TheDecline01 : Bonjour ! Pour débuter, peux-tu nous expliquer l’idée/concept derrière le nom du groupe Vāmācāra ? Pourquoi utiliser le sanskrit et quelle est son importance pour le groupe ?
Arne : Salut ! Le nom du groupe se traduit en gros par «
la voie de gauche » (
ndDecline : «
Left Hand Path »
en bon anglois), qui représente un des sujets principaux de nos paroles. Lorsque tout le monde tourne à droite, nous tournons à gauche. L’utilisation du sanskrit symbolise un autre sujet central de nos paroles, de notre musique ainsi que de notre esthétique : la confrontation entre les cultures, philosophies etc… de l’Orient et de l’Occident. On aime combiner le meilleur des deux et voir où ce mélange nous mène.
TheDecline01 : Votre musique est plutôt personnelle et unique, navigant librement entre le black metal, le stoner et le rock psychédélique. Quel est votre background et qu’écoutez-vous principalement ?
Arne : J’ai commencé la musique il y a environ dix-huit ans dans un groupe de black allemand appelé Nordwind, puis ensuite Frozen Path et enfin j’ai été dans Urd. Ça explique pourquoi jouer de la musique rapide composée de tremolos et de blasts me vient naturellement. Mais en tant qu’auditeur, je suis plus dans le rock des années soixante-dix. Les premiers groupes qui m’ont fait aimer la musique sont
Motörhead,
Led Zeppelin,
AC/DC. Vāmācāra est enfin le groupe qui me permet de combiner mes deux passions.
TheDecline01 : Pour un premier album vous avez créé un son finement ciselé, armés de compositions solides. On a l’impression que vous êtes déjà une entité musicale bien établie. Comment êtes-vous parvenus à ce niveau de maîtrise ?
Arne : Je pense qu’il faut prendre en compte notre premier EP
Mantras for the Manifold (
ndDecline : le fameux !) que nous avons sorti en 2017. Donc techniquement
Cosmic Fires n’est pas notre première livraison. J’ai joué pour Ctulu pendant douze ans et enregistré et sorti pas mal d’albums avec eux, donc je ne partais pas de rien. À la fin, ce que tu entends dans l’album de Vāmācāra est principalement la rencontre de deux types qui savent ce qu’ils veulent : tester les frontières du metal, du rock et du psychédélisme. Tu peux le croire ou non mais la plupart du temps on ne sait même pas nous-mêmes si un titre va fonctionner. Nous n’avons pas de modèle préétabli ou de truc du genre en terme de composition. Tant qu’on aime ce qu’on compose, on continue. Si non, on jette. C’est tout simplement un long processus d’essai et d’erreur.
TheDecline01 : J’ai une plainte cependant à propos de l’album : il est trop court ! Peut-on espérer d’un successeur qu’il prenne tout ce qui fonctionne de cette superbe première sortie et qu’il aille plus loin tant musicalement qu’en terme de durée ? Question subsidiaire, où pensez-vous aller après Cosmic Fires ?
Arne : Ha ha, merci pour le compliment caché. Pour te dire la vérité, il est très peu probable que nous allions au-delà de ce principe de trente à trente-cinq minutes par album. La raison en est toute bête : ça nous prend énormément de temps d’enregistrer notre musique car nous ne sommes que deux. Nous avons déjà quatre-six pistes de guitares pour chaque morceau et on ne compte pas la batterie. Cela rend le processus studio très long d’autant plus qu’on a tendance à virer pas mal de matière qu’on trouve moyenne. On cherche la qualité d’abord, ensuite la quantité.
TheDecline01 : Vous venez d’Allemagne et vous avez des attaches en Pologne. Êtes-vous bien intégrés dans les deux scènes locales ? Puisez-vous de l’inspiration de certains de vos collègues sur place ?
Arne : On vient des régions de Kiel en Allemagne et de Varsovie en Pologne. J’ai toujours essayé de soutenir les groupes locaux tels Divide à Kiel ou Müut à Varsovie. Je ne dirais pas qu’on puise de l’inspiration les uns chez les autres mais on s’aide chacun lors des concerts et sur d’autres trucs de fous de musique qui adorent blablater pendant des heures.
TheDecline01 : Non seulement vous avez un nom en sanskrit mais vous utilisez également le turc dans l'un de vos titres de chansons. Est-ce important pour vous de vous exprimez dans une langue différente de l’anglais si communément utilisé ? Voyez-vous Vāmācāra avoir des paroles en allemand ?
Arne : J’ai un faible pour les langues et j’apprécie d’en explorer autant que possible. Je pense que beaucoup de langues sont parfaitement adaptées au metal et il n’y a aucune raison de se limiter à l’anglais lorsque tu peux piocher dans un tel vivier. On a déjà écrit en polonais, grec et turc jusqu’à présent et je suis curieux de voir ce que le futur nous apportera. J’avais l’habitude d’écrire en allemand pour Ctulu : mais j’ai besoin d’essayer un style complètement différent pour Vāmācāra. En plus, N. ne semble pas super fan des paroles en allemand. On verra. Ne jamais dire jamais.
TheDecline01 : Je te comprends totalement sur l’usage de langues en dehors de l’anglais ! Nous avons besoin de plus de diversité pour avoir davantage de sonorités différentes dans la musique. En parlant de cela, serais-tu à l’aise pour utiliser le sanskrit dans tes paroles ? Cela amènerait l’esprit oriental à un autre niveau. De plus, envisagez-vous incorporer plus d’éléments orientaux (je pense à des instruments folk, la manière orientale de composer etc…) ?
Arne : Pour le sanskrit, je ne suis pas sûr d’être capable d’écrire de manière crédible, mais il ne faut pas dire non. Pour la musique nous avons déjà intégré des gammes indiennes dans notre album, donc elles sont déjà présentes. On préfère les conserver à un niveau mesuré cependant afin de ne pas sonner cliché. On ne veut pas devenir ridicule.
TheDecline01 : Tu parles du temps pris par le processus de composition (à ce sujet, dommage pour nous que vos albums demeurent courts), des nombreuses pistes de guitares etc… Quelle est l’importance de la production, de l’enregistrement pour vous ? Apportez-vous un soin particulier au son qui sort du studio ? Qu’amélioreriez-vous là-dessus si vous aviez les ressources temporelles et financières ?
Arne : Pour tout te dire, je préfère le travail studio aux concerts (
NdDecline : arf !). Du coup l’enregistrement est très important à mes yeux. J’aimerais prendre plus de temps pour fignoler le son pour notre prochain album. Si nous avions le temps et l’argent, je prendrais un ou deux mois pour enregistrer avec beaucoup plus de pauses et des sessions plus courtes. Passer six à huit heures par jour avec quasi aucune pause pendant deux semaines est vraiment harassant. Mais on prend toujours du plaisir.
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TheDecline01 : Tu as mentionné écouter beaucoup de musique des années soixante-dix. Quelles sont tes inspirations principales dans le metal ? Plus spécifiquement, dans le monde du black metal, quels groupes vénères-tu ?
Arne : À mes débuts, Satyricon a été une source d’inspiration. J’ai toujours apprécié la manière dont ils mixent la diversité avec des mélodies entêtantes. J’aime la façon dont Rotting Christ applique des méthodes de compositions traditionnelles au metal extrême même si j’ai été déçu que leurs derniers albums copient trop leurs prédécesseurs. Sorti de ça, je suis un fan de Behemoth. Peu de groupes t’en donnent autant pour ton argent.
TheDecline01 : Puisque la musique que tu joues ne cadre pas avec celle que tu écoutes, peux-tu nous en dire plus sur le pourquoi de ton goût du metal extrême tout en te nourrissant des glorieuses seventies ?
Arne : Si je pouvais jouer du Cannibal Corpse, Vāmācāra sonnerait bien différent. Mais j’aime jouer des accords ouverts sur du mid-tempo. Ce type de riffs vient naturellement. Je ne réfléchis pas trop. Je ne me dis pas au début d’une composition : « Je veux écrire une chanson rapide en tremolo en Si ». Ca ne marche pas chez moi. Je joue de la guitare et je vois bien ce qui en sort.
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TheDecline01 : Vu que vous suivez la voie de gauche (pour rappel, « Left Hand Path »), peux-tu nous décrire ce qu’est la voie de droite (« Right Hand Path », si si) pour toi en 2022 ?
Arne : Notre dernier album est sous-titré : «
The Enlightenment Reversed ». On peut l’interpréter de manière littérale : il y a des forces en Occident qui cherchent à nous détourner de l’âge de la raison pour nous renvoyer dans un monde basé sur des choses vagues comme leurs sentiments, leur religion et par-dessus tout, leurs peurs. Beaucoup de ces personnes ont des postes très hauts placés et prennent des décisions qui nous renvoient des décennies en arrière. Comme je vis en Pologne à l’heure actuelle, pas besoin de regarder bien loin pour observer de telles personnes. Cet album est une déclaration contre ces personnes et leurs croyances.
TheDecline01 : Il est maintenant temps de revenir vers le futur. Comment imagines-tu le prochain album et Vāmācāra en tant que groupe ? Pouvons-nous vous attendre sur les routes ou comptez-vous garder le projet strictement studio ?
Arne : Pour le moment le prochain album n’est pas vraiment dans ma tête. On se concentre sur notre album actuel et la façon de lui donner vie sur scène. On fera une tournée restreinte en Allemagne et en Pologne en septembre avec nos amis de
Diablerie :
11.09. Kiel
13.09. Hamburg
14.09. Wroclaw
15.09. Warsaw
16.09. Bielsko-Biala
TheDecline01 : Où l’inattendu emmenera-t-il Vāmācāra ? Pensez-vous demeurer un groupe de black ?
Arne : On a déjà quelques morceaux qui ne sonnent comme aucune de nos précédentes compositions, donc soyez assurés qu’il y aura des surprises ! On ne se limite pas, mais de manière générale je pense qu’il y a un thème et un son communs, donc vous aurez également suffisamment de ce que vous connaissez déjà. Et ce que vous reconnaîtrez, vous l’aimerez.
TheDecline01 : Tu mentionnes des thèmes non-musicaux, quels sont tes centres d’intérêts principaux en dehors de la musique ?
Arne : J’aime lire des bouquins au hasard sur divers sujets, tout comme des films, séries ou jeux vidéos. J’essaie aussi de voyager autant que me l’autorise mon portefeuille.
TheDecline01 : Et bien merci beaucoup. Si tu as un dernier mot, n’hésite pas à partager tes réflexions avec nous !
Arne : Si vous n’avez pas acheté notre album, n’hésitez pas à aller voir notre
Bandcamp. Et si vous traînez en Allemagne ou en Pologne en septembre, on se voit en tournée !
After releasing their first album with a bang (though not their first release ever as you'll see in the interview) Cosmic Fires: The Enlightenment Reversed, it is with joy that Les Eternels and your faithful servant took the opportunity to interview Arne from Vāmācāra, one of the two minds behind the band. We'll talk about music obviously, but about everything else surrounding musical creation as well. One fully crafted mind, mirroring their compositions!
TheDecline01 : First of all, can you explain to us what is the idea/concept behind the band’s name Vāmācāra? Why the use of Sanskrit and how is it important to the band?
Arne : Greetings, Thomas! The band’s name roughly translates to «
Left-hand path », which is one of the main topics in our lyrics. If everyone goes right, we go left. The use of Sanskrit symbolizes another central topic in our lyrics, music, as well as aesthetics: the clash of Eastern and Western cultures, philosophies and so on. We like to combine the best of both and see where this mixture takes us.
TheDecline01 : Your music is quite personal and unique, flowing freely in between black metal, stoner and psychedelic rock, what is the background of the band members and what are you listening to?
Arne : I took my first steps as a musician about eighteen years ago in a German black metal band called Nordwind, later Frozen Path, then finally Urd. That’s why playing fast music with staccato riffs and blastbeats comes quite naturally to me. But as a listener, I’m more rooted in 70’s rock. Bands like Motörhead, Led Zeppelin, AC/DC were the first bands that really made me fall in love with music. Vāmācāra’s finally the first band where I can combine these two passions.
TheDecline01 : For a first album, you created a finely crafted sound, solid compositions, it all looks as if you were a well established musical entity, how did you get to this level of mastery?
Arne : I think we need to count our first EP
Mantras for the Manifold as well, which was already released in 2017. So technically,
Cosmic Fires is not our first output. I played in Ctulu for twelve years and recorded and released quite a few albums with them, so I didn’t have to start from scratch. But in the end, what you hear on Vāmācāra’s album is mainly two guys knowing what they want: to test out the boundaries of what metal, rock and psychedelic music have to offer. Believe it or not: most of the times we don’t know ourselves if a certain track is gonna work out since we don’t have a blueprint or anything like that when it comes to songwriting. But as long as we like our creation, we proceed with it. If we don’t, we throw it out. It’s basically a long way of trial and error.
TheDecline01 : I have one complaint about the album: it is too short! Can we hope a follow-up building upon this first successful delivery and expanding further, both musically and length-wise? On a side-note, where do you want to go after Cosmic Fires?
Arne : Haha, thanks for this complement in disguise! To tell you the truth: it’s highly unlikely that we’ll break with this thirty/thirty-five minutes principle per release. The reason is quite profane: it takes a long time to record our music since we’re only two guys, but we’ve got at least four to six guitar tracks for every piece of music and we don’t quantize our drums. This makes our studio process pretty slow. And thus, expensive. Also, our songwriting is kind of slow and we throw a lot of material out that we find average. We want to create quality first, then quantity.
TheDecline01 : You are from Germany with ties to Poland, are you integrated within the local scenes, did you get inspiration from specific fellow bands?
Arne : We are from the Kiel region in Germany and Warsaw, Poland. I always try to support local bands that I like, as for example Divide from Kiel or Müut from Warsaw. I wouldn’t really say that we draw inspiration from each other but help each other out with concerts and other music-nerd stuff that musicians like to talk about for ages.
TheDecline01 : Not only do you have a Sanskrit name, you also use the Turkish language in one of your song title, is it important to you to express yourself in a language different from the commonly used English? Do you picture Vāmācāra having German lyrics?
Arne : I have a thing for languages and I like to explore as much of them as I can. I think a lot of languages are well-fit for metal and there’s no need to reduce yourself to English if you can draw from a bigger inventory. We’ve had Polish, Greek and Turkish incorporated so far and I’m curious about what the future will bring. I used to write in German for Ctulu, but I’d need to come up with a completely different style for Vāmācāra. Also, N. doesn’t seem to be very fond of German lyrics. But let’s see. Never say never.
TheDecline01: I can fully understand you about the use of non-English languages! We do need some more diversity to sound different musically. Speaking of which, would you be comfortable using Sanskrit for the lyrics? It may bring the Eastern state of mind to another level. As well, are you considering bringing in some more oriental elements (folk instruments, Eastern way of writing/playing music etc...)?
Arne: As for Sanskrit, I don’t know if I’d be able to deliver that credibly. But never say no. As for the music: we did already incorporate a few Indian scales on our recent album, so these are already there. We like to keep it low-key, though, in order not to sound like a cliché. We don’t want to make it too cheesy.
TheDecline01: You are talking about the time taken by the composition process (too bad for us your records will stay short by the way), the numerous guitar tracks etc... How important is the production, recording processes to you? Do you pay extra care to the quality of the sound that comes out of the studio? How would you improve this area if you had some extra time or financial resources?
Arne: As a matter of fact, I prefer studio work to play live. So the recording process is extremely important to me. I want to take more time for the sound check next time before we record. If we had the time and budget, I’d record for one or two months with way more breaks in between and with shorter sessions. Recording six to eight hours a day with almost no breaks for two weeks in a row is super exhausting. But still very satisfying.
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TheDecline01: You mention listening to a lot of music from the 70s, but what are your main inspirations from the metal scene? More specifically in the black metal realm, which bands do you like the most?
Arne: An early inspiration for me would be Satyricon. I’ve always liked how they mix versatility with melodies worth remembering. I like how Rotting Christ apply traditional songwriting to extreme metal. Although I’ve been quite disappointed with their recent albums since they’re copying their predecessors too much. Apart from that, I’m a bit of a Behemoth fanboy. There’s not a lot of bands that give you this value for money.
TheDecline01: Since the music you play and the one you listen to don't fully align, can you explain to us why did you dive in extreme metal while feeding on the glorious 70s?
Arne: If I could play things like Cannibal Corpse, Vāmācāra might sound different. But I just like open chords and a certain mid-tempo. Also, those riffs just come naturally. There is not a lot of conscious thinking involved. I don’t start songwriting going: «
I want to write a fast song with Staccato riffs now that’s based on B ». It doesn’t work like that for me. I just play the guitar and see what comes out.
TheDecline01: Being in the Left Hand Path, can you describe what is the « Right Hand Path » to you in 2022?
Arne: Our recent album is partly titled: «
The Enlightenment Reversed ». One way of interpreting it is the literal way: there’s been forces in the West that are straying from the age of reason and that are going back to building their world on vague things like their feelings, their religion and most of all, their fears. A lot of these people are sitting in powerful positions and are making decisions that are throwing all of us decades back. As I’m living in Poland right now, I don’t have to look far to see such people. This album is our statement against these people and their beliefs.
TheDecline01: Now it is time to switch back to the future. How do you see the next album and Vāmācāra in the near future? Can we expect to see you on the roads or are you planning on keeping things studio?
Arne: At the moment, the next album is not very present in my mind yet. We are focusing on our recent album and on bringing the music to the stage. We will play a small tour in Germany and Poland in September, together with our friends of Diablery:
11.09. Kiel
13.09. Hamburg
14.09. Wroclaw
15.09. Warsaw
16.09. Bielsko-Biala
TheDecline01: Where can we expect the unexpected to bring Vāmācāra? Do you plan on staying in the black metal realm?
Arne: We've got a few tracks that sound nothing like the rest of our material, so be assured that there's gonna be surprises. We are not limiting ourselves to anything but generally, I think there is kind of a common theme and basic sound, so you'll also get enough of what you know and what you know you'll definitely like.
TheDecline01: You do mention many non-musical themes, what are your main interests outside of music?
Arne: I like reading random books on various topics, as well as films, series, and video games. I also try to travel as much as my wallet allows me to.
TheDecline01: Well, thanks a lot, should you have a final word, please be opened sharing your thoughts!
Arne: If you haven't bought our album yet, head over to our
bandcamp. If you'll be in Germany or Poland in September: see you on tour!