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CHRONIQUE PAR ...
Beren
le 20 janvier 2008
SETLIST
Reise Reise
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Keine Lust
Feuer Frei!
Rein Raus
Morgenstern
Mein Teil
Stein Um Stein
Los
Moskau
Du Riechst So Gut
Du Hast
Sehnsucht
Amerika
Rappels:
Rammstein
Sonne
Ich will
Ohne Dich
Mein Herz Brennt
AFFILIÉ
Rammstein
Nantes - Zénith
(16 novembre 2009)
Paris - Bercy
(08 décembre 2009)
Paris - La Défense Arena
(29 juin 2019)
Rammstein
10 février 2005 - Lille - Zénith
Dire que j'attendais ce concert avec impatience relève du doux euphémisme. Il faut dire que les six zigotos de Rammstein se font rares dans la région! D'ailleurs tellement rares qu'une seconde date a été proposée en ce dix février au Zénith de Lille, puisque les demandes ont été plus que nombreuses. Arrivé à 18H, sous une pluie battante (alors que le jour précédent, il faisait grand soleil), il ne nous a fallu qu'une grosse demi-heure pour nous installer confortablement au premier rang des gradins... Ce sera une bonne chose, comme je l'expliquerai par la suite! Le Zénith de Lille est quasiment complet. Un rapide coup d'oeil autour de moi pour remarquer quelque chose d'hallucinant: le public! Plus hétérogène, tu meurs: du gosse de huit ans situé trois sièges à côté qui headbangue bientôt plus que certains fanatiques du groupe allemand, en passant par les parents et la petite famille, des ados rebelles et adultes testostéronés, Rammstein attire une foule incroyablement variée. Je n'en attendais pas tant, surtout pour un groupe de metal et germanophone, qui plus est!
20H10: Apocalyptica, chargé de la première partie à Lille et Paris (Aqme se chargeant de celle du concert d'Amnéville), entre en scène sous un véritable tonnerre d'applaudissements. Le groupe de metalleux-violoncellistes finlandais vient de sortir un assez bon cinquième album et se chargent de chauffer une salle comble et une fosse chauffée à blanc. Et là, vous auriez vu ma tête: Apocalyptica, sous ses airs de rien, joue parfois une musique plus violente que Rammstein. Entre deux reprises de Metallica, "Enter Sandman" et un "Master of Puppets" qui ont mis tout le monde d'accord, le groupe a aussi décliné quelques titres de son propre répertoire, dont le dernier single en date, "Bittersweet". Les Finlandais sont capables de beaucoup de choses avec leurs simples violoncelles, qui, au niveau du rendu sonore, s'approchent parfois de la saturation d'une bonne vieille gratte. Le plus impressionnant demeure sans doute leur attitude sur scène: haranguant le public, rotations de la tête à l'appui, ces gars-là ont un grain de folie bien placé et ont à mon avis, gagné quelques fans ce soir!
Après un petit break d'une bonne demi-heure, le temps d'aller se rafraîchir (les oreilles sifflent déjà pas mal), tout le monde s'impatiente, la pression monte tout doucement... Il est 21H20: quelques énergumènes vêtus comme sur les photos promos du dernier album (à la Michael Douglas dans "Chute Libre", quoi) nous braquent avec leurs lampes torches pendant que le sample de "Reise, Reise" passe en fond... Ambiance, ambiance! Et ensuite, paf!, le rideau derrière lequel le groupe s'était planqué tombe et voilà que les premières notes de "Reise, Reise" résonnent. Premier constat, le son quelque peu bruitiste de la première partie avec Apocalyptica ne s'est malheureusement pas amélioré. La voix de Till Lindemann a bien du mal à percer (un comble!) à travers le mur de son érigé par les guitares et la batterie...ce problème, quelque peu ennuyeux, mais habituel au Zénith, se diluera un peu plus tard, le temps de quelques menus réglages, mais l'ensemble demeurera bien trop fort pour être vraiment agréable.
Second constat: la scène est superbe: montée sur deux étages, d'où les musiciens peuvent aller et venir à leur guise, elle paraît propice à une mise en scène léchée et agrémentée des effets pyrotechniques propres au groupe allemand. Pas de manque, ils furent tous de la partie: autant dire que les spectateurs de la fosse ont dû avoir plus d'une fois chaud aux fesses... Les masques buccaux de "Feuer Frei!", l'arc en flammes de "Du Riechst So Gut", les lance-flammes de "Rammstein", des explosions en tous genres: le spectacle est jouissif, tellement il est en harmonie avec la musique. Ces quelques tubes tirés des anciens albums, décoiffants en concert, représentent le point d'orgue de ce concert ahurissant.
Côté setlist, pas vraiment de surprise donc, puisqu'une majorité de titres du dernier album,
Reise Reise
, sont joués: "Keine Lust" et son break de folie, "Morgenstern" dans une version supérieure à l'originale, qui explose tout sur son passage, "Los", transcendée en concert, qui voit un Flake, déçu de l'absence de claviers sur ce morceau, casser son instrument; "Moskau" où Till s'essaie au russe en l'absence des voix féminines présentes sur l'album et "Stein Um Stein" (morceau faussement calme), qui m'a par contre achevé ce qui me restait de tympans, faute à une bouillie sonore, sur ce morceau, particulièrement indigeste. Mais autant dire que les nouveaux morceaux passent plutôt leur examen live! Le summum étant atteint sur "Mein Teil", le morceau le plus bourrin du concert où Till, vêtu en costume de boucher, sort avec un chaudron sur la scène, Flake, le claviériste, étant la pauvre victime... La scène, réellement hallucinante, se finira par un jet de lance-flammes sur le chaudron et par un Flake se faisant poursuivre par des fusées! Ebouriffant et décapant.
"Amerika", devenue un véritable hymne, clôturera le set principal en apothéose, le public, véritablement déchaîné, scandant le refrain du morceau à tue-tête. Le traditionnel jet de cotillons sur le public achevant celui-ci, entièrement acquis à la cause d'un groupe taillé et né pour la scène. Till Lindemann, faisant parfois preuve d'une baisse de forme durant le set (on apprendra plus tard qu'il était atteint d'une angine ce soir-là), est pourtant à la démesure de sa réputation. Il hypnotise le public, vivant ses morceaux intensément, théâtralisant le moindre de ses gestes (le fameux jeté de bras sur la cuisse sur les gros riffs, un summum). Il est décidément le point fort de cette formation allemande et ne démentira pas sa réputation de showman pourtant timide (il ne s'adresse jamais au public directement, sauf par un timide "Merci beaucoup, Danke schön" à la fin de ce concert, sans toutefois lui manquer de respect un seul instant; le paradoxe est saisissant) lors de ce magistral concert.
Quant aux rappels, le public lillois, particulièrement déchaîné ce soir-là, aura le privilège de se prendre un enchaînement "Rammstein"/"Sonne"/"Ich Will" en pleine face, blastant tout sur son passage, puis en second rappel, la jolie ballade "Ohne Dich" (que j'apprécie toutefois moins sur disque) et un "Mein Herz Brennt" d'anthologie, en compagnie des membres d'Apocalyptica, nous laissant tous sur les rotules. Autant dire que des concerts de cette trempe, il y en a peu. On regrettera le son bien trop fort pour apprécier pleinement les compositions imparables du groupe allemand, qui nous aura ce soir régalé avec un set digne d'un best-of et un spectacle réglé comme du papier à musique. Mais comment pourrait-il en être autrement...
C'est avec les oreilles un peu perturbées, des courbatures monstrueuses (il faut dire que la musique des Allemands se prête bien au headbanging) mais des yeux ronds pleins d'images de folie, que nous repartons de ce concert stupéfiant, qui marquera l'année 2005 de son empreinte. Rammstein devient gros, très gros, mais pour de bonnes raisons cette fois. Qu'ils continuent dans cette voie... On ne les en remerciera jamais assez.
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