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CHRONIQUE PAR ...
Eudus
le 10 juillet 2019
SETLIST
Was Ich Libe
Links 2,3,4
Tattoo
Sehnsucht
Zeig Dich
Mein Herz Brennt
Puppe
Heirate Mich
Diamant
Deutschland (Remix by Richard)
Deutschland
Radio
Mein Teil
Du Hast
Sonne
Ohne Dich
Encore 1
Engel (avec Duo Jatekok sur la B-Stage)
Ausländer
Du Riechst So Gut
Pussy
Encore 2
Rammstein
Ich Will
AFFILIÉ
Rammstein
Lille - Zénith
(10 février 2005)
Nantes - Zénith
(16 novembre 2009)
Paris - Bercy
(08 décembre 2009)
Rammstein
29 juin 2019 - Paris - La Défense Arena
Un monstre, voilà comment on peut parler de la version 2.0 de la Défense Arena et ses plus de quarante-mille places. Un lieu à la hauteur de son hôte du soir, à savoir nos Germains préférés, Rammstein. Show complètement démesuré, prestation brillante, déception ? La bande à Till nous offre en cette soirée un florilège d’émotions, qu’elles soient positives ou négatives.
En ce samedi vingt-neuf juin, la canicule s’est invitée sur Paname, avec pas moins de trente-huit degrés dans l’après-midi, sans air. Nous arrivons ainsi à peine avant l’ouverture des portes, histoire de ne pas finir en poulets rôtis. Grande surprise et malgré une file d'attente qui semblait déjà conséquente, nous nous retrouvons dans le premier quart de la fosse et donc relativement proches de la scène, ce qui est rassurant puisque nous avons appris la veille l’absence d’écran géant (enfin ils sont physiquement présents mais pas allumés) ce qui est étonnant pour une prestation de cette ampleur. Je vous passerai mon étonnement quant au fait que les consommations soient moins chères qu’à Bercy - nous attendons dans une bonne humeur que la salle se remplisse et que le duo Jatekok prenne place sur la B-Stage. Effectivement, la première partie du soir ne joue pas sur la scène principale mais sur une annexe en milieu de salle. Sans remettre en cause le talent des deux pianistes nîmoises (elles reprennent l’album
Klavier
de Rammstein comprenant des instrumentales au piano) la salle passe complètement à côté, très peu de personnes reprennent en cœur les paroles, et le manque d’énergie des compos ne permet pas d’enflammer l’audience.
Il faut attendre vingt-et-une heure avant d’entendre raisonner les premières notes de "Music for the Royal Fireworks "(de Georg Friedrich Haendel) et de voir arriver les allemands sur scène qui entament "Was Ich Liebe"
de leur dernier album éponyme
. Plusieurs semaines après la révélation de la setlist, ce choix de titre d’ouverture reste incompréhensible et bien que la composition ne soit pas dénuée de qualité, il faudra attendre l’immense "Links 2,3,4" pour que la salle commence à remuer et que mon énervement pointe le bout de son nez. Entre les verres de bières remplis finissant dans nos têtes, les pogos lancés après seulement cinq minutes, les odeurs de substances illicites embaumant la fosse, je ne profite pas du morceau et finis par me décaler sur un côté avec, pour finir, une excellente vision latérale qui me permettra de profiter de "Tattoo". Le début du set alterne entre titres issus du septième album et anciennes compos et ça marche plutôt bien. D’un côté, "Links 2,3,4", "Sehnsucht" et "Mein Herz Brennt" mettent le feu sans scénographie particulière mais avec une bonne dose d’énergie et de l’autre, certaines nouvelles œuvres se révèlent aussi bonnes sur scène que sur album comme "Tattoo" donc, et surtout "Zeig Dich" et ses envolées de chœurs, un futur classique en live à n’en pas douter. Puis arrive le petit chef d’œuvre qu’est "Puppe", ses paroles déchirantes et son air grave. Première mise en scène spéciale du soir avec un berceau géant, une caméra interne et une poupée qui devient folle, le tout transposé sur le mini écran tout en hauteur installé au centre de la scène (mais qui ne permet pas une retranscription des scènes comme pour des écrans classiques). Le rendu scénique est fidèle au titre: poignant, déchirant, morbide. Rammstein frappe fort et, excepté la piste d’ouverture, l'enchaînement allant de "Links 2,3,4" jusqu’à la surprise du soir (la seule), la tout feu tout flamme "Heirate Mich", est parfait et nous promet deux heures de pure folie.
Sauf que Rammstein va tomber dans des travers qui vont rendre certains aspects du show plutôt amers. Premièrement, et c’était déjà une déception sur l’album, la ballade "Diamant", assez mièvre et sans réel impact émotionnel fait complètement retomber le soufflet, phénomène bien amplifié par la prise de hauteur de Richard qui, du haut de l'ascenseur présent sur scène, surplombe la salle et joue son propre remix du single "Deutschland" avec les autres membres de Rammsein en train de réaliser une chorégraphie évitable. Le concept aurait pu s’avérer payant, mais le choix d’embrayer directement sur la version classique de cette même "Deuschland" est incompréhensible, le morceau aurait clairement dû ouvrir le set de ce soir. Et ce n’est pas la décevante "Radio" qui nous fait sortir de notre léthargie, la proposition ne passant pas la seconde en version live. Ajouté à cela un "Mein Teil" avec, encore et toujours, la même scénographie (à savoir deux-tiers de comédie connue de tous depuis des années et un tiers de prestation vocale peu convaincante), puis l’enchaînement avec "Du Hast" (c’est "Du Hast", je sais, c’est sacré), ma joie de la première moitié du récital est complètement effacée par tout cet enchaînement que l’on peut qualifier de presque raté. Heureusement que "Sonne" vient remettre du baume au cœur à tout cela, tant le titre, années après années, ne prend pas une ride, n’a pas une mise en scène pompant l’énergie des membres et est «
juste
» accompagnée d’un panel de pyrotechnie magnifique. Je me passerai de tout commentaire sur "Ohne Dich" clôturant (avant rappel) la prestation de ce soir, tant là aussi le choix laisse sceptique (oui mais vous voyez, à l’entrée le staff diffusait des briquets "Ohne Dich" c’est trop cool, sauf que vu que tous les moins de vingt ans ont passé leur concert à filmer avec leur téléphone, on n'en pas beaucoup vu des briquets allumés).
Le duo Jatekok est de retour sur la B-Stage pour interpréter une seconde fois (si si) "Engel", avec ce coup-ci les membres du combo faisant les chœurs (les paroles défilant sur le bandeau central) ce qui débouche sur le traditionnel passage au bateau gonflable, puis le rappel embraye sur le tube du denier LP des Allemands, "Ausländer". Le rendu live s’avère en deçà de mes espérances, des titres comme "Tattoo" ou "Zeig Dich" ayant à mon sens une meilleure restitution, mais il suffit peut être de retravailler les arrangements car le potentiel hystérique est bien présent. Le reste de la soirée s’annonce efficace - mais sans le petit truc en plus - avec les indémodables "Du Riechst So Gut", "Pussy", "Ich Will" et un un peu plus surprenant "Rammstein". L’absence d’un titre de
Rosenrot
et la seule présence de "Pussy" pour représenter
Liebe Ist Für Alle Da
contribue à mon approche chagrine de ce show. Au final, c'est bien cette notion de «
show
» qu'il faudra retenir, et non de «
concert
». Rammstein met de plus en plus de moyens dans la scénographie et dans la pyrotechnie, et c’est clairement une réussite. On peut même parler d'un coup de maître car la plupart des spectateurs sortent de la Défense Arena le visage rayonnant. Pourtant, il ne faudra pas faire l’impasse sur tous les défauts présents ce soir, que ce soit la setlist bancale, un son beaucoup trop fort et saturé (mais tout ayant été pensé pour un concert en stade, le fait que la Défense Arena soit une salle peut excuser quelque peu cela), la technique un peu décevante par moments (Till, pas au meilleur de sa forme par exemple, ou encore l'absence d'éclat d'un des musiciens et enfin, le fait d’assister non pas à un concert de notre cher communauté metal mais à un «
phénomène
», ce qui entraîne des dérives que je n’ai pas l’habitude de croiser en concert (bagarres, tensions, irrespect, etc).
La soirée fut néanmoins relativement belle grâce à l’enchaînement des titres allant de "Links 2,3,4" à "Heirate Mich", et donc à ce décor et cette pyrotechnie incroyable. Je serais curieux de voir l’évolution de tout cela sur la seconde partie de leur tour des stades en 2020.
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