Lucificum : Tout d’abord, comment vont les choses au Chili après le tremblement de terre de fin février ?
Elizabeth Vásquez (chant) : Eh bien… beaucoup de choses vont mieux maintenant, mais bien sur, il y a eu beaucoup de dégâts, de gens blessés… le gouvernement essaie de faire de son mieux. Nous vivons au milieu du Chili et au sud, là où le tremblement de terre a été plus fort, cela a été très dur… il y a toujours des gens qui vivent dans la rue mais les choses s’améliorent, maintenant. Les prochaines années vont être consacrées à tout reconstruire, à ce que les choses reviennent à la normale.
Lucificum : Le tremblement de terre a-t-il eu un impact sur Six Magics ?
Elizabeth : Dans ma maison, en banlieue, au deuxième étage, tout ce qui pouvait tomber est tombé ! Mais ça n’a été que du dégât matériel, des choses cassées…Heureusement, tous les membres du groupe vont bien et n’ont pas eu de soucis quant à leur famille. Dans la maison de ma mère des murs se sont effondrés, mais il n’y a pas eu de dégâts humains. Nous en sommes vraiment heureux car de nombreuses personnes ont énormément souffert de ce tremblement de terre.
 | Lucificum : Parlons maintenant du groupe…que s’est il passé depuis The Secrets Of An Island ?
Elizabeth : J’ai été impliqué dans Six Magics quand les gars ont commencé à jouer, lorsqu’ils étaient très jeunes et à ce moment là, ils voulaient montrer ce dont ils étaient capables à ce moment précis. Ils étaient jeunes, et s’intéressaient au métal épique et en grandissant, ils ont voulu montrer quelque chose de différent. Nous ne sommes plus des teenagers ! (rires) Pour l’album The Secrets Of An Island, les gars voulaient montrer une partie de notre patrimoine musical, entre autres en y mettant différents instruments, mais nous voulions également contribuer à faire découvrir notre culture. L’album parlait de l’ile de Chiloé, nous sommes très fiers de cet album… à l’époque, j’étais le manager du groupe et j’en ai écrit les paroles. Après avoir fait la promotion de cet album et reçu les critiques, nous avons voulu proposer quelque chose de différent, de plus mature et changer un peu de style de musique. Nous ne voulions pas continuer à faire les mêmes choses des années durant. Nous nous sommes dit que ça pourrait être une bonne idée d’avoir un producteur et nous avons contacté David Prater, et je pense que nous lui avons volé son idée car lui aussi voulait faire quelque chose avec Six Magics. Tout a fonctionné parfaitement car il voulait la même chose que nous. Je pense que c’est une évolution logique, et qu’il est normal qu’un groupe veuille changer son style de musique de temps en temps. |
Lucificum : Et qu’est il arrivé avec l’ancien chanteur Sergio Dominguez ?
Elizabeth : Nous aimons beaucoup Sergio, il était étudiant pour devenir acteur et il est devenu très bon dans ce domaine. Il était le chanteur sur l’album
Behind The Sorrow que nous étions en train d’enregistrer et il nous a dit «
ok les gars, je vais être père, ma carrière d’acteur me donne beaucoup de travail et je ne serai pas capable de suivre Six Magics, donc je pense qu’il vaut mieux s’arrêter maintenant ». Maintenant, tu peux le voir sur Youtube où il fait un programme très célèbre ici, au Chili. C’est un programme comique, et depuis qu’il travaille dessus, il est très heureux et nous sommes nous aussi très heureux pour lui. Nous sommes bien sûr toujours amis.
Lucificum : Et en ce qui concerne le piano ? Il n’y a plus de claviériste crédité dans votre line up ?
Elizabeth : Sebastian Carrasco était claviériste à l’époque et il était vraiment épatant…il avait 17 ans, il a enregistré l’album
The Secrets Of An Island à 18 ans, il étudiait le piano depuis ses 14 ans et il était vraiment incroyable. Bien sur, pour cet album, le piano était très important, mais ensuite, il a décidé d’arrêter le piano car il voulait jouer de la trompette ! Nous étions étonnés, mais il voulait retourner jouer du jazz ! (
rires) Il est maintenant très content de son groupe de jazz où il joue de la trompette. Par la suite, nous n’avons pas voulu rechercher un autre pianiste ou claviériste car une partie de notre album devait être atmosphérique et il n’y avait pas besoin pour cela d’un pianiste à part entière. Mais pour le prochain album, si nous estimons avoir à nouveau d’un pianiste, nous rappellerons peut être Sebastian !
Lucificum : Quant à toi, personnellement… d’où viens-tu ? Es-tu issue de la scène métal ?
Elizabeth : Je chante depuis très jeune, j’aime tous les styles de musique, comme la folk de Colombie, du Mexique, d’Europe, j’écoute beaucoup de musiques différentes et du metal depuis pas mal d’années. Je peux tout chanter mais le metal est mon style favori, avec le rhythm’n’blues et jazz. Un chanteur se doit de s’entrainer tous les jours et dans ce genre de musique, je pense que le chant est un petit peu plus technique. Dans le metal il faut avoir beaucoup de puissance, de force. Dans les autres styles de musique, la technique est très importante, donc je chante à la fois du le rhythm’n’blues et du métal. Ca peut sembler un peu bizarre, mais j’aime vraiment les deux, et je m’y sens à l’aise.
Lucificum : Behind The Sorrow est en fait le même album qu’Animals, à part la couverture et la tracklist qui change… peux-tu nous expliquer cela ?
Elizabeth : Ca peut sembler un peu fou pour vous et les autres gens, mais il y a une explication très simple, en tous cas pour nous. Ce qui s’est passé, c’est que lorsque nous avons commence à travailler sur notre nouvel album, l’album était supposé sortir un an plus tard. Au Chili, nous étions assez populaires après le premier album et beaucoup de gens nous demandaient quand nous allions sortir un nouvel album, d’autant qu’ils savaient que nous avions changé de chanteur. Mais nous devions leur répondre d’attendre, que tout était retardé… et beaucoup de gens, autant parmi les média que parmi les fans, commençaient à désespérer et finalement nous passions tout notre temps à expliquer aux gens qu’il fallait attendre. Nous nous sommes dit qu’il fallait arrêter et donner quelque chose aux fans…nous avons donc sorti seulement 300 copies que nous avons appelé Animals, une édition uniquement pour le Chili, seulement pour les amis et pour quelques personnes proches dans les médias. Ça n’est pas sorti dans le reste du monde, juste pour quelques amis ici, à Santiago, car les gens devenaient fous d’attendre notre nouvel album ! |  |
Lucificum : J’ai vu des vidéos de concerts donnés à l’époque de The Secrets Of An Island (sur le DVD Dead Secrets) où il y avait tout une mise en scène théâtrale, des acteurs, des danseurs… faites-vous encore ce genre de choses ?
Elizabeth : J’aime vraiment cet album,
The Secrets Of An Island…c’est un album que nous ne pouvons pas oublier… tu peux trouver une vidéo où tu vois les gens travailler sur ces shows, avec ces éléments théâtraux, de bons acteurs, et c’était vraiment incroyable de pouvoir faire trois ou quatre représentations dans une très grande salle à Santiago… c’était énorme. J’aime cette partie de l’histoire de Six Magics. Maintenant, c’est un peu impossible de le refaire, car nous faisons un autre genre de musique, et il est également difficile de trouver des gens qui travaillent dans ce genre de spectacle… mais bien sûr, nous travaillons sur des éléments pour le live, avec par exemple d’autres chanteurs invités pour chanter avec moi, mais ça ne sera pas dans le même style que ce que l’on a pu faire auparavant. Nous avons maintenant trouvé un autre moyen de montrer notre musique.
The Secrets Of An Island devait être montré de cette manière, mais maintenant, ça sera différent.
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Lucificum : J’ai vu que vous alliez jouer en Suisse, bientôt… c’est votre première date en Europe ?
Elizabeth : Non, ça n’est pas vraiment notre première fois, car Erik (ndlr : Avilla, guitare) et moi, quand j’étais encore manager, nous sommes allés en Europe en 2004 et nous y avons rencontré des tas de gens merveilleux, mais nous ne faisions que promouvoir le groupe, nous n’y avions pas joué. Nous sommes allés à Paris, à Chambéry, en Allemagne et également en Espagne. En février dernier, nous sommes allés en Allemagne avec le groupe pour jouer… ça n’était pas dans une grande salle, mais ça n’était pas l’idée. Nous voulions juste jouer et nous faire connaître. Maintenant, nous allons y aller et cette fois nous voulons jouer partout car je pense que la meilleure façon de faire sa promotion est de jouer live et pour ça notre label est très bien, nous travaillons sur cette tournée pour Septembre ou peut-être Octobre, et nous voulons nous produire dans tous les endroits où nous pourrons. |
Lucificum : À Paris, un jour ?
Elizabeth : Oh, ça serait vraiment formidable ! Nous avons un ami à Chambéry, nous ferons peut-être quelque chose avec des groupes qu’il connaît, mais Paris ça serait le top. Quand j’y suis allé, je suis vraiment tombée amoureuse de Paris et des Parisiens… mais nous devons parler avec les agences de booking et notre label… bien sûr, je voudrais jouer là bas ! Dès que j’aurais des news à ce sujet, soit sûr que je t’en informerai, car je veux que tu sois là ! (
rires).
Lucificum : Pas de soucis pour moi ! Comment se porte la scène métal au Chili ? Depuis la France, on n’en entend pas beaucoup parler…
Elizabeth : Eh bien tout d’abord, je dois te dire qu’il y a deux manières de voir la scène métal au Chili. D’un côté nous avons de très bons musiciens… au Chili, tu peux voir des guitares partout, tout le monde a un groupe et joue de tous les instruments. De l’autre côté… c’est le problème de l’industrie. Nous n’avons pas, au Chili, d’industrie de musique métal, donc pas d’agence de booking, pas de vrais managers… Tous les groupes doivent travailler par eux-mêmes. Ce sont les deux facettes de la scène. La plupart des gens aiment les groupes étrangers, et donc les gens soutiennent uniquement les gros groupes Chiliens, peut être trois ou quatre, pas plus. C’est difficile pour les groupes d’avoir du monde à leurs concerts. Heureusement, pour Six Magics, ça n’est pas le cas. Lorsque nous jouons, nous faisons salle comble… mais le plus embêtant, c’est cette absence d’industrie. Il y a assez peu de médias, un ou deux gros sites web...la scène est donc petite, forte, mais a du mal à rivaliser avec la scène étrangère. Nous n’avons pas d’industrie, mais nous devons faire avec ce que nous avons, et nous avons beaucoup d’amour pour la musique et les musiciens… |  |
Lucificum : Y a-t-il des groupes français que tu connais ?
Elizabeth : Eh bien il y a ce groupe que je connais, Nightmare… je ne sais pas si tu connais ?
Lucificum : Oh oui, c’est un de nos vieux groupes !
Elizabeth : Quand nous sommes allés à Chambéry, nous les avons vus jouer. C’était très sympa, et nous avions un peu l’impression de voir Dio en live ! Il y en a un autre avec des filles qui chantent en français, mais je ne me rappelle plus de leur nom… un peu gothique… Ah, et puis un autre groupe, qui s’appelle MadOnAGun ! (
rires) L’un de mes amis joue dedans, mais je connais assez peu de groupes de métal français, peut-être à cause du langage… parfois, j’écoute un très bon CD d’un groupe français, mais ils chantent tous en français… j’aime la langue française mais je ne la comprend pas du tout ! (
rires)
Lucificum : Pourtant, la grosse majorité des groupes français chantent en anglais…
Elizabeth : Ah oui, vraiment ? J’avais eu le nom de l’album par email, c’était quelque chose comme… hmm…
Steel Of Metal, ou quelque chose du genre…c’est mon ami Pascal de Chambéry qui me l’avait envoyé, mais je n’arrive pas à me rappeler du nom du groupe.
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Lucificum : Et quels sont les plans pour le futur de Six Magics ?
Elizabeth : Tout d’abord, travailler sur le live. Nous sommes très préoccupés par le côté visuel de notre concept. Nous ne voulons pas être simplement des gens qui jouent du métal, nous voudrions aussi avoir un côté visuel assez fort. Nous allons sans doute avoir une dizaine de shows d’ici août au Chili et nous travaillons dessus. Nous allons également faire une nouvelle vidéo peut-être pour août aussi. Nous travaillons également sur des morceaux instrumentaux avec certains musiciens de Six Magics, ça sera un projet parallèle. Bien sur, nous travaillons aussi sur le futur du groupe, un nouvel album… j’ai déjà parlé avec plusieurs producteurs et il y en a deux ou trois qui se montrent très intéressés par travailler avec Six Magics. Mais là, notre priorité est de promouvoir l’album Behind The Sorrow. Il y a donc beaucoup à faire, et ce nouveau projet instrumental avec les gars, ici, est également important, donc plein de travail ! (rires) |
Lucificum : Un projet instrumental ? Dans ce cas, de quelle manière vas-tu y être impliquée ?
Elizabeth : Eh bien… l’avantage avec Six Magics – et c’est mon opinion personnelle – c’est que tous les gars sont vraiment très doués. Ils peuvent jouer tous les styles de musique, comme le jazz… tous sont professeurs de musique. Et pour eux, c’est une perte de temps de ne jouer que dans Six Magics, alors je leur ai demandé de faire quelque chose de spécial… car tu l’as peut être noté mais sur l’album
Behind The Sorrow, l’important est mis sur la complexité de jouer des parties simples… car il n’est pas facile d’écrire une chanson simple et belle. Et sur ce projet, nous ferons quelque chose de différent. Je pense que les gens seront heureux d’entendre Erik Avila et Pablo (
ndlr : Stagnaro) à la batterie jouer ce qu’ils aiment jouer, et souvent ça va très vite ! (
rires) Nous travaillons sur cinq ou six morceaux et je serai impliquée parce que je travaille avec eux, mais je ne veux pas chanter dessus car c’est instrumental. Mais je serai avec eux pour le produire. Ce qu’il y a d’important au sein de Six Magics, c’est qu’il n’y a pas de problèmes d’ego. Il est donc toujours très facile de bosser avec eux, et ils me demandent de travailler sur mes lignes de chant car je suis la chanteuse…c’est très plaisant.
Lucificum : Eh bien… le dernier mot est pour toi !
Elizabeth : Bien sûr, je ne peux nier que j’aime beaucoup les français et leur culture. J’y ai passé du bon temps à chaque fois que j’y suis allé, et j’y ai de bons amis… le mieux que je puisse faire pour eux serait de venir jouer ! En tous cas, merci pour l’interview et à bientôt !
Crédit photos : myspace.com/sixmagics