chante étaient cool… Je ne saurais dire pourquoi aujourd’hui, mais j’avais le sentiment de devoir en quelque sorte me cacher et me préserver à l’époque... D’où le pseudo. Je me demande bien ce qui m’est passé par la tête !

Cosmic Camel Clash : Tobias, lui, a toujours été un grand fan de ta voix, au point de l’imiter sur ses premiers albums... Peux-tu nous décrire ce que tu as ressenti lorsque tu as été approché pour un projet musical par quelqu’un qui voulait, de toute évidence, te ressembler ?

Michael Kiske : (rires embarrassés) C’est toujours un compliment ! Cela ne peut que faire plaisir, de savoir qu’il y a des gens qui aiment profondément ce que tu as fait. Il m’a appris, il n’y a pas si longtemps, que c’était pendant sa période «Helloween-geek», dans les années 1987-88, qu’il a eu l’idée de faire de la musique. Et c’était la même chose pour moi, quand j’étais ado : j’ai vu des gens qui m’ont insufflé cette envie. Il y a beaucoup d’artistes que j’ai admirés, que j’admire toujours, mais qui dans l’intervalle ont changé. C’est comme ça que ça marche. A une certaine période de ta vie, tu reçois une musique que tu intègres et qui peut t’influencer, je trouve cela tout à fait normal. Ce qui est bien pour Tobi, c’est qu’il a définitivement affûté son style. Je trouve ses derniers albums plus intéressants, en tout cas plus proches de mes goûts personnels. Il a eu le courage de proposer quelque chose de nouveau. C’est quelque chose d’étrange dans le business de la musique, et en particulier en heavy-metal : la créativité n’est pas forcément recherchée. Que ce soit les fans ou les labels, si un groupe connaît un certain succès avec un disque, on attendra de lui un album similaire dans la foulée. D’un point de vue artistique, c’est absurde. Tobias, aujourd’hui, se fait critiquer pour avoir modifié sa musique, mais je comprends sa démarche et la soutiens.

Cosmic Camel Clash : Il a tenu exactement les mêmes propos lorsque je l’ai interviewé…

Michael Kiske : Il s’aperçoit que il n’est pas évident, quand tu es musicien, de chercher à évoluer. Dans mon cas personnel, c’est même extrêmement difficile : venant du metal et cherchant à faire de la musique « libre », sans style défini… Lui a toujours un certain nombre de fans qui le suivent, puisqu’il reste malgré tout dans un certain cadre metal. C’est une étroitesse d’esprit que je ne retrouve dans aucune autre scène musicale que je connais. Peut-être est-ce la même chose en hip-hop ou en country, je ne sais pas… Mais je trouve que la scène metal en particulier est empreinte d’un manichéisme grotesque, qui va décréter que puisque tu critiques un certain aspect de la musique, alors tu en es totalement exclu… Je suis effectivement rebuté par certains gimmicks propres au style comme la glorification du mal, la violence, etc. Mais je répète que je peux toujours apprécier une bonne chanson metal, et les gens ont visiblement du mal à accepter cela. Tout blanc ou tout noir, pas de demi-mesure. Ce discours infantilisant m’épuise. Même aujourd’hui, avec un label comme Frontiers, je suis confronté à ces problèmes. Quand bien même j’ai été parfaitement clair avec eux sur ce point dès le début, on cherche aujourd’hui à m’imposer un certain dogme dont je ne veux absolument pas. Si bien que j’en suis venu à mettre fin à mon contrat.
Photo


Cosmic Camel Clash : Pour revenir à l’album, on note bien évidemment les arrangements très différents, mais ton chant, en revanche, reste assez proche de l’original, puissant et haut perché. Il est vrai que cette question pouvait faire débat, tant ton nouveau style ne semble pas nécessiter autant de performances vocales que du temps de Helloween. As-tu le sentiment d’exploiter toutes tes capacités aujourd’hui ?

Michael Kiske : Je crois que le talent ne se mesure pas à la capacité à aller chercher des notes hautes… C’est typiquement un axiome propre au metal ! Il y a un sens de la qualité assez particulier : plus c’est lourd, fort, haut, mieux ça vaut. Je ne m’inscris pas du tout dans cette démarche. Pour moi, une bonne performance vocale se résume à retranscrire une histoire de façon satisfaisante. Tu n’as pas besoin de chanter haut pour être un bon vocaliste. C’est peut-être efficace, mais à trop en faire cela peut aussi devenir vite lassant. Je trouve qu’une chanson comme "The King of It All", par exemple, sur le premier Kiske, avec ses couplets et ses ponts soft, puis avec sa petite envolée sur le refrain, est plus intéressante, plus excitante à réaliser. Ce n’est pas que je ne peux plus chanter comme avant, mais je trouverais bien ennuyeux de devoir chanter systématiquement très haut. Quand je compose, si la chanson n’en a pas besoin, le résultat reste tel quel. Quand on compose pour moi en revanche, comme avec Place Vendome par exemple, il est vrai que les compositeurs ont tendance à me faire utiliser un registre plus aigu. C’est fun à faire, mais ce n’est pas pour moi gage de qualité. En tout cas, si je chante dans les mêmes tonalités qu’auparavant sur Past In Different Ways, je trouve que ma voix sonne bien mieux aujourd’hui ! Sur un titre comme "You Always Walk Alone" par exemple, la différence de volume et de contrôle est flagrante. Normal, j’ai quarante ans et je n’ai plus la voix d’un adolescent !

PhotoCosmic Camel Clash : As-tu opéré tout seul les réarrangements ?

Michael Kiske : Oui. J'ai dû réécouter les CDs, et coucher les accords sur papier car j’avais bien évidemment tout oublié. Puis je me suis demandé comment faire sonner tout ça avec une guitare acoustique. Ce n’est pas très difficile : quand tu travailles un morceau à la gratte sèche, tu as naturellement tendance à la jouer différemment. Une guitare électrique a sa propre puissance, sa distorsion, qui n’a pas lieu d’être en acoustique ; et j’ai été content de constater que le passage à l’acoustique fonctionnait bien sur mes chansons, y compris les plus vieilles. Ce n’est pas forcément le cas avec toutes !

Cosmic Camel Clash : On dit qu’une chanson qui rend bien au piano ou à la guitare acoustique est forcément une bonne chanson…

Michael Kiske : Absolument. Tu n’as pas besoin de gonfler une bonne chanson par une production gigantesque. Elle doit rester intéressante dans son plus pur habillage.


Cosmic Camel Clash : Un mot à propos de tes futures parutions ?

Michael Kiske : Je dois toujours à Frontiers un second album de Place Vendome. Je suis actuellement en contact avec Dennis Ward pour cela. C’est un bien chic type, et vraiment talentueux. Je vais également me mettre à l’écriture d’un nouvel album solo cette année, mais vraisemblablement pas pour Frontiers. Ils ont une façon très rigide de fonctionner et de concevoir la musique, qui ne me convient pas. Pour être honnête, je crois que si je ne trouve pas de label prêt à me faire confiance et à le laisser la mainmise totale sur ma musique, je laisserai tomber les recherches de deal. Je préfère m’auto-produire et créer mon propre label, et faire fonctionner ça avec Internet par exemple...

Cosmic Camel Clash : Pour conclure, puisque tu dis pouvoir toujours apprécier une bonne chanson rock ou metal, y a-t-il un album de heavy qui t’ait marqué ces derniers temps ?

Michael Kiske : Pas vraiment, non. Je dois dire que lorsque j’écoute de la musique, il s’agit dans 95 % des cas de musique classique… Pas les trucs contemporains, mais les « vrais » classiques : des costauds comme Bach et Beethoven bien sûr, mais aussi des plus faciles d’accès : Haendel, Haydn, Mozart, Brahms…J’adore tous ces gens. Je dois avoir des centaines de CDs. Mon Ipod en est gavé… A vrai dire je trouve moins d’intérêt à la musique moderne, et les grosses guitares en particulier ont fini par me filer mal au crâne… Peut-être que mes oreilles ont subi quelques dommages, je ne sais pas… Mais parmi les groupes actuels, j’aime toujours U2 par exemple. J’apprécie aussi Travis. Je trouve que Fran est un compositeur très talentueux et un très bon chanteur. En réalité, les trucs plus heavy que je suis amené à écouter sont ceux que l’on me confie dans le cadre de mes projets… Et c’est assez facile, tu écoutes le morceau deux ou trois fois, tu apprends les textes, tu prends du plaisir et point. Ne plus avoir à écrire ni à produire ce type de chansons, et se contenter de les interpréter est une chose appréciable.

Photo


Cosmic Camel Clash : Si tu remontes sur scène un jour avec l’un de tes projets, y aura-t-il une chance d’entendre une chanson de Helloween en version acoustique ?

Michael Kiske : Ca se pourrait. Si je trouve un bon label pour mon prochain album solo, avec un effort de promotion et des possibilités de tournée, j’étudierai la question… On me l’a suggéré récemment d’ailleurs, quand les gens ont commencé à savoir que je travaillais sur cet album de reprises. On m’a proposé une tournée acoustique à travers l’Europe. Mais j’ai refusé. Je ne voulais pas me retrouver sur scène, quinze ans après, avec du vieux matériel. Si je fais une tournée, je veux que ce soit avec un nouvel album. Et si toutefois j’ai l’occasion de caser "I Believe" ou "Your Turn" dans la setlist, pourquoi pas… Mais les gens ne devraient pas en attendre plus. Je ne suis pas genre à capitaliser sur le passé, ni à m’exécuter selon les volontés de certaines personnes. J’ai fait cet album parce qu’il m’a semblé que c’était une bonne idée, ça s’arrête là. Si tournée il y a, il ne faudra pas y venir en tant que spectateur pour y entendre du Helloween.



Crédits photo :
www.myspace.com/mkiske
www.michaelkiske.net



Questions : LH & CCC
Traduction /transcription : LH


©Les Eternels / Totoro mange des enfants corporation - 2012 - Tous droits réservés
Latex Dresses for Prom,Latex catsuits in the goth subculture latex clothes The potential dangers of overheating and dehydration while wearing latex catsuits,The ethics of wearing and producing latex clothing sexy latex clothing
Trefoil polaroid droit 6 polaroid milieu 6 polaroid gauche 6