Karelia

Entretien avec Mathieu (chant), Jack (guitare) - le 18 novembre 2008

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Dupinguez

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Gazus

Une interview de




Karelia_20081118

Avec Restless (chronique ici), Karelia nous avait sorti un album très très cool. Et pour ne rien changer, ce 18 novembre 2008, deux membres du groupe nous prouvaient que le reste du temps, ils étaient aussi très cools. Première partie d'un entretien avec ce groupe français autour d'une table, où la bière remplace les guitares aux riffs martelés et les claviers glacials...

Gazus : On va commencer avec la question chiante : l'historique du groupe.

Mathieu : Je la fais courte : projet monté en 2001. Une formation de line-up qui a pris du temps. La vente du premier album à Drakkar-BMG en Allemagne. Un premier album résolument heavy symphonique. Un deuxième dans la foulée qui est sorti en 2005, Raise, qui commence à marquer un tournant artistique puisque l'on revenait à des titres un peu plus mid-tempo, un peu moins orchestraux, avec encore des chœurs d'opéra mais moins. Troisième album chez Season of Mist cette fois, en France, avec un virage artistique qui se termine, à savoir qu'aujourd'hui, nous faisons dans le pop-électro metal, ou quelque chose comme ça.

Gazus : Justement, vous avez constamment changé d'étiquette : metal symphonique, gothique. Maintenant, on peut même vous affilier au metal industriel, avec un côté très martial qui rappelle un peu Samael, sur le premier titre de l'album par exemple. Vous n'arrêtez jamais dans votre évolution, qu'est-ce qui vous motive à changer autant ?

Mathieu : Tout simplement, le fait de ne pas pouvoir faire autrement. On se sent vite étriqués dans un espace trop petit, à savoir que le heavy symphonique est un style très étroit, il y a des plans très précis à respecter pour être dans la norme. À la fin du premier album, nous avons eu l'impression de tourner en rond, donc on a commencé à élargir le terrain, à garder certains éléments et à en virer de plus en plus. Mais c'était simplement le fait de pouvoir s'amuser à faire tout ce qu'on veut. Le fait d'être là où on ne nous attend pas aussi.

Gazus : Au niveau du processus d'écriture, comme se déroule-t-il et comment est-ce que vous concevez l'ajout des parties électroniques dans la musique ?

Jack : Bien souvent, les morceaux partent de l'électronique et des parties électro et c'est sur ces éléments-là que les guitares et la batterie vont venir se greffer, plus les éléments rock'n roll qui viendront par la suite. Ou alors à l'inverse, on va partir d'une idée de gratte, un riff, ou une structure et ensuite faire avancer le morceau et y greffer les éléments électro. Jusqu'à présent, c'est plus souvent l'électro qui lance la machine.

Mathieu : Sur Restless, c'était même uniquement ça. Mais dans le processus actuel, puisqu'on est presque à la fin de l'écriture du quatrième album, pour lequel nous entrons en studio en février prochain, les guitares reprennent l'initiative de la composition.

Gazus : Et au niveau du prochain album, ce sera dans la même veine que Restless ou vous avez ajouté de nouvelles touches ?

Mathieu : Ce sera à peu près dans la même veine. Disons que le corps de l'album sera le même. Après, il y a différentes originalités que l'on va placer dedans, mais nous avons tenu à garder un cœur commun, par rapport à Restless, histoire de ne pas être considérés comme des puces.

Jack : Des puces sauteuses et savantes. (rires)

Mathieu : Mais par contre, à côté de ça, nous allons faire une ballade notamment, dans la grande tradition des groupes de hard rock, deux reprises acoustiques de nous-mêmes que l'on va mettre en bonus track, la reprise de "Show Must Go On" que nous allons mettre en titre live normalement, puisque nous avons enregistré l'audio et la vidéo au Zénith de Strasbourg récemment.
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Gazus : Vous pensez également rajouter un DVD ?

Mathieu : Pas un DVD en version longue. Pour l'instant, ça devrait servir de clip, parce qu'il y a de quoi faire de beaux montages. Il y avait 5 caméras qui tournaient, donc il y a de quoi faire des choses sympa, mais peut-être pas sur l'ensemble du set.

Gazus : Tu as parlé des groupes de hard rock. Je crois que vous avez ouvert pour Scorpions en Novembre de l'année dernière. Ca représente quelque chose de spécial pour vous ?

Mathieu : En fait, nous avons été sur chaque date française. Il y avait la tournée l'an dernier, on a joué il y a trois semaines avec eux à Strasbourg.

Jack : Et au mois d'avril.

Mathieu : Oui, en avril au Zénith de Montbéliard.

Gazus : Et ça représente quelque chose de particulier pour vous d'ouvrir pour un groupe comme ça ? Un rêve d'enfant ?

Mathieu : On est un peu plus vieux que toi (rires) ! Donc nous, en tant que trentenaires, c'est clair que Scorpions, pour nous, c'est la voix qui a signé nos premières mains aux fesses dans les boums.

Gazus : Moi aussi. C'est intemporel ça. (rires)

Jack : Les premières claques dans la gueule aussi. (rires) Non puis il y a aussi le fait de se retrouver sur des scènes de ce type, où finalement c'est la même chose : tu te retrouves, quand t'es gamin, à rêver complètement devant ta téloche en voyant les mecs cavaler sur des scènes énormes, des trucs que tu ne penses jamais rencontrer dans ta vie de zicos. Tu ne penses même pas pouvoir dire un jour que t'as une pseudo vie de musicien. Donc c'est vrai que se retrouver dans des conditions pareilles et pouvoir présenter les titres que tu fais, dans lesquels tu crois, devant autant de personnes, c'est un sacré privilège.

Mathieu : C'est vrai qu'en tant que groupe de metal, t'es plutôt conditionné à vivre de la scène secondaire, à 600-800 personnes grand max, pas ce type de scènes grandioses.

PhotoGazus : On parlait avant des parties électroniques. Quelles sont vos influences ?

Mathieu : Justement, nous faisons en sorte de pas trop en avoir. C'est-à-dire que l'on a pas envie d'essayer de singer un groupe ou l'autre, consciemment ou inconsciemment. Certains le font consciemment et d'autres ne s'en rendent pas vraiment compte, avant qu'on leur mette le doigt dessus. Donc on ne s'inspire pas vraiment. En revanche, nous nous inspirons de trucs plus techniques. Par exemple, si je prends les parties électro de Rammstein, elles ont cette particularité de laisser tout l'espace aux éléments rock'n roll. Il y a des séquences qui percent au centre mais tout l'espace est laissé aux éléments percussifs et dynamiques.

Gazus : Comme le synthé dans le titre "Restless" ?

Mathieu : Oui, par exemple. Donc c'est soit un peu vaporeux autour des éléments qu'on a dans la gueule, basse-batterie-guitare, soit qui perce justement dans un petit truc médium, mais autour, il faut qu'on laisse l'espace. Ce qui n'était pas le cas dans le heavy symphonique où c'est plus compliqué parce que par définition, un orchestre symphonique, ça remplit tout.

Gazus : Donc c'est difficile de rajouter un groupe à côté.

Mathieu : Voilà. Ou alors tu es obligé de faire des concessions en taillant dans tous les éléments pour qu'ils puissent s'imbriquer l'un dans l'autre.


Gazus : Ca fait maintenant quelques mois que Restless est sorti. Quels sont les retours que vous avez eu ?

Mathieu : Excellents. Pour l'instant, on a un petit déficit de promotion. L'album est sorti il y a 6 mois et la promo commence seulement maintenant. Pour tout ceux qui ont eu l'occasion de le chroniquer, nous avons eu globalement de très bons retours. Maintenant, le seul souci c'est que nous n'avons pas encore passé cette barrière de notoriété. Encore faut-il que le gens soient au courant.

Jack : Surtout en France.

Mathieu : Et puis Season of Mist, c'est un label qui n'a pas forcément les mêmes moyens que ce qu'on a pu connaître dans une major avant, donc ça n'a pas la même portée en terme de puissance de communication.

Gazus : Quel est votre avis sur la scène metal française?

Jack : Heureusement que nous sommes là. Sinon... (rires)

Gazus : Disons que depuis quelques années, elle semble gagner en reconnaissance avec des groupes comme Gojira, Scarve, Dagoba, Hacride, Psykup qui ont sorti des albums à l'international.

Mathieu : Justement, c'est une belle tendance, il n'y a plus de honte à être français depuis deux trois ans. Souvent, on nous pose la question : pourquoi tous les textes en anglais ? Pourquoi tout votre site est en anglais ? Parce qu'au moment ou le projet a été monté, c'était plutôt honteux d'être français. Il y a encore quelques années, c'était le plus gros handicap qu'on pouvait subir sur les marchés étrangers et paradoxalement, même en France. On préférait laisser le doute sur notre nationalité, mais aujourd'hui nous sommes contents de voir cette grosse dynamique à laquelle nous aimerions beaucoup participer, nous aussi.

Jack : Bizarrement, c'est assez drôle parce qu'après cette date du 25 octobre, j'avais fait un tour sur les forums du fan-club de Scorpions, et tu vois des commentaires du style « J'étais pas ravi de me taper un groupe de metal français, je savais pas quel groupe ça allait pouvoir être ». Et au final, les gens ont apprécié. Mais il y a toujours ce côté « metal - français ».

Gazus : Mais aujourd'hui, on a quand même le mérite d'avoir une scène assez diversifiée.

Jack : Et qui n'a pas a pâlir des productions ricaines, que ce soit au niveau de l'exécution, de l'écriture ou de la production.

Gazus : Et bien c'est un peu dommage au niveau de la production parce que les Américains ont ce qu'on peut considérer comme le meilleur son.

Mathieu : C'est notre dernier déficit en fait, c'est la prod. Pour ça justement, nous étions contents d'avoir Renaud Hebinger dans notre région, qui est notre producteur exécutif, qui est un ancien collègue de Colin Richardson et qui a participé à des grosses productions de Machine Head ou Fear Factory, donc il a la chance de savoir comment on fait sonner des grattes. Donc on peut lâcher des compliments puisque là ce n'est pas notre boulot, c'est le sien. En terme de prod, nous sommes extrêmement satisfaits de ce qu'on arrive à avoir. On nous dit souvent que ça sonne pas français justement.

Jack : Les retours le confirment.

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Gazus : Pour la production du prochain album, vous le ferez toujours avec lui?

Mathieu : Oui. On serait vraiment bêtes d'aller chercher ailleurs. Nous avons cette personne là qui, en l'occurrence, a d'énormes références, des compétences, qui est à côté de nous, qui en plus prend la peine de réaliser plein d'effets de post-production et qui à un rôle de conseil en plus. Car lorsque nous arrivons en studio, nous avons tous les titres bien aboutis et nous savons exactement où on va, mais il y a encore plein de petits éléments, de petits plus que l'on peut rajouter en post-production, auxquels lui pense mais nous, on n'y aurait pas forcément pensé.

Gazus : Vous lui laissez une grosse marge de liberté ?

Mathieu : Tout à fait, car c'est quelqu'un qui a compréhension de la musique supérieure à la nôtre, tout simplement. Alors autant nous ne laisserions pas une marge énorme à quelqu'un du Finnvox, en Finlande, si on y allait, qui serait peu impliqué dans le projet et pour qui nous ne serions qu'un numéro. Mais là, on sait que ses conseils sont toujours les bienvenus.

Gazus : Au niveau de la production justement, ça se déroule comment? Son approche au niveau des morceaux, je veux dire. Par exemple, il y a Ross Robinson qui va mettre le groupe dans un état particulier pour leur faire ressentir le plus possible le morceau. Avec lui, ça s'est déroulé comment ?

Mathieu : Sur Restless, il y a un côté très glacial et carré. Donc le but, ce n'était pas forcément de faire ressentir une chaleur de jeu ou des choses comme ça. Mais par contre, en termes purement techniques, nous cherchons tout de suite à savoir où on va. Il y a deux trois titres, par exemple qui ont un côté très « technoïsant », avec un coup de grosse caisse sur chaque temps et du coup c'est un autre type de mix que pour du metal traditionnel. Pour faire ressortir un coup de grosse caisse dans du dub, est-ce que le but c'est de le diffuser dans les clubs en Allemagne, notamment certains clubs gothiques où l'on passe? Donc forcément, ce n'est pas la même technique qu'il va falloir appliquer.

Gazus : Tu parlais avant du prochain album : des reprises acoustiques, une ballade... Est-ce que vous allez continuer à faire des reprises, comme celles que l'on trouvait dans Restless ?

Mathieu : Juste une.

Jack : Juste une, et dans du bonus.

Gazus : Et ça sera ?

Mathieu : "Show Must Go On", de Queen, qui marche extrêmement bien sur scène, qu'on a repris à notre sauce. Le but n'était pas de singer Freddie Mercury, parce que nous aurions été tout simplement ridicules.

Gazus : Je ne te vois pas trop porter la moustache en fait (rires).

Mathieu : Par contre, j'ai acheté la veste jaune, mais je ne la porte que chez moi.

Gazus : Tu travailles le mouvement du micro aussi ?

Mathieu : Ouais c'est ça.

Jack : La «perche courte».

Mathieu : Je le bosse aussi. « Ouuuuuarh! » (rires). Faut aussi que je décale les mâchoires. Non mais la reprise marche extrêmement bien, nous l'avons vraiment reprise à notre sauce, comme les reprises que nous avons faites avant. Par contre, nous la mettons en bonus, parce qu'on nous a beaucoup reproché de lorgner vers les reprises. Nous, c'est notre amusement personnel, il n'y a pas de vocation commerciale à tout ça, on se demande juste comment on va pouvoir relooker un titre de variété sans lui manquer de respect.



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Interview : Gazus
Transcription : Dupinguez


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