Voivod

Entretien avec Snake (chant) - le 21 mai 2009

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Cosmic Camel Clash

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Fishbowlman

Une interview de




Voivod_20090521

Depuis la mort précoce de Piggy (guitare) en 2005, l'optimisme n'est pas vraiment de mise en ce qui concerne Voivod. Au lieu d'avancer artistiquement le groupe a sorti deux albums-hommages dont les titres sont construits autour de parties de guitare enregistrées par le défunt guitariste avant sa mort, et on ne peut pas dire que le petit dernier Infini (chronique ici) ait de quoi enthousiasmer les foules. Lors de cet entretien ayant eu lieu alors que l'album était disponible depuis très peu de temps pour les chroniqueurs (ô joie des labels), le chanteur Snake a répondu à nos questions sans langue de bois aucune, étonnant même votre serviteur par son honnêteté et sa franchise. L'avenir serait-il prometteur pour Voivod ?


Cosmic Camel Clash : Infini est basé sur les pistes de guitares enregistrées par Piggy de son vivant, comme son prédécesseur Katorz. Considérez-vous ces disques comme des albums à part entière ou comme des chutes de studio ?

Snake : Ben en fait c’est un peu des deux. Je vois ça comme un album en soi, mais il fallait aussi faire avec des pistes qui existaient déjà, et toutes ces parties-là n’étaient qu’à un stade plus ou moins avancé de démos que nous avions faites dans notre studio de répétition. C’était sans prétention, nous nous laissions aller, nous faisions un peu n’importe quoi... Certains influences sont évidentes, comme Motörhead... (silence) plusieurs influences qui font partie de notre background, car c’est tout naturel de le faire quand on s’amuse dans un local, qu’il n’y a pas de pression et qu’on se laisse aller. Toutes ces parties n’étaient pas nécessairement censées se retrouver sur un album en tant que telles, mais les circonstances ont fait que Piggy nous a quittés précipitamment et que d’une certaine façon il a très bien fait de peaufiner, de terminer ce qu’il avait l’intention de faire avec ces parties-là. Ca nous a permis de réaliser Katorz et cet album... et pour ce qui est de savoir si c’est un véritable album, oui (rires), mais il y a une touche un peu plus personnelle dans le sens où ce n’était pas destiné à être un album. Ce n’est pas comme quand quatre personnes se creusent les méninges pour sortir un album ultra-super-fantastique ou je ne sais quoi, c’est vraiment... il fallait faire avec et je trouve que nous avons bien fait. Pour Infini je dirais par contre que nous avions une opinion peut-être un peu détachée par rapport à Katorz. Katorz a été très difficile car nous n’avons pas vraiment eu le temps de faire notre deuil : nous avons sorti l’album et nous sommes allés faire des tournées promo, nous sommes revenus... et soudainement nous n’étions plus capables de continuer, mentalement Donc nous avons fait un break sans toucher à ces parties de guitare, donc quand nous sommes y sommes revenus en 2008 ça faisait trois ans que nous n’y avions pas touché. Et nous avons été surpris de voir que c’était encore au goût du jour et qu’il y avait des choses à faire avec.

Cosmic Camel Clash : Pendant cette période où vous « ne pouviez plus », vous avez complètement arrêté de faire de la musique ensemble ?

Snake : Non, c’était vraiment par rapport à Piggy. Voivod s’est restructuré avec Blacky (basse) pour les performances live, nous avons eu beaucoup d’offres, tout ça... mais l’absence de Piggy a rendu tout ça difficile moralement et mentalement. Donc nous avons fait un break par rapport à ses parties de guitare. Mais cette fois-ci il s’est passé un peu de temps : nous avons eu le temps de faire notre deuil, nous avons eu le temps de récupérer de tout ça, de faire le point, et à partir de là nous étions plus aptes à replonger dans ces parties pour en faire quelque chose. Auparavant nous ne pouvions pas, on n’était pas là quoi (rires).
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Cosmic Camel Clash : Je comprends... c’est bien que tu évoques Blacky sinon, car la situation est un peu floue vu que Jason Newsted et lui sont tous les deux listés comme bassistes du groupe. A priori Blacky ne devait assurer que les concerts au début... a-t-il finalement joué un rôle dans l’élaboration du dernier album ? Comment se répartissent les rôles entre lui et Jason ?

Snake : C’est parce que Jason a des problèmes avec ses épaules et son cou. C’est un mal chronique dont j’espère qu’il va se résorber un jour, mais qui tend à s’installer... dès qu’il reprend la basse il se refait mal. Je ne crois pas que Jason veuille absolument être de la partie au niveau des performances live, mais par contre Blacky et Dan Mongrain - un ami qui s’est joint à nous pour remplacer Piggy et qui fait du très bon travail – ont été intégrés l’année passée pour assurer les concerts et ça s’est très bien passé. Nous avons fait une mini-tournée puis nous sommes allés au Japon, et pour ce qui est du live nous avions trouvé une solution vu que nous ne pouvions plus vraiment trouver de contrat si nous attendions que la situation de Jason s’améliore. Finalement je ne sais pas si Jason va remonter sur scène avec nous, mais par contre il tenait absolument à faire le dernier album. Il était impliqué dès le départ : quand Piggy avait fait les démos nous avions déjà élaboré les choses avec lui donc il sentait que ça lui appartenait et qu’il fallait qu’il mette son grain de sel pour Piggy, pour Voivod, pour ce projet-là. Il y tenait mordicus. Nous ça ne nous arrangeait pas d’avoir Jason pour le studio et Blacky et Dan pour le live... donc ça peut être un peu ambigu pour les gens mais c’est comme ça, c’est le rock ‘n roll (rires). En plus arrivés à un certain âge on recherche les solutions les plus pratiques ; les gens ont parfois d’autres objectifs, tout peut tourner dans tous les sens... et de notre côté nous avions des offres très alléchantes donc nous nous sommes dit « bon, qu’est-ce qu’on fait ? ». Au final ça a très bien fonctionné et pour le live et pour le studio, donc c’est le meilleur des deux mondes en ce moment. Souvent je me dis que ce serait bien que Jason soit là, ça rendrait la situation un peu moins confuse pour les gens... mais d’un autre côté s’il ne se sent pas bien pour jouer live, qu’il a tout le temps mal, c’est peut-être mieux comme ça. Blacky est super content d’être là, Dan aussi, donc c’est le meilleur des deux mondes.

Cosmic Camel Clash : En parlant de Jason, lors de son arrivée dans le groupe certaines personnes ont dit qu’il en avait pris le contrôle, qu’il s’était plus ou moins approprié Voivod en insistant énormément pour que les albums sortent... Est-ce que c’est une perception fausse, est-ce que vous étiez aussi enthousiastes que lui ? Ça s’est passé comment ?

Snake : Ben disons que Jason a un certain pouvoir financier qui lui permet de prendre des décisions en claquant des doigts. C’est un petit peu normal. Par contre je ne dirais pas qu’il s’est approprié Voivod mais qu’il s’est vraiment impliqué à tous les niveaux. Pour certaines personnes ça avait peut-être l’air du gars qui... (cherche ses mots)

Cosmic Camel Clash : …qui achète le groupe. Sincèrement, cette phrase est sortie dans les media...

Snake : Oh oui, j’ai déjà vu « Jason Newsted et son groupe », le nom Voivod n’était même pas mentionné (rires). Mais moi ça ne me dérange pas car je connais Jason depuis des années : pour lui c’était important d’être dans Flotsam & Jetsam, c’était important d’être dans Metallica, et c’était aussi important pour lui d’être dans Voivod. C’était comme une conclusion à sa carrière. Pour te citer quelques exemples, lors des derniers enregistrements, c’est lui qui nous bottait le cul littéralement : « bon allez les gars, il faut qu’on se bouge, je vous envoie les mixes, je vous envoie ceci-cela... »... il était constamment sur l’affaire et on voyait vraiment que ça lui tenait à cœur. Ça m’a vraiment touché, je me suis dit que c’était vraiment pas pour le fric, la notoriété, etc, c’était vraiment une question de cœur pour lui de le faire. En l’honneur de Piggy, en son honneur à lui, en notre honneur aussi. C’est sûr, je t’avouerai que dans certaines situations Jason, il... il s’emballe (rires). Il s’emballe pour toutes sortes de trucs et il devient complètement motivé, à un point tel qu’il prend des décisions, il va de gauche à droite, souvent il faut le ramener sur Terre... mais il a les moyens de le faire donc on le laisse un peu aller et quand ça devient trop on le ramène un peu (rires). Mais je trouve ça super qu’un gars qui n’a pas besoin de ça pour vivre, qui n’a pas besoin de la notoriété - il l’a déjà -, de se faire un nom, qui n’a besoin de rien... a encore besoin de la musique. Il a besoin de faire partie de ce monde à tous les niveaux. Nous voyons que l’intention et le cœur sont à la bonne place, donc moi je dis tant mieux. On ne va pas l’exclure de tout ça. Il a de bonnes qualités, il a aussi ses défauts, comme tout le monde... mais son dévouement est incroyable.

PhotoCosmic Camel Clash : Quand Katorz est sorti c’était un hommage à Piggy et Infini est présenté comme ça aussi. Est-ce que vous avez fait le tour de la question ou est-ce que vous comptez encore lui rendre hommage avec un troisième disque ?

Snake : Ben ça, écoute... personnellement, je crois que c’est la fin avec ça. Je sais qu’il reste encore des pistes mais c’est à un niveau plus personnel, je ne sais pas si ça pourrait s’appeler Voivod. Je sais qu’il y a encore des chansons qui traînent, mais sincèrement je crois que nous sommes à un nouveau tournant. Il y a une décision à prendre pour nous , est-ce qu’on continue avec Dan ? Il est vraiment tombé du ciel, c’est peut-être Piggy qui l’a envoyé... il a une technique qui ressemble beaucoup à celle de Piggy, car quand il avait dix-douze ans il nous a vu jouer quelque part ici au Québec et il a commencé à jouer avec Piggy comme mentor. Il s’est beaucoup imprégné de sa technique, de sa manière de jouer, de ses accords un peu dissonants... il a vraiment appris par rapport à Piggy donc c’est lui qui est le mieux placé pour le remplacer à mon avis. Ce serait peut-être intéressant, après notre tournée, l’année prochaine, de s’asseoir avec Dan et de voir ce que nous pouvons faire. Il a un bon talent de composition, son style se rapproche énormément de celui de Piggy et de Voivod donc c’est peut-être la clé de la solution. Pour ce qui est de l’hommage en tant que tel en tous cas, je pense que nous avons fait le tour de la question.


Cosmic Camel Clash : Voivod a toujours été mis en avant comme un groupe d’avant-garde, un groupe très original. Est-ce que tu trouves que sur les deux derniers albums c’est encore le cas ?

Snake : Ben, je crois qu’il faut prendre une distance par rapport à ça. Comme je le disais précédemment, ces chansons-là n’étaient vraiment pas destinées à devenir des albums de prime abord. C’était des essais, un peu n’importe quoi, nous qui nous amusions sans prétention. C’est un peu plus rock’n roll, beaucoup plus dilué que Dimension Hatröss et Nothingface... mais si on parle de cette époque-là je trouve que c’était vraiment notre pic en tant que groupe d’avant-garde. Les deux derniers albums sont plus cools, peut-être un peu plus détachés de ce paravent qui faisait de nous un groupe avant-gardiste en tant que tel. C’est sûrement assez différent de ce que nous avons l’habitude de faire, mais ce sont les circonstances qui ont amené ça. Quand tu fais un album et que tu dois faire avec quelque chose qui est déjà là c’est assez compliqué : tu dois adapter les sessions de batterie sur une guitare, ce qui est complètement l’inverse de ce qu’on fait d’habitude... toute la technique de studio est complètement chamboulée. C’est pas évident à faire comme processus et c’est déjà un miracle que ces chansons-là soient sorties, je trouve. Pour ceux qui aiment vraiment Voivod ça doit faire partie de leur collection je trouve, car il y a vraiment une partie de nous là-dedans.

Cosmic Camel Clash : Le futur proche c’est que vous allez revenir en France, vous allez jouer au Hellfest (live-report ici). Est-ce que tu te rappelles de quand date votre dernier concert chez nous ?

Snake : Oh ! Bonne question (rires) ! C’était au Ritz, à Paris il me semble, dans les années... enfin pour ma part vu que j’ai quitté le groupe un certain temps... dans les années 1992-1993. Je crois que Voivod est retourné en France avec Eric Forrest (basse / chant à l’époque) mais là je ne pourrais pas te dire quand.

Cosmic Camel Clash : Et ça te fait quelque chose en particulier de savoir que vous allez revenir ?

Snake : Ben oui ! Je trouve que c’est un incontournable, surtout que nous sommes francophones. C’est un bon marché pour la musique en plus, je trouve qu’on y trouve du tout. Paris est une belle ville, le reste aussi, je suis très content d’y aller... surtout que je serai avec ma copine et que nous allons faire un petit voyage de noces pendant la tournée (rires).

Cosmic Camel Clash : Est-ce qu’on peut s’attendre à une set-list couvrant toutes les périodes du groupe, incluant Angel Rat, The Outer Limits et la période Eric Forrest ?

Snake : Peut-être pas de la période Forrest, nous en inclurons peut-être une, je ne sais pas... nous nous orientons souvent vers le vieux stock, même si nous allons essayer de toucher à tout. Mais quand on joue dans des festivals comme ça, ce qui est vraiment chiant c’est que nous sommes listés et que nous devons jouer tant de minutes. En quarante ou quarante-cinq minutes nous ne pouvons pas toutes les faire, et du coup nous nous demandons si nous devons mettre des vieilles ou des nouvelles, des classiques, des chansons que nous n’avons jamais jouées... C’est toujours une décision de dernière minute en ce qui nous concerne : nous faisons une setlist globale de ce que nous voulons jouer mais des fois ça change parce que ça ne colle pas, que tel titre enchaîné à tel autre fait bizarre. Nous sommes tout le temps en train de ré-arranger le set ; ce n’est jamais terminé pour nous, nous sommes tout le temps en train d’essayer de trouver la façon de faire un bon spectacle. On peut s’attendre à des surprises : j’aimerais bien jouer des trucs que nous n’avons pas touché depuis des années...
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Cosmic Camel Clash : Est-ce qu’un album live avec toi au chant est prévu à un moment donné, en particulier avec une setlist un peu plus large ? Lives était très concentré sur la tournée Negatron...

Snake : Peut-être man, j’aimerais bien qu’on sorte un album live qui touche un peu à tout ce qu’on a fait. C’est sûr que pour nous, la question était de revenir ensemble avec une formation quelconque, c’était le but à la base durant les dernières années... savoir comment remonter sur scène sans Piggy. Maintenant que nous avons trouvé la solution, on peut espérer avoir un jour la chance de jouer - peut-être pas dans des festivals car on est limité au niveau du temps – dans un super club quelque part avec tout le temps que nous voudrions et des méthodes d’enregistrement adéquates pour que le son soit vraiment bon. Oui, ça pourrait être un objectif dans un avenir assez proche.

Cosmic Camel Clash : Je termine toujours mes interviews pareil : si tu n’as plus rien à dire on s’arrête à la question précédente, mais si tu as envie d’ajouter quelque chose tu peux.

Snake : Je voudrais surtout dire au public français d’être là au Hellfest, nous on y sera ! J’ai hâte de voir les cousins, et on se prendra une bibine ensemble (rires).




Crédit photos : www.voivod.net


Questions : Fishbowlman
Transcription : CCC


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