CHRONIQUE PAR ...

98
Tabris
le 06 octobre 2013




SETLIST

The Laughing Stalk
Long Horn
As Wool
Maize
Whistling Girl
King O King
In The Temple
Coup Stick
Closer
The Good Shepherd

...

AFFILIÉ

Wovenhand
Strasbourg - La Laiterie
(02 juin 2014)

04 août 2013 - Leuven


Wovenhand_Leuven_20130804

Les charmes de l’été ce fut aussi ça : savoir se perdre un soir dans un confidentiel M-Idzomer festival de Leuven pour assister à un concert aux allures presque intimistes. Les fesses simplement posées dans l’herbe largement piétinée du Museum-M ou sur les pittoresques sièges en carton recyclable, on attend, on guette avec fébrilité le moindre petit mouvement, comme des gosses impatients. Derniers test son et lumière ... les minutes s’égrainent lentement !!! On regarde autour de soi pour chasser le temps : des étudiants décoiffés, des demoiselles bien charpentées aux robes à fleurs, des costards cravates et des coco Chanel, des jolies petites bohèmes et des échevelés aux jeans troués, des mômes même avec des casques de chantier sur les oreilles, des maniaques du télé-objectifs, des gothiques en dentelles et quelques t-shirts noirs aux opinions clairement affichées.... Bref, du jeune, du grabataire, du posé et du métaleux, sans oublier votre chroniqueuse (qui ne choque sur ces terres flamandes que par son accent horriblement français !).

On trouve donc de tout, mais on sent déjà qu’ici, on ne vient que parce qu’on « aime » et non parce qu’il faut être là ! La musique que nous venons tous écouter a ceci de particulier : elle est capable de réunir dans un même lieu ceux qui cherchent à exprimer une ferveur toute mystique et ceux qui se plairont à se laisser pénétrer par le ton angoissant et perturbant qui sied d’ordinaire à des groupes comme Tool. Pourquoi ? Parce que la seule passion qu’elle exprime transcende les divisions de genre : rockers classiques, dévots et sacrilèges s’y reconnaissent ! Un bâton de chaman se laisse entre-apercevoir et est déposé à l’arrière de la batterie. Trois hommes s’avancent : l’un s’installe derrière les caisses, le second se saisit d’une basse et le dernier, d’une guitare. Tout le monde se lève alors dans un unique mouvement et se colle au plus près de la scène. Coiffé d’un chapeau à plumes, chaussé de santiags, un tatouage indien et le nom de Yahvé se laissant entrevoir sur son bras gauche et cette voix qui s’élève, puissante et pénétrante ... Le « prêcheur », David Eugène Edwards se tient devant nous, debout ! Wovenhand est sur scène !
"The Laughing Stalk" introduit le tableau en puissance. Des accords mineurs, une voix fascinante, une rythmique et un jeu de guitare qui vous tenaillent d’emblée les tripes. Ces éléments nous sont familiers et pourtant, ceux qui recherchent encore dans Wovenhand les réminiscences de 16 Horsepower se doivent de faire leur deuil ! Ce son n’est plus là, Wovenhand ne lui est plus lié ! Nous sommes au-delà. Le Denver Sound a pris un nouveau visage. Mais l’émotion portée par David Eugène Edwards, elle, est à son comble. Et sa musique est toujours aussi riche, puissante, pénétrante, brûlante même. "Long Horn", puis "As Wool". Les trois hommes affichent une présence extraordinaire : Ordy Garison nous assène ses frappes comme autant de coups de marteaux dans nos esprits. Le nouveau venu, Chuck French, à la basse pour l’occasion, est effrayant d’énergie, tendu à l’extrême, ruisselant de sueur. Quant à David Eugène Edwards, il impose son aura avec force. Lui qui se tenait toujours assis lors de ses concerts, est aujourd’hui débout et se meut sur scène de façon extatique, esquissant des pas de danse, jetant des regards hallucinés vers nous, tout possédé qu’il est par (pour reprendre ses propres termes) « son esprit sain ».
C’est alors un souffle : "Thoughts" et la montée en puissance de "Maize". On ne peut que se sentir frissonner à l’écoute de ce morceau, évoquant le mythe de Samson. A l’image du personnage, il est oppressant, puissant, et contient une sorte de rage insidieuse. David Eugène Edwards, semble chercher à pénétrer chaque fibre nerveuse de nos êtres. Placé sur l’extrême bord de la scène, il embrasse l’assemblée de ses regards et de ses gestes chamaniques, comme pour nous envelopper dans sa propre passion, dans sa propre fièvre. Entre chaque morceau, il parle, il « prêche », sur un fond d’atmosphère tribale : « Dans mes rêves, j’entends une Voix qui me parle .... Trouve moi... Endormis, levez vous et fermez vos yeux ... ». D’aucun se montrerai très sourcilleux concernant ce spectre de ferveur religieuse, accusant le bonhomme de prosélytisme. Mais une fois encore, David Eugène Edwards n’est pas prosélyte. Il ne prêche que pour lui même : « Le mal est partout. Mais pour le trouver, je n’ai pas besoin d’aller chercher plus loin que dans mon esprit. Je suis bien assez occupé avec le mal en moi pour m’occuper de celui des autres » a-t-il dit un jour. Et si ses paroles sont lourdes de références aux textes bibliques, ce n’est que l’émotion qu’il en retire pour lui même qu’il cherche à refléter par sa musique en cet instant. Et si cet état d’esprit évolue au fil du temps, alors Wovenhand qui en est le fruit, évolue à son image.
Cependant que nos regards se tournent vers l’autre côté de la scène, le bassiste, discrètement,  s’écarte pour changer une corde. Mais rien n’a laissé voir cet incident, aucune fausse note,aucun émoi. David Eugène Edwards, lui, vient de poser sa guitare et s’est emparé de sa précieuse mandoline. Tous alors nous frémissons, l’émotion qui nous gagne est palpable. A croire que tous, nous étions tendu vers cet instant. Quelques notes à peine et ce sont des larmes qu’on vous arrache : "Whistling Girl". S’il ne fallait venir que pour un seul morceau, ce serait probablement celui-ci, tant il est déchirant. Tout s’efface alors, le temps s’arrête, il n’y a plus ni scène, ni barrières, ni foule. Il n’y a plus que « cette »musique et « cette » voix habitée. On oublie tout. On se libère de  tout, pour se laisser porter loin, très loin... « Hooka !». Le cri lancé nous sort alors de notre transe. La claque de "King O King". Voici un exemple frappant de l’évolution de Wovenhand : un morceau qui sonne bien plus heavy que folk, même si ses riffs ont toujours encore le parfum de mire ! Le groupe nous sert alors des tonalités rock, denses, mais teintées psychédéliques.
Le jeu des trois artistes, concentrés à l’extrême est violent, intense, mais aussi soudain plus lumineux que ce que l’on a pu connaitre auparavant. Ainsi un "In the Temple", d’emblée par son ton enjoué nous donne l’illusion d’un douce éclaircie. Mais c’est pour mieux nous tourmenter encore les sens, car la pesanteur, reprend finalement le pas vers la fin du morceau avec cette voix soudain presque grondante et ce jeu de basse très lourde en fond. C’est simplement sublime. S’en suit un "Coup Stick", puis un "Closer" et un nouveau titre : "The Good Shepherd" (mettant une jeune femme à côté de moi dans un état de complète et fervente hystérie !) ... Chaque morceau qui s’interprète devant nous semble couler de source, avec fluidité. La basse et la batterie s’accordent merveilleusement pour nous livrer toute la puissance et le mystère de Wovenhand. La guitare se veut inquiétante ou débridée, se jouant de nos émotions. La voix, tantôt éraillée par le micro vintage, tantôt claire et puissante, parfois menaçante et parfois amusée, mais toujours passionnée, ne peux laisser indifférent. Lorsque les applaudissements s’élèvent à la fin du dernier rappel, que les musiciens quittent définitivement la scène, c’est avec peine et dans un espèce d’état de transe que doucement, on quitte les lieux, la foule et que l’on retombe douloureusement dans le silence nocturne...


Wovenhand a certes pris un virage que d’aucun qualifierai de plus « heavy », optant pour une attitude plus « rock », au grand dam des nostalgiques de 16 Horsepower. Mais l’univers magnétique de Wovenhand est à l’image de son créateur, nourri d’influences et de fait évolutif. C’est ce qui en fait toute la richesse : il n’est jamais figée et reste insaisissable, hors normes. Et comme nous sommes bien incapables d’estimer la nature des futures compositions de David Eugène Edwards, il est tout aussi difficile de prévoir l’émotion qui se dégagera d’un de ses concerts, rien n’étant là non plus pré-programmé. D’autre part, il faut savoir aussi que David Eugène Edwards s’attache à chacun de ses musiciens et les affectionne pour leur individualité, non pour leur qualité d’artistes. Sa musique s’en ressent, car on ne joue jamais aussi bien avec de bons musiciens qu’avec de bons amis. A les écouter ainsi, nous ne pouvons qu’être émerveillés de nous laisser emporter dans cet univers surréaliste, à la fois torturé et rassurant, de nous confondre avec tant de simplicité dans cette « communion d’esprit ».



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