04 février 2013
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Paris - Bataclan
Il existe des groupes que l’on adore et dont la discographie fait pratiquement partie du quotidien et que, paradoxalement, on n’a jamais vu en concert. Soit parce que les musiciens sont décédés (put*** de système métrique), soit parce que l’occasion ne s’est jamais présentée. Et, en général, quand l’occasion se présente finalement, on est toujours un peu déçu tant on a attendu. Mais que nenni : en ce qui me concerne les pendules sont remises à l’heure pour Cannibal Corpse le 04 février 2013 au Bataclan à Paris.
Je ne parlerai pas des groupes passant auparavant : Hour of Penance, The Black Dahlia Murder et DevilDriver parce qu'étant uniquement voir les grignoteurs de bidoche ! J’ai pu profiter toutefois des prestations scéniques plutôt pas mal avec des qualités certaines pour les trois combos. Qu’ils sont loin mes 16 ans où je découvrais sur la compilation Master Of Brutality le groupe ultime de brutal Death ! Imaginez la claque pour l’époque de tomber sur un morceau comme "Butchered At Birth" et l’uppercut auditif qu’est cet album ! Certes George « CorpseGrinder » Fisher a remplacé Chris Barnes il y a bien longtemps avec toutes les histoires de comptoirs que cela a pu engendrer et que je ne verrais peut être pas non plus en live Jack Owen (quoiqu’en allant voir Deicide…) mais Cannibal Corpse faisait parti des groupes fétiches que je n’avais jamais vu en concert. Autant dire qu’après presque 25 ans d’attente l’impatience était réelle ! Les oracles ont parlé et mon organisme allait vivre le temps d’un concert sa jeunesse perdue et déglinguée. Hormis le « court » concert (à peine 1h30) et quelques morceaux attendus en vain… on en a pris plein la tronche ! Le mobile des mangeurs de décibels était double : mettre en avant leur douzième album, Torture, et fêter ce quarteron de siècle d’existence.
Pas de fioriture pour l’occasion , un seul backdrop au nom du groupe et quelques lumières en guise de scène. Pour ma part ce type de groupe n’a pas besoin de tous les « chi-chi-prout-prout » scéniques qu’on pourrait retrouver pour d’autres groupes. « Brutal is beautiful » et on comprend vite qu’on va s’en prendre plein la tronche uniquement avec les chansons : Et tant mieux, on est venu pour ça. Surpris par le début du concert, la fosse m’a semblé un peu cool sur ce coup : on a déjà vu plus tonique sur des musiques moins toniques. Mais tout le monde a semblé s’amuser : des circles pits continus aux bravehearts improvisés en passant par quelques pogo-gangnam style imposé à certains par votre serviteur, il ne restait plus qu’à slammer violemment sur les premiers rangs ! Il faut vraiment vivre ça pour comprendre. Je ne sais pas si je pourrais encore faire ce genre de truc à l'avenir mais au moins pas de remords ni de regrets avec ce groupe ! Sachant que j’avais anticipé et passé les premières parties - depuis quelques concerts maintenant - à l’écart dans les gradins j’ai pu apprécier et me défouler dans la fosse comme si je retrouvais mes 16/17 ans (si ce n'est les courbatures du lendemain , marques de mes 50 ans en me levant pour aller bosser !).
Coté animation c’était comme la mise en scène et on se contentera de quelques interventions gutturales plus ou moins improvisées de notre Georges des Cavernes et déjà entendues dans d’autres lives . Paris sera ravi d’entendre un gros Rototo bien masculin entre deux chansons rappelant que le growler peut lui aussi avoir des remontées gastriques (opportun / inopportun ça jure un peu avec le minimaliste du décor de nos héros – la vanne datait elle aussi du début des années 90). La setlist fût en tout cas très digeste, et pour le coup, rappelait suffisamment de veilles chansons pour me faire sourire jusqu’au dodo : "I Cum Blood" ; "Hammer Smashed Face" ou "Stripped, Raped and Strangled" notamment. J’avais bien écouté le petit dernier et les chansons se sont dégustées en carpaccio bien frais et avec plaisir : "Demented Aggression" ; "Sarcophagic Frenzy" ou "Scourge of Iron" furent par exemple de la partie.
En bref : une belle soirée de death metal. Inutile de conclure sur un laïus du type « Cannibal a rappelé à tout le monde bla bla bla... ». Pas de rappel : que ce soit le fan fougueux du début des années 1990 ou l’homme entre deux âges de 2013 : la joie musicale, l’enthousiasme et la sérénité sont au dessert à la sortie du concert. Comme quoi on ne rattrape pas le passé et même après 25 ans, l’amour de la musique, aussi extrême soit elle, fut célébrée à sa juste valeur. « Fuuuck Yeaaah » en guise d’Amen !